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Économie - Liban - Social

Les journaliers jouent leur va-tout pour faire plier l’EDL

La mobilisation des travailleurs qui souhaitent intégrer la fonction publique s'intensifie de jour en jour. L'un d'entre eux a même tenté de s'immoler par le feu, hier, à Beyrouth.

Le fournisseur d’électricité n’a pourvu pour l’instant que la moitié environ des postes vacants promis aux journaliers. Photo P. H. B.

La tension est montée d'un cran hier au quatrième jour consécutif (ouvert) de mobilisation des travailleurs journaliers d'Électricité du Liban (EDL), un mouvement qui va crescendo depuis le mois de mai. Ils étaient en effet hier plusieurs dizaines rassemblés devant le siège d'EDL à Beyrouth, mais aussi devant ses antennes dans la Békaa et à Tyr (Liban-Sud), pour réclamer leur intégration aux effectifs du fournisseur d'électricité.
Un regain de tension cristallisé par la tentative de l'un des journaliers, Amer Moussa, de s'immoler par le feu avant d'être rapidement maîtrisé par ses collègues. « Nous l'avions entendu menacer de passer à l'acte et nous nous tenions prêts à intervenir pour éviter le pire. Ses jours ne sont pas en danger », confirment, sous le couvert de l'anonymat, plusieurs représentants des journaliers rencontrés par L'Orient-Le Jour. Un scénario similaire à celui qui s'était déjà produit le 1er juillet 2013, alors que ces derniers manifestaient déjà contre la direction de l'établissement public pour les mêmes motifs. « Il n'y a heureusement pas eu d'autre incident à déplorer », poursuivent les représentants des journaliers, qui précisent que leur sit-in « a tout fait pour ne pas perturber le travail des employés ».

Admis au concours
Environ 2 000 travailleurs journaliers ont été employés pendant des années par EDL pour effectuer une partie des opérations de maintenance et de collecte des factures sans toutefois bénéficier des mêmes garanties que les fonctionnaires réguliers. Nombre d'entre eux ont longtemps réclamé que le fournisseur d'électricité les intègre à ses effectifs sans toutefois être entendus par la direction de l'établissement public. Cette demande commune à tous les journaliers ne concerne aujourd'hui que près de 150 d'entre eux qui ont été admis aux sessions de 2015 du concours administratif, institué par la loi n° 287 du 30 avril 2014, mais qu'EDL ne souhaite pas recruter. « Ce concours permet d'accéder à la fonction publique pendant deux ans. Or, certains d'entre nous, qui l'ont passé il y a plus d'un an et demi, risquent de tout perdre si EDL s'obstine », indiquent en chœur les représentants des journaliers.
« Nous le répétons depuis des mois : la loi n° 287 nous permet de fixer le nombre de postes vacants accessibles via ce concours en fonction des besoins de l'établissement », répond de son côté une source proche de la direction d'EDL. Une posture qui a provoqué l'ire des journaliers en août 2014, lorsqu'EDL décide de fixer le nombre de places vacantes à 897, exacerbant ainsi une mobilisation qui va aboutir au blocage de son siège pendant 4 mois et obligeant la direction de l'établissement à se réfugier dans les locaux de la centrale de Zouk. En décembre 2014, ce sont des journaliers épuisés qui acceptent de mettre un terme à l'occupation du siège suite à la conclusion d'un accord entre le député Walid Joumblatt (chef du Parti socialiste progressiste), le député Michel Aoun (chef du Courant patriotique libre) et le président du Parlement Nabih Berry (mouvement Amal).

Solutions de rechange
« L'accord prévoyait initialement qu'EDL et le Conseil de la fonction publique accélèrent l'organisation du concours prévu par la loi n° 287 et trouvent des solutions de rechange pour ceux qui ne sont pas éligibles à le passer ou qui n'entrent pas dans les plans de l'établissement », expliquent encore les représentants des journaliers. « Aujourd'hui, seules deux sessions ont été organisées et la moitié à peine des postes vacants promis par EDL ont été pourvus », poursuivent-ils. De son côté, la direction de l'établissement public a demandé, dans un communiqué transmis hier à la presse, « que le comité politique à l'origine de cet accord se réunisse à nouveau » pour trouver une solution à cette crise.
Or cette dernière pourrait bien en cacher une autre, beaucoup plus grave, si EDL décidait de ne pas renouveler le partenariat de 4 ans, lancé en avril 2012 avec ses 3 prestataires de services – National Electricity Utility Company (NEUC), Bus et KVA –, et qui arrive à échéance le 28 août. « EDL n'a pas prévu de solutions de secours pour plus de 1 300 journaliers qui ont été embauchés par ces sociétés et qui risquent de se retrouver dans la rue si le contrat n'est pas renouvelé », alertent encore les représentants de ces derniers. Selon eux, KVA a récemment notifié à environ « 350 journaliers employés par la société qu'ils seraient suspendus à partir du 28 août » , une information que la société KVA n'a pas souhaité commenter. Le signe, pour des manifestants qui envisagent désormais de se lancer dans une grève de la faim dès demain, qu'EDL et les prestataires se préparent déjà à écarter ceux parmi eux qu'ils ne veulent pas garder.

La tension est montée d'un cran hier au quatrième jour consécutif (ouvert) de mobilisation des travailleurs journaliers d'Électricité du Liban (EDL), un mouvement qui va crescendo depuis le mois de mai. Ils étaient en effet hier plusieurs dizaines rassemblés devant le siège d'EDL à Beyrouth, mais aussi devant ses antennes dans la Békaa et à Tyr (Liban-Sud), pour réclamer leur...

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