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Liban - La psychanalyse, ni ange ni démon

L’hystérie

Sans l'hystérie, la psychanalyse n'aurait pas vu le jour. Avec l'hystérie, la psychanalyse continue à apprendre. Si Freud a tiré ses concepts théoriques du désir de l'hystérique, l'hystérique veille à ce que ces concepts ne puissent jamais l'emprisonner, la stigmatiser. Elle prend garde que le discours de la psychanalyse ne se transforme en un discours de maîtrise, comme celui de la médecine. Elle rappelle constamment à l'analyste que la théorie analytique ne doit pas lui servir de grille où il pourrait la caser. Et si l'analyste s'y essaie, l'hystérique lui échappe, soit en défiant son savoir, soit en arrêtant la cure.
Mais il y a longtemps déjà, bien avant la découverte de la psychanalyse, l'hystérie est connue par la médecine de l'Antiquité. 2 000 ans avant le Christ, l'hystérie est connue, mais nullement comprise et encore moins diagnostiquée : supercherie, possession, suffocation, frustration, dysfonctionnement du système nerveux et surtout simulation. Depuis 4 000 ans, l'hystérie continue d'être traitée de menteuse, de tricheuse, de simulatrice, de démoniaque. L'Inquisition la brûle vivante sur le bûcher, comme une sorcière possédée par le démon, une chasse aux sorcières qui coûta la vie à environ 60 000 femmes. Parce qu'elle représente la féminité dont elle est une sorte de caricature, quelle que soit l'époque, la société patriarcale ne le lui pardonne pas. L'organe apparent du plaisir de la femme, le clitoris est terrifiant pour certaines sociétés africaines et des millions de femmes continuent à subir l'excision, partielle ou totale, du clitoris.
Finalement, la médecine de l'Antiquité est la plus clémente envers l'hystérie et en même temps la plus compréhensive. Les Grecs, les Égyptiens, les Hébreux, les Perses ont abordé l'hystérie de façon analogue. Même si les théories de l'Antiquité nous font aujourd'hui sourire, elles contiennent une vérité incontournable liée à l'étymologie même du mot hystérie qui vient du grec hustera ou matrice. Comme, jusqu'à aujourd'hui, l'hystérie présente des symptômes qui touchent tous les organes du corps, internes ou externes, les médecins supposent que quelque chose se balade dans le corps de l'hystérique, l'utérus. C'est le mythe de l'utérus baladeur. Pour Hippocrate, les troubles dont se plaint l'hystérique sont liés au déplacement de l'utérus dans le corps. Pendant ce déplacement, il comprime les organes et provoque ainsi les douleurs de l'hystérique.
Mais le plus intéressant reste la raison pour laquelle l'utérus se déplace. Il est à la recherche de sperme, sperme qui lui manque. L'hystérique souffrirait de manque de rapports sexuels. Ce manque de rapports sexuels reste jusqu'à aujourd'hui au centre de la problématique de l'hystérique. Évidemment, la théorie de l'utérus baladeur nous fait sourire, pour l'explication des symptômes. On voit mal un utérus se balader et comprimer des organes. Avec le but que chercherait l'utérus en se baladant, on touche au cœur du problème de l'hystérie : l'utérus va à la recherche de sperme pour être fécondé ou bien parce qu'il manque de rapport sexuel ? Cette question est au cœur du dilemme de l'hystérique, mais également du dilemme de la femme : maternité ou féminité ?
La psychanalyse a permis de mettre en évidence certains fantasmes hystériