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Liban - Sécurité

Efforts en cours pour éviter des débordements à Aïn el-Héloué après le meurtre d’un Palestinien

L'armée met en garde contre tout projet jihadiste dans le camp.

Quelques jours seulement après la visite, le 15 juillet, de l'émissaire du président palestinien Mahmoud Abbas, Azzam Ahmad, responsable des affaires des Palestiniens du Liban, au camp de Aïn el-Héloué, près de Saïda, la situation sécuritaire du camp revient au-devant de la scène avec l'assassinat hier du Palestinien Ali Rida Awad, connu sous le nom de Ali Bahti.

Un inconnu a ouvert le feu en matinée sur Ali Bahti au moment où il se trouvait dans son kiosque à café, à Aïn el-Héloué, le blessant mortellement. Les proches de la victime ont tiré des rafales en l'air, en signe de colère, faisant deux blessés palestiniens, Khalil Aslane et un enfant, sur le marché du camp.
Des sources bien informées à l'intérieur du camp ont pointé du doigt le groupe islamiste Jund el-Cham dans cet assassinat, Ali Bahti étant proche du Fateh. Toutefois, ces sources temporisent « en attendant les résultats de l'enquête menée par la force palestinienne conjointe de sécurité ».

Le chef de la Sécurité nationale palestinienne au Liban, le général Sobhi Abou Arab, a affirmé pour sa part dans un communiqué que l'incident ne revêtait aucun caractère politique et qu'il s'agissait d'un meurtre isolé dont les motifs sont personnels. Il a par ailleurs souligné que « l'examen des caméras de surveillance permettra de déterminer l'auteur de ce crime qui a provoqué une tension palpable au sein du camp que le Haut Comité sécuritaire palestinien et la force palestinienne conjointe de sécurité essayent de contenir en empêchant tout débordement ».

« Ali Bahti appartient à une des grandes familles du camp. Derrière les partis politiques palestiniens, il y a aussi les grandes familles influentes du camp qui ne laisseront pas passer sa mort sans réagir, d'où les tirs de roquettes et les rafales entendus en matinée et encore ce soir dans le camp. Cela dit, il se peut qu'en fin de soirée tout rentre dans l'ordre une fois que le nom de l'assassin sera connu par la famille », assure à L'Orient-Le Jour Mohammad, un jeune commerçant palestinien du camp proche du Fateh et notamment d'el-Nino, un des cadres-officiers de Fateh, mais dont il conteste constamment la direction.

« Nous nous contentons de la version adoptée par le communiqué du général Abou Arab qui a affirmé que l'affaire était personnelle et le fait que la famille Awad ait fixé une date pour les funérailles, mercredi après la prière de l'après-midi (16h30), est un signe qu'un déblocage est dans l'air », poursuit-il. « L'armée contrôle de plus en plus étroitement les entrées et les sorties du camp, mais elle ne peut pas intervenir à l'intérieur du camp qui reste une affaire interne palestinienne que la force conjointe palestinienne de sécurité maintient difficilement en équilibre », conclut-il.

 

(Pour mémoire :Grand ménage pour le Fateh à Aïn el-Héloué)

 

Détruire les camps ?
Selon les sources sécuritaires libanaises et palestiniennes, des groupes jihadistes proches de l'organisation État islamique et du Front al-Nosra ont pour objectif de détruire les camps palestiniens au Liban, à commencer par Aïn el-Héloué, en passant par Miyé-Miyé jusqu'à arriver aux camps à Tyr où les groupes islamistes commencent à prendre de l'ampleur.

L'implantation progressive dans le camp d'une force palestinienne conjointe de sécurité de même que la coordination entre l'armée libanaise et les parties palestiniennes ont réussi jusqu'à aujourd'hui à maintenir un semblant de calme dans ce camp où la situation est complexe et où se mêlent des factions de plus en plus hétérogènes, en plus de l'affluence d'activistes non palestiniens soupçonnés de lien avec le Front al-Nosra ou avec d'autres formations opposées au régime du président syrien Bachar el-Assad depuis le début de la crise syrienne. Cette coordination vise surtout à empêcher que se répète le scénario de Nahr el-Bared (2007) ou d'autres épisodes de violences au sein du camp.

Les groupes Esbat el-Ansar, dirigé par cheikh Abou Tarek el-Saadi, Ansar Allah et le Mouvement islamique des combattants de Jamal Khattab assurent un dialogue permanent entre les mouvements salafistes et les mouvements palestiniens conventionnels comme l'OLP ou le Hamas à l'intérieur du camp, et ce en coordination permanente avec la députée Bahia Hariri qui les a rencontrés mardi à Majdelyoun, près de Saïda, afin de trouver les moyens susceptibles de circonscrire l'incident d'hier et d'empêcher toute escalade.

Ces groupes locaux œuvrent à contenir par ailleurs la montée politique des groupes radicaux dans les camps palestiniens où se sont réfugiés plus de 53 000 Palestiniens de Syrie. D'où les inquiétudes des services de renseignements militaires libanais sur la montée du radicalisme dans les camps, qu'il soit jihadiste ou salafiste. Selon ces sources sécuritaires, les groupes jihadistes se sentiraient à l'étroit à l'intérieur du camp et cherchent donc à s'étendre en exécutant une série d'assassinats jusqu'à provoquer un massacre qui leur permettra de prendre les rênes du camp.

Ces mêmes sources ont affirmé que malgré le fait que le Fateh, souffrant depuis deux ans de divisions internes, soit au courant du projet jihadiste, il n'est pas prêt pour autant à s'engager dans des affrontements qui transformeront le camp de Aïn el-Héloué en un nouveau Nahr el-Bared. Lors d'une réunion avec les différentes factions palestiniennes et islamistes du camp, le chef des renseignements de l'armée au Sud, le général Khodr Hammoud, a mis en garde les responsables contre le projet des infiltrés qui visent à « faire du camp un point de départ à tous les actes terroristes visant la totalité du territoire libanais ».
Le responsable politique de la Jamaa islamiya au Liban-Sud, Bassam Hammoud, a dénoncé de son côté « les tentatives visant à détériorer la situation sécuritaire au sein du camp palestinien ».

 

Pour mémoire

Incidents armés dans les camps palestiniens de Saïda et dans la vieille ville

Mesures de sécurité renforcées à Aïn el-Héloué

Quelques jours seulement après la visite, le 15 juillet, de l'émissaire du président palestinien Mahmoud Abbas, Azzam Ahmad, responsable des affaires des Palestiniens du Liban, au camp de Aïn el-Héloué, près de Saïda, la situation sécuritaire du camp revient au-devant de la scène avec l'assassinat hier du Palestinien Ali Rida Awad, connu sous le nom de Ali Bahti.
Un inconnu a ouvert le...

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