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À La Une - Libye

Film anti-islam : la colère gronde dans la rue arabo-musulmane

Moscou craint "un chaos" au Moyen-Orient ; "importante avancée" dans l'enquête sur l'attaque du consulat américain

En Egypte, des heurts ont opposé des manifestants protestant contre le film anti-islam à la police anti-émeute, jeudi, aux abords de l'ambassade des Etats-Unis. KHALED DESOUKI/

La colère grondait jeudi dans le monde arabo-musulman et les protestations contre un film dénigrant l'islam ont pris une tournure violente. Ces protestations continuent au surlendemain d'une manifestation devant le consulat des Etats-Unis à Benghazi en Libye durant laquelle des hommes armés ont attaqué le bâtiment, tuant l'ambassadeur Christopher Stevens, 52 ans, et trois autres fonctionnaires américains.

 

 

Un brûlot

La vidéo à l'origine des violences à Benghazi et dans le monde arabe présente le prophète Mahomet comme un imbécile, un homme à femmes et un imposteur.

Intitulé "L'innocence des musulmans", ce brûlot haineux et raciste a été réalisé par un promoteur immobilier israélo-américain, soutenu par le pasteur de Floride Terry Jones, qui avait soulevé la colère du monde islamique en 2010 en disant qu'il allait brûler le Coran en public.

 

(Lire aussi : Le mystère plane sur l'auteur du film anti-islam)

 

Le général Martin Dempsey, chef d'état-major de l'armée américaine, s'est entretenu mercredi par téléphone avec le pasteur Jones pour lui demander de retirer son soutien au film. Le film est également soutenu par un Egyptien copte installé aux Etats-unis.

 

(Lire aussi : Un copte égyptien ayant soutenu le film anti-islam se justifie)

 

 


La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a quant à elle assuré que le gouvernement américain n'avait "absolument rien à voir" avec cette "vidéo écoeurante et condamnable", exhortant parallèlement les dirigeants politiques et religieux à condamner les violences survenues depuis sa diffusion sur internet.

 

Des violences qui se sont amplifiées jeudi alors que la vague de protestation se propageait dans plusieurs pays arabes.

Au Yémen, des jeunes en colère ont pénétré jeudi dans la matinée dans l'enceinte de l'ambassade des Etats-Unis à Sanaa, aux cris de "L'armée de Mahomet est de retour". La police les a rapidement dispersés, selon un correspondant de l'AFP sur place. Mais les protestataires sont revenus à la charge et quatre personnes ont été tuées lors de heurts avec la police.


Le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, "extrêmement navré", a présenté ses "excuses au président américain Barack Obama ainsi qu'au peuple américain", promettant de châtier les coupables.


Au Caire, des heurts sporadiques se sont poursuivis toute la journée aux abords de l'ambassade des Etats-Unis entre manifestants et police anti-émeute qui a fait usage de gaz lacrymogène. D'après le ministère de la Santé, 200 personnes ont été blessées dans ces violences commencées dans la nuit.


Le président égyptien, l'islamiste Mohamed Morsi, a condamné les "atteintes" au prophète Mahomet tout en rejetant la violence, alors que le mouvement des Frères musulmans dont il est issu a appelé à des manifestations pacifiques vendredi à la sortie des mosquées.
"J'appelle tout le monde à (...) à ne pas agresser les ambassades", a lancé M. Morsi dans une allocution télévisée.


Le royaume ultraconservateur d'Arabie saoudite a pour sa part condamné le film produit "par un groupe irresponsable", mais aussi "les réactions violentes dans plusieurs pays visant des intérêts américains".



En Iran, ennemi juré des Etats-Unis, quelque 500 personnes ont manifesté aux cris de "Mort à l'Amérique" et "Mort à Israël" près de l'ambassade de Suisse à Téhéran, qui représente les intérêts américains en Iran.
Plus de 200 policiers anti-émeute et pompiers les ont empêchés de s'approcher de la chancellerie dont le personnel a été évacué par précaution.


Le Guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a, lui, demandé aux Etats-Unis de "punir" les auteurs du film jugé insultant pour l'islam.
"Si les politiciens américains sont honnêtes quand ils disent qu'ils n'y sont pour rien (dans ce film, ndlr), alors ils doivent punir ceux qui ont commis ce crime haineux et leurs soutiens financiers, à la hauteur de leur grand crime", a-t-il affirmé, selon un communiqué publié sur son site officiel.

