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À La Une - Rencontre

Ils sont 200 000 ayant fui l’enfer syrien

Le directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, se veut rassurant. Il parle de quelque 200 000 déplacés syriens et d’environ 13 000 Palestiniens venus du camp de Yarmouk, mais affirme que la situation est sous contrôle.

Devant une délégation de l’ordre des rédacteurs conduite par Élias Aoun, le général Ibrahim a en outre affirmé que le dossier des pèlerins enlevés à Azaz en Syrie n’est pas abandonné par l’État qui continue à déployer ses efforts pour obtenir leur libération.
Le général Ibrahim agit dans la plus grande discrétion parce qu’il trouve que cela est préférable dans une affaire aussi délicate. Il a précisé que les Libanais ne doivent pas s’inquiéter de l’afflux de déplacés syriens et palestiniens, car la situation reste sous contrôle et que le Liban ne peut pas fermer ses frontières à ceux qui cherchent un asile, quelles que soient leur identité et leur appartenance confessionnelle ou autre.
Conscient de l’importance de la presse dans le monde aujourd’hui, l’officier est à la fois un excellent communicant et un responsable très prudent. Il pèse chacun de ses mots et évite les pièges tendus par les journalistes pour l’entraîner sur le chemin glissant de la politique. En sa qualité de directeur de la Sûreté générale et à cause de son parcours personnel, il a la responsabilité de dossiers particulièrement délicats, comme celui des déplacés, des personnes enlevées, des personnes tuées à Tell Kalakh et du contrôle des frontières. De chacun, il parle avec réalisme, assurant les Libanais que leur sécurité reste la priorité de l’institution qu’il dirige.
Il commence donc son discours en précisant que son souci principal est d’appliquer la Constitution et la loi, appelant tous les autres Libanais à en faire de même, chacun dans son domaine. « Plus nous appliquons les lois, plus nous sommes tranquilles, déclare-t-il, avant d’ajouter que les institutions publiques restent le seul recours pour tous les Libanais. » Nous cherchons à assurer une sorte de filet de sécurité pour que les dirigeants politiques puissent exprimer leurs divergences, selon la particularité des régimes démocratiques, sans conséquence sur le terrain.
Au sujet des personnes tuées à Tell Kalakh, le général Abbas a affirmé que la Sûreté générale n’a aucune approche confessionnelle et politique. Elle a négocié avec les autorités syriennes la remise de toutes les dépouilles mortelles. À ses yeux, il s’agit de Libanais. C’est aussi le cas dans l’affaire des pèlerins enlevés à Azaz. Il a donc déclaré aux familles, qu’il doit d’ailleurs rencontrer incessamment, que ce dossier n’est pas abandonné et qu’il est entre des mains sûres. Il est donc suivi mais dans la plus grande discrétion, car celle-ci est jugée préférable dans de telles circonstances. Le général Ibrahim a précisé qu’il frappe à toutes les portes pour obtenir leur libération et dans ce dossier, il se considère comme un membre de la famille des personnes enlevées. Mais il doit quand même faire preuve de rationalisme. C’est pourquoi il estime que le fait de porter atteinte aux intérêts turcs et autres au Liban n’est pas une bonne initiative. Cela a été tenté auparavant et finalement la Sûreté générale a réussi à libérer les deux Turcs enlevés au Liban. Selon lui, le nœud dans cette affaire est surtout étranger. En réponse à une question, il a déclaré qu’il n’a personnellement aucun contact avec le député Okab Sakr et l’ex-Premier ministre Saad Hariri au sujet de ce dossier, cela restant du ressort du ministre de l’Intérieur.
Concernant les réfugiés syriens et palestiniens, Ibrahim a déclaré que les chiffres avancés par le HCR et l’Unrwa correspondent à ceux qui ont été enregistrés. Mais il ne doit pas y en avoir beaucoup plus sur le territoire libanais. Il peut donc parler de quelque 200 000 déplacés syriens et d’environ 13 000 Palestiniens venus du camp de Yarmouk. Selon lui, cette question est avant tout humanitaire. Le Liban, qui a une tradition d’hospitalité, ne peut pas fermer ses frontières aux déplacés, surtout s’ils sont palestiniens et syriens, en raison de l’interdépendance des problèmes entre eux et nous. La Sûreté générale se fait donc un devoir de faciliter leur entrée au Liban. Selon le traité avec la Syrie, les Syriens entrent sans payer de taxes, alors que ce n’est pas le cas des Palestiniens. Tout se fait donc conformément à la loi. Si, par ailleurs, ces déplacés posent un problème social, notamment en matière de conditions de vie, de prostitution, de criminalité, cela n’est pas du ressort de la Sûreté. Mais de toute façon, le général Ibrahim estime que la situation est sous contrôle, ajoutant que le dossier des déplacés fait l’objet de concertations permanentes entre les diverses institutions de l’État et affirmant que la présence des déplacés est provisoire.
Sur la question de savoir s’il y a des éléments d’el-Qaëda parmi les déplacés, le général Ibrahim répond qu’il ne peut pas empêcher les gens de penser comme ils le souhaitent. Par contre, s’ils commencent à appliquer leurs croyances de manière contraire à la loi, l’État peut intervenir. Interrogé sur la capacité du Liban d’assumer ce nouvel afflux de déplacés, notamment les 13 000 Palestiniens, l’officier répond que ce n’est pas non plus du ressort de l’institution qu’il dirige. Il précise toutefois que s’il y a des éléments syriens armés, il ne s’agit pas de groupes structurés, mais de présences individuelles, d’autant que l’arène de combat est la Syrie. En tout cas, la situation au Liban n’est pas inquiétante, à ses yeux.
Il a ensuite abordé la question du réseau de falsification de passeports, de visas et de cartes de séjour, révélant que 300 cas ont été découverts à l’AIB dont les victimes sont principalement des Syriens voulant s’établir à l’étranger. Ce qui prouve que la situation n’y est pas incontrôlée comme le prétendent certains. D’ailleurs, a déclaré le général Ibrahim, en général, dans les autres pays, lorsqu’on voit que les documents ont été contrôlés par la Sûreté générale libanaise on considère qu’ils sont authentiques, tant la réputation de celle-ci est bonne.
Interrogé sur sa rencontre récente avec l’émissaire onusien Lakhdar Ibrahimi, le général Ibrahim s’est contenté de répondre qu’il s’agit d’un ami personnel et qu’il a insisté pour être escorté par la Sûreté jusqu’à la frontière syrienne.
Tout en répétant que le seul souci de la Sûreté générale est la sécurité des Libanais, le général Ibrahim a déploré le fait que certaines questions relatives à cette institution qui est au service de tous soient politisées, se demandant : « Jusqu’à quand nous allons continuer à jouer avec le sort de notre pays pour des intérêts étroits ? » La question reste posée.

 

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