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À La Une - Syrie

L'opposition rejette en bloc la "solution politique" d'Assad

Le discours du président syrien provoque des réactions outrées.

Le président syrien Bachar el-Assad après son discours à Damas, le 6 janvier 2012. AFP/SANA

Le président syrien Bachar el-Assad a proposé dimanche un plan "politique" impliquant son maintien au pouvoir lors d'un rare discours prononcé depuis la Maison de la culture et des arts dans le centre de Damas.

 

Dans sa première allocution en sept mois, M. Assad s'est montré inflexible, assurant encore une fois que le conflit qui a fait, selon l'ONU, plus de 60.000 morts, n'opposait pas le pouvoir et l'opposition mais "la patrie et ses ennemis" qui souhaitent sa partition.

 

Devant un parterre de partisans scandant "Par notre âme et par notre sang, nous nous sacrifierons pour toi", M. Assad a appelé au dialogue.

Affirmant ne pas avoir trouvé jusqu'à présent de "partenaire" pour cela et refusant de négocier avec "des gangs qui prennent leurs ordres de l'étranger", il a proposé un plan en trois étapes.

Mais avant tout dialogue, les pays finançant les "terroristes" devront "s'engager à arrêter" et "les hommes armés" devront mettre fin à leurs "opérations terroristes", a-t-il précisé, dénonçant "un état de guerre dans tous les sens du terme".

Ce n'est qu'une fois ces engagements pris, que l'armée cessera immédiatement ses opérations, "tout en conservant le droit de répliquer", a-t-il ajouté.

Dans ces conditions seulement s'ouvrira "une conférence de dialogue national", a-t-il poursuivi. Cette conférence devra rédiger une "Charte nationale" qui sera soumise à référendum, tandis qu'un nouveau Parlement et un nouveau gouvernement émergeront des urnes.

Toute transition doit "se faire selon les termes de la Constitution", a-t-il insisté, en faisant référence à des élections.


 

Lorsque M. Assad a salué le public avant de partir, des dizaines de partisans se sont précipités pour tenter de le toucher. Photo AFP

 

L'opposition rejette la proposition d'Assad

L'opposition a aussitôt rejeté ce plan, dont aucune échéance n'est précisée, accusant le chef d'Etat de vouloir choisir ses interlocuteurs et de chercher à se maintenir au pouvoir.

Le porte-parole de la Coalition de l'opposition, Walid al-Bounni, a affirmé, joint par téléphone par l'AFP à Beyrouth, que l'opposition souhaitait "une solution politique, mais l'objectif pour les Syriens est de sortir (M. Assad) et ils ont déjà perdu pour cela plus de 60.000 martyrs (...) ils n'ont pas fait tous ces sacrifices pour permettre le maintien du régime tyrannique".

 

Sur Twitter le chef de la diplomatie britannique, William Hague, a estimé que le président "est responsable des morts, de la violence et de l'oppression qui engloutissent la Syrie et ses vaines promesses de réformes ne trompent personne". Plus tôt, le Premier ministre britannique David Cameron avait appelé M. Assad à quitter ses fonctions: "+Partez+: voilà mon message à Assad".

Berlin a regretté que son discours n'exprime "aucune nouvelle prise de conscience", dénonçant un "ton martial" et attendant de M. Assad qu'il "s'engage enfin à faire cesser les violences de ses troupes" avant d'évoquer de "vagues dispositions à un cessez-le-feu".

Pour Washington, le discours de M. Assad "est une nouvelle tentative du régime pour s'accrocher au pouvoir (...). Son initiative est déconnectée de la réalité", selon la porte-parole de la diplomatie, Victoria Nuland.

L'Union européenne l'a exhorté à se retirer pour permettre "une transition politique".


Le 29 décembre, la Russie, seule grande puissance aux relations étroites avec le régime syrien, a indiqué que M. Assad entendait rester au pouvoir "jusqu'au bout" et qu'il était impossible de l'en dissuader.

 

 

(Lire aussi : Moscou se prépare à l'ère post-Assad)


Dans sa dernière interview accordée à une télévision russe et diffusée début novembre, M. Assad avait d'ailleurs rejeté toute idée d'exil en affirmant qu'il "vivrait et mourrait en Syrie" et que "les urnes diront très simplement à tout président de rester ou de partir".


Lors de sa visite fin décembre à Damas, l'émissaire international Lakhdar Brahimi a évoqué un plan "basé sur la déclaration de Genève", prévoyant un cessez-le-feu, la formation d'un gouvernement aux pleins pouvoirs et des élections. La déclaration de Genève datant de juin 2012 prévoyait un gouvernement de transition mais n'évoquait pas le départ de M. Assad, une condition sine qua non posée par l'opposition pour toute négociation en vue d'un règlement.
M. Brahimi a jugé ce plan susceptible d'être accepté par la communauté internationale. Damas a réagi en se disant favorable à "toute initiative" passant "par le dialogue".

 

 

(Lire aussi : Nasrallah : Si la solution militaire perdure en Syrie, la guerre sera longue)

 

 

Intense ballet diplomatique

Après plusieurs rencontres entre Moscou et Washington qui veut un départ d'Assad, et plusieurs tournées de M. Brahimi, le ballet diplomatique s'intensifie dans la région.
Riyad et Le Caire, deux poids lourds du monde arabe hostiles au régime Assad, ont appelé à "une issue pacifique" dont les termes doivent être définis par les Syriens eux-mêmes. Le chef de la diplomatie iranienne, grand allié de Damas, se rend pour sa part le 9 janvier au Caire pour voir les Égyptiens et M. Brahimi.


Entretemps, comme tous les jours en Syrie, des dizaines de personnes ont péri dans les bombardements et les combats. Samedi, un obus a touché un quartier chrétien de la vieille ville de Damas et une voiture piégée a explosé dans le nord de la capitale, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Selon un bilan encore provisoire de l'ONG, 60 personnes ont ainsi été tuées à travers le pays. 

Dimanche, au moins 78 personnes, dont 36 civils, 22 rebelles et 20 soldats ont trouvé la mort, selon un bilan provisoire de l'OSDH.


La Syrie a basculé dans la guerre civile après qu'une révolte populaire violemment réprimée par le régime se soit militarisée. Les combats opposent les soldats aux déserteurs et civils ayant pris les armes, aidés par des jihadistes étrangers.

 

Après 21 mois de violences, les troupes du régime ont été chassées de larges zones du nord et de l'est du pays. L'armée tente désormais de conserver un axe allant du sud du pays jusqu'au pays alaouite sur la côte ouest, la région natale de M. Assad, en passant par Damas et sa périphérie, estiment les experts.

 

(Lire aussi : Le réduit alaouite, seule option pour Assad ?)

 

 

En Turquie voisine, qui a fait appel à l'OTAN après la mort de civils turcs fauchés par des obus syriens, le déploiement des premiers missiles Patriot a débuté à Incirlik (sud-est), sur la base aérienne turque de l'OTAN, au lendemain de l'arrivée de militaires et d'équipements américains. Les Patriot peuvent détruire en vol des missiles balistiques tactiques, des missiles de croisière et des avions. Leur déploiement est "purement défensif", selon Ankara et l'OTAN qui a toujours exclu une intervention dans le conflit syrien.

 

 

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