En Irak voisin, des milliers de sympathisants du leader chiite Moqtada Sadr ont défilé notamment à Bagdad, dans la ville sainte de Najaf, et à Kirkouk.
Dans un communiqué, le très influent Moqtada Sadr a demandé au gouvernement d'interdire l'accès au territoire irakien à tout citoyen américain et appelé le Parlement à interdire les relations entre l'Irak et les pays où "le prophète et l'islam sont insultés".


Au Liban, quelque 200 personnes ont également défilé dans la ville de Tripoli (nord), certains protestataires brûlant le drapeau américain. (Lire aussi : Condamnations en série du film anti-islam) 



Les drapeaux américain et israélien brûlés lors d'une manifestation contre

le film anti-islam, jeudi, à Saïda, au sud du Liban. Ali Hashisho/Reuters


 

Et dans l'enclave de Gaza, des centaines de Palestiniens ont manifesté pour la deuxième journée consécutive contre les Etats-Unis, le Hamas réclamant des "excuses" de Washington et appelant à de nouvelles protestations vendredi.


De crainte d'émeutes à Kaboul, le président afghan Hamid Karzaï a reporté une visite en Norvège, alors que les autorités pakistanaises ont dit s'attendre à des manifestations vendredi.
L'Indonésie, pays musulman le plus peuplé de la planète, s'est jointe à l'Afghanistan pour demander à YouTube de bloquer la diffusion du film polémique. L'Inde a mis en alerte ses effectifs déployés autour des bâtiments américains.


Des rassemblements de protestation contre le film avaient déjà eu lieu mercredi devant des représentations américaines à Casablanca, Tunis et Khartoum.

 

 

"Le chaos"

Après l'attaque contre l'ambassade américaine et les incidents survenus en Egypte et au Yémen, Moscou a dit craindre "le chaos" au Moyen-Orient.
"Nous avons peur que cette région tombe dans le chaos, ce qui pratiquement est déjà le cas", a déclaré le président Vladimir Poutine, dans des propos diffusés par la télévision publique russe. Les assaillants à Benghazi "se sont placés non seulement au-delà de la loi, mais aussi au-delà de la civilisation contemporaine", a-t-il ajouté.

Pour sa part, le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a estimé jeudi que l'attaque du consulat pouvait être le fait de "mouvements terroristes" mais qu'il fallait attendre la suite des investigations pour en être sûr.
"Je suis en contact avec mon amie Mme Clinton (la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton) pour voir les choses très précisément", a-t-il ajouté.

 

 

Un complot derrière l'attaque de Benghazi?

L'attaque du consulat américain de Benghazi, qui a coûté la vie à l'ambassadeur des Etats-Unis, pourrait avoir été planifiée et organisée en amont, estiment des fonctionnaires américains.

 

Certains éléments évoquent l'implication du mouvement armé Ansar al-Charia, "les Partisans de la loi islamique", et de membres d'el-Qaëda au Maghreb islamique (Aqmi), dit-on à Washington. "Cela porte la marque d'une attaque organisée", a affirmé à Reuters, sans plus de précisions, un membre de l'administration américaine.

 

Dans l'après-midi, "Katibat Ansar al-Charia" a toutefois dénoncé dans un communiqué "des accusations sans vérification ou enquête". Ce groupe dénonce un "plan pré-établi pour ternir l'image (du groupe) et susciter une hostilité à son égard".

 

Selon un responsable américain cité par l’AFP, les extrémistes se sont servis de manifestants qui protestaient contre le film anti-islam comme d'un "prétexte" pour s'en prendre au consulat américain avec des armes de petit calibre mais aussi des lance-roquettes. "Il y a des détails encore assez flous, mais clairement on a la signature d'el-Qaëda", a estimé de son côté Mike Rogers, président républicain de la commission du renseignement au Congrès américain, sur la chaîne CNN.

D'autres responsables américains s'exprimant sous couvert d'anonymat ont parlé d'une "attaque complexe" tout en refusant de se prononcer sur l'identité de ses auteurs.

 

 

Une avancée dans l'enquête

Le nouveau Premier ministre libyen élu, Moustapha Abou Chagour, a annoncé jeudi à l'AFP "une importante avancée" dans l'enquête que mène une commission indépendante présidée par un juge et regroupant des "experts" des ministères de la Justice et de l'Intérieur.


"Nous avons des noms et des photos. Des arrestations ont eu lieu et d'autres sont menées au moment où je vous parle", a déclaré M. Abou Chagour dans sa première interview depuis son élection la veille à la tête du futur gouvernement.

Il n'a pas donné de détails sur le nombre ou l'éventuelle appartenance des personnes arrêtées.
"Nous ne voulons pas catégoriser ces gens avant qu'on les connaisse avec précision", a ajouté M. Abou Chagour.


Il a qualifié l'attaque d'"acte lâche, criminel et terroriste", mais estimé qu'il était "isolé" et n'aurait "pas de conséquences négatives sur la relation avec avec nos alliés et partenaires européens et américains qui nous ont appuyés au cours de la révolution".

Selon le porte-parole de la Haute commission de sécurité du ministère de l'Intérieur, Abdelmonem al-Horr, l'enquête est "très compliquée" dans la mesure où la foule présente dans le périmètre du consulat n'était "pas homogène". "Il y avait des extrémistes, de simples citoyens, des femmes, des enfants, des criminels".

 

Le consulat américain à Benghazi, complètement détruit après l'attaque, était déserté, a constaté un photographe de l'AFP. Aucun enquêteur ni aucun membre des forces de sécurité n'était présent autour du complexe de trois villas abritant le consulat. Les trois bâtiments étaient calcinés et les meubles détruits. Un fauteuil flottait dans la piscine. Des traces de balles étaient visibles sur les murs ainsi que des tâches semblant être du sang séché devant l'entrée principale du consulat.


Le déroulement de l'attaque

Jeudi, les circonstances précises de la mort du diplomate et des trois autres Américains n'étaient pas totalement claires.

 

Un responsable américain a reconnu lors d'une conférence de presse téléphonique organisée mercredi par le département d'Etat "travailler dans la confusion des premières informations" car "beaucoup de détails sur ce qui s'est passé à Benghazi restent inconnus ou pas clairs". Il a toutefois dévoilé une "petite partie de la chronologie" de l'"attaque complexe" perpétrée contre le consulat de Benghazi mardi soir.

 

Il est 22H00 en Libye (20H00 GMT) lorsque l'enceinte des bâtiments abritant la mission américaine est visée par "des tirs d'extrémistes libyens non identifiés", a raconté le responsable. Un quart d'heure plus tard, "les assaillants pénètrent dans le complexe, ouvrent le feu sur le bâtiment principal, déclenchant un incendie". Les gardes de sécurité libyens et américains ont alors "riposté".

 

A cet instant, l'ambassadeur Stevens, un responsable de la communication, Sean Smith, et un officier américain pour "la sécurité régionale" sont dans le bâtiment principal du consulat. Mais l'incendie, qui dégage "une épaisse fumée noire", les contraint à "se séparer" et à "essayer d'évacuer le bâtiment en feu", a poursuivi le responsable.

"L'agent de sécurité régionale parvient à sortir, puis retourne avec un autre agent dans le bâtiment en feu pour porter secours à Chris (Stevens) et à Sean (Smith)", a expliqué le responsable, saluant "un effort héroïque". Les deux hommes découvrent alors "Sean, déjà mort, qu'ils sortent du bâtiment".

 

L'ambassadeur Stevens est introuvable.

 

Plusieurs officiers de sécurité tentent de retourner dans le bâtiment principal. Ils sont à chaque fois "repoussés par des tirs nourris et se mettent à l'abri dans l'annexe du consulat", a encore relaté le responsable. Les Américains reprendront le "contrôle du bâtiment principal vers 23H20" (21H20 GMT).

 

Puis, c'est "l'annexe" du consulat qui est mitraillée "pendant deux heures". "C'est à ce moment-là que deux agents américains de plus ont été tués et deux autres encore blessés", selon le responsable.

 

D'après son récit, "il est 02H00 à Benghazi (00H00 GMT) lorsque les forces de sécurité libyennes nous aident à reprendre le contrôle de la situation". "A un moment, au milieu de tout cela, et nous ne savons franchement pas quand, nous pensons que l'ambassadeur Stevens a été sorti du bâtiment et emmené dans un hôpital à Benghazi. Nous n'avons pas d'informations sur son état à ce moment-là", a assuré le responsable américain, ajoutant que "son corps avait été remis ensuite à des agents américains à l'aéroport de Benghazi".

