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À La Une - Repère

Entre contestation interne et enjeux mondiaux, les défis du prochain pape

De lourds défis attendent le successeur de Benoît XVI: entre contestation interne et persécution des chrétiens dans le monde, enjeux éthiques et abus de toutes sortes qui affligent une Eglise d'1,2 milliard de fidèles.

Les cardinaux, lors de la dernière audience du pape, le 27 février 2013, place Saint Pierre. De nombreux défis attendent celui qui prendra la succession de Benoît XVI. REUTERS/Alessandro Bianchi

CONTESTATION ET REFORMES : l'Eglise connaît, surtout dans les pays occidentaux, une vague de contestation interne sans précédent. Autriche, Allemagne, Irlande, France, Etats-Unis, etc...

Souvent organisés en mouvements de base, des prêtres, religieux, religieuses, demandent des réformes : plus de démocratie interne dans l'Eglise, élection des responsables, réforme de la papauté, mariage des prêtres, ordination des femmes notamment. Des théologiens hommes et femmes adoptent des positions très radicales en matière de moeurs. On parle d'un processus de "protestantisation" et de "schismes silencieux".

Quelques réformes réalistes seront demandées avec insistance, y compris par des évêques, à un nouveau pape, notamment l'autorisation donnée aux divorcés remariés de communier et une ouverture quant à la possibilité de mariage des prêtres.

La baisse des vocations sacerdotales entraîne aussi des revendications pour que les paroisses soient réorganisées, et que les laïcs, hommes et femmes, soient associés aux responsabilités.

 

TRADITIONALISTES : Benoît XVI n'a pas réussi à obtenir la réintégration des intégristes "lefebvristes" qui n'acceptent pas l'ouverture du Concile Vatican II. La négociation, malgré tous les efforts du pape, est au point mort.

 

ACCULTURATION : l'enracinement dans les cultures locales, avec l'adaptation des liturgies aux réalités locales, pose souvent problème, de l'Inde à l'Afrique en passant par l'Amérique Latine. Du coup, des milliers de catholiques passent au pentecôtisme ou se convertissent à l'islam.

 

ABUS SEXUELS, PEDOPHILIE : la tolérance zéro et la recommandation à tous les évêques de collaborer avec les justices civiles ne sont pas toujours effectives. Les trois-quarts des conférences épiscopales ont élaboré des dispositifs de lutte. D'autres tardent, faute de moyens, et semble-t-il de conviction. En Afrique ou en Asie, la prise de conscience n'est pas la même en raison de tabous culturels. Dans certains pays, les justices civiles sont déficientes. Les abus continuent d'être dénoncés en Occident, portant surtout sur la période 1965/85. Ainsi l'archevêché de Los Angeles est au centre d'un vaste scandale ancien de protection de prêtres pédophiles.

 

FINANCES DU VATICAN ET CORRUPTION : le Vatican sous Benoît XVI a fait des progrès en matière de transparence et de lutte contre le blanchiment, comme l'ont attesté des experts. Mais il reste encore beaucoup à faire. Des congrégations et des diocèses sont touchés par la corruption, surtout en Afrique. Par ailleurs, l'Etat du Vatican est dans le rouge, en raison notamment de dons en baisse. Une baisse liée à la crise financière.

 

REFORME DE LA CURIE : c'est sans doute un dossier sur lequel Joseph Ratzinger, plus théologien qu'administrateur, a échoué. La Curie, organisme très centralisé et secret, se modernise lentement. Sa communication est encore opaque, la mentalité est souvent celle d'une forteresse assiégée, des rivalités internes existent. La Curie, qui n'a pas les moyens financiers et en personnel que peuvent faire croire les ors des palais pontificaux, cristallise souvent les mécontentements des diocèses. Et aussi internes, comme l'a révélé le scandale des fuites "Vatileaks" en 2012.

 

PERSECUTION DES CHRETIENS ET MENACES ISLAMISTES : de récents rapports ont mis en lumière que les chrétiens sont aujourd'hui les croyants les plus persécutés au monde. Des gouvernements limitent leurs droits dans les domaines de l'éducation ou de la vie publique, mais ce sont surtout les menaces islamistes qui inquiètent le Vatican, du Pakistan à l'Afrique sahélienne.

En jeu aussi le dialogue avec l'islam, souvent difficile bien qu'encouragé par Rome, alors que celui avec le judaïsme s'est beaucoup amélioré.

 

MOYEN-ORIENT: le prochain pape devra faire face à l'érosion constante de la présence chrétienne au Moyen-Orient où est née la religion de Jésus. Les chrétiens fuient les nombreuses menaces. Le Vatican cherche à protéger ces minorités qu'il a particulièrement à coeur. (Voir notre dossier sur la visite du pape au Liban)

 

MOEURS : mariage gay, bioéthique, avortement, euthanasie, le prochain pape devrait faire face aux mêmes évolutions qui ont beaucoup préoccupé Jean Paul II et Benoît XVI. Ces deux papes ont vu dans la famille "des valeurs non négociables". Il est vraisemblable que le prochain adoptera les mêmes positions de fond. Une des inconnues sera de savoir s'il sera plus conciliant vis-à-vis des catégories nombreuses de catholiques jeunes qui ne sont pas en règle avec les dogmes de l'Eglise.

 

COMMUNICATION ET CULTURE : le prochain pape devrait continuer le dialogue engagé avec les non-croyants dans le cadre du "parvis des gentils" mais il devra aussi examiner la place de l'Eglise dans les nouveaux moyens de communication et les réseaux sociaux.

 

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