La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a exhorté dimanche l'armée syrienne à placer l'intérêt du pays avant la défense du régime "illégitime"de Damas, et invité ceux qui le soutiennent encore à l'abandonner "car il va tomber".
Mme Clinton a ensuite rappelé les trois points qui, selon elle, doivent constituer la stratégie de la communauté internationale: "Une aide humanitaire urgente" aux civils, une "augmentation des pressions sur le régime", et une aide à une préparation d'une "transition démocratique". Cependant, le Conseil national syrien (CNS) n'est pas encore ce mouvement d'opposition unifié, comme celui qui a renversé l'an dernier le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, avec l'aide internationale, a-t-elle estimé. "Nous n'avons pas cela en Syrie", a poursuivi Mme Clinton, "le CNS fait de son mieux mais visiblement il ne s'agit pas d'une opposition unie".
Mme Clinton a en outre estimé qu'une intervention étrangère en Syrie risquerait de précipiter le pays dans une guerre civile, alors que le Qatar et la Tunisie ont plaidé pour l'envoi d'une "force arabe".
Le CNS a reconnu pour sa part dans un communiqué dimanche qu'il y avait "une lutte confessionnelle et un risque de fragmentation de la société syrienne". Dans ce contexte, le CNS a tendu la main aux alaouites, la communauté de M. Assad et des principaux responsables du pays, assurant qu'ils restaient "une composante importante du peuple syrien" et garantissant leurs droits au même titre que les autres confessions.
Mme Clinton a lancé ces appels alors que les Syriens votaient sur une nouvelle Constitution, un référendum raillé par l'opposition et l'Occident au moment où le régime accentue sa répression sanglante de la révolte dans de nombreuses villes assiégées.
Grégoire III Laham, patriarche d'Antioche des Grecs-Melchites, déposant son bulletin de vote à Damas.
Louai BESHARA/AFP
Les bureaux de vote pour le référendum ont ouvert à 07H00 (05H00 GMT) et devaient fermer à 19H00, mais le scrutin a été prolongé jusqu'à 22h00 (20h00 GMT) dans certaines régions, selon les médias officiels.
Le président Bachar el-Assad a voté dans l'après-midi au siège de la télévision d'Etat, sous les acclamations d'une foule scandant "Dieu, la Syrie, Bachar et c'est tout". La Syrie fait l'objet d'"une campagne médiatique", a ensuite déclaré M. Assad, assurant que les médias étaient "très importants" mais qu'ils ne pouvaient pas "battre la réalité".
Plus de 14 millions de Syriens doivent se prononcer sur le texte qui instaure le "pluralisme politique" et met fin à l'hégémonie du parti Baas, au pouvoir depuis un demi-siècle, mais maintient de larges prérogatives au chef de l'Etat et permet à M. Assad de rester au pouvoir en théorie encore 16 ans.
L'opposition et les militants pro-démocratie, qui exigent avant tout le départ du président syrien, ont appelé à boycotter ce scrutin, qualifié de "plaisanterie" par Washington.
"Il y a une grande affluence dans les bureaux de vote, à l'exception de certaines régions", a déclaré le ministre syrien de l'Intérieur, Mohammad Ibrahim al-Chaar, admettant ainsi qu'il était impossible de voter dans les régions rebelles.
"Je vote parce que c'est l'aboutissement des réformes du président et si cela réussit, on aura une démocratie", a affirmé à l'AFP Balsam Kahila, 32 ans, qui travaille au ministère des Finances à Damas.
Hadi Abdallah, militant à Homs, a affirmé s'être rendu dans plusieurs quartiers en partie tenus par l'Armée syrienne libre (ASL, qui regroupe des déserteurs) et n'y avoir vu "personne dans les rues et pas un seul bureau de vote".
"Le référendum a réussi seulement dans les médias gouvernementaux. Quel référendum peut-il y avoir sous les explosions et les tirs ?", a estimé Rami Abdel Rahmane, chef de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, faisant aussi état dans certaines régions de pressions des forces de sécurité pour forcer les gens à aller voter.
Baba Amr sous les bombes des forces syriennes.
YouTube/AFP
Sur le terrain, les violences ont fait dimanche au moins 57 morts, dont 34 civils et 23 membres des forces de l'ordre. Au moment où s'ouvraient les bureaux de vote, plusieurs obus tombaient sur Baba Amr, un quartier de Homs dévasté par plus de trois semaines de pilonnage, au lendemain d'une journée de violences ayant fait près de 100 morts à travers le pays, en grande majorité des civils, selon l'OSDH.
A Homs également, diplomates et humanitaires ont poursuivi dimanche leurs négociations avec les autorités et avec l'opposition pour pouvoir évacuer les blessés, en particulier la journaliste française Edith Bouvier et le photographe Britannique Paul Conroy, touchés mercredi dans le bombardement qui a tué la reporter américaine Marie Colvin et le photographe français Rémi Ochlik.
"L'évacuation n'aura pas lieu dimanche car il est trop dangereux d'envoyer la nuit des ambulances de Damas à Homs pour chercher les blessés. Il faudra le faire vraisemblablement demain lundi", a affirmé le porte-parole du CICR à Damas, Saleh Dabbakeh, une information confirmée par un diplomate occidental.
L'épouse de M. Conroy a assuré sur la BBC que ce dernier avait refusé une proposition d'évacuation par le Croissant rouge syrien, par manque de confiance dans cette organisation.
Mme Clinton a ensuite rappelé les trois points qui, selon elle, doivent constituer la stratégie de la communauté internationale: "Une...
commentaires (20)
Il n'appartient à personne d'étouffer l'Histoire, M Karamaoun, il n'appartient pas non plus aux États de l'écrire, encore moins à monsieur tout-le-monde, c'est-à dire vous et moi, il y a des historiens pour cela. Seuls les États totalitaires écrivent l'Histoire comme ils souhaitent l'entendre, la leur et celle des autres, par exemple celle que le régime syrien en déroute tente désepérément d'écrire. Enfin, quitte à me répéter, d'éminentes personalités juives, et non des moindres, ont reconnu ce que l'Eglise de Pie XII a fait pour eux. Trêve de repentance tous azimuts! Depuis deux millénaires (nous entamons le troisième) nous n'arrêtons pas de prendre des claques et personne jusqu'ici n'est venu nous faire des excuses! Basta!
Paul-René Safa
17 h 04, le 27 février 2012