 

Outre les quatre morts américains, des agents de sécurité libyens ont été tués et cinq Américains ont été blessés.

 

Christopher Stevens est le premier ambassadeur des Etats-Unis tué en poste depuis 1979, quand Adolph Dubs, l'envoyé américain à Kaboul, avait péri lors d'une tentative d'enlèvement.

 

Benghazi, grande ville de l'Est libyen, a été le berceau de l'insurrection contre Mouammar Kadhafi en 2011.



 

Excuses libyennes

De son côté, le président Barack Obama a promis que les responsables de l'attaque de Benghazi seraient retrouvés et devraient rendre des comptes à la justice. Il a ordonné un renforcement de la sécurité des représentations diplomatiques américaines à travers le monde.

 

Le Pentagone a dépêché 50 membres d'une unité antiterroriste des "Marines" à Tripoli, la capitale libyenne, pour assurer la sécurité de la mission. Deux navires de guerre de l'US Navy font par ailleurs route vers les côtes libyennes.

 

Mercredi soir, Barack Obama et le président de l'Assemblée nationale libyenne Mohammad el-Megaryef, lors d'un entretien téléphonique, se sont engagés à coopérer étroitement pour retrouver et punir les coupables, a annoncé la Maison blanche. "Nous présentons nos excuses aux États-Unis, au peuple américain et au monde entier pour ce qui s’est passé", a déclaré Mohammad el-Megaryef, mercredi soir.

Obama a également appelé le président égyptien. Il a condamné les tentatives de dénigrer l'islam mais également les violences.

 

 

Lire aussi, le Point de Christian Merville : La faute au printemps

La colère grondait jeudi dans le monde arabo-musulman et les protestations contre un film dénigrant l'islam ont pris une tournure violente. Ces protestations continuent au surlendemain d'une manifestation devant le consulat des Etats-Unis à Benghazi en Libye durant laquelle des hommes armés ont attaqué le bâtiment, tuant l'ambassadeur Christopher Stevens, 52 ans, et trois autres...

commentaires (3)

C'est l'instinct et l'illogisme qui grondent... On joue le JEU des SIONISTES !

SAKR LEBNAN

01 h 58, le 14 septembre 2012

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Commentaires (3)

  • C'est l'instinct et l'illogisme qui grondent... On joue le JEU des SIONISTES !

    SAKR LEBNAN

    01 h 58, le 14 septembre 2012

  • Le problème avec ces peuples libanais: Ils réagissent avec leurs instincts et jamais avec leur cerveau. Contrairement aux autres peuples du monde, ces " communautés libanaiiiiises" (nous les voyons faiiiiire) utilisent la violence pour s'exprimer. Il faudra qu'il y ait des têtes censées pour coacher ces peuples et leur apprendre à réagir. Comment ? Allez savoir, ya hassértééhhhhhh !

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    00 h 32, le 14 septembre 2012

  • Le problème avec les peuples arabes: Ils réagissent avec leurs instincts et jamais avec leur cerveau. Contrairement aux autres peuples du monde, ces " communautés arabes" ( nous les voyons en europe) utilisent la violence pour s'exprimer. Il faudra qu'il y ait des têtes censées pour coacher ces peuples et leur apprendre à réagir. Comment?? En utilisant "les mêmes armes". Pour ce film: LA FAMEUSE LIBERTE D'EXPRESSION est utilisée pour salir les "chrétiens et musulmans" alors que des lois existent pour défendre toute critique contre les juifs? (Même critiquer un gouvernement israélien devient une critique anti sémite). OK Que des milliardaires arabes investissent la modique somme de 5 Millions $ eux aussi pour faire un film ridiculisant David ou la religion israélite ( que je respecte pour ma part tout comme les autres religions) Mais UNIQUEMENT pour faire comprendre à ceux qui parlent de "liberté d'expression" que ceci devrait être à double sens. Accepter aussi la liberté d'expression qui les atteindra. Là, ils feront mouche. Mais aller bruler des drapeaux et des pneus tout en cassant leur propres infrastructures nationales: Les seules victimes seront leurs enfants qu'ils polluent et leur pays qu'ils perturbent Il faut des personnes INTELLIGENTES pour mener ces troupes et les former à réagir adéquatement et avec les mêmes pretextes et armes.

    Jean-Pierre EL KHOURY

    15 h 45, le 13 septembre 2012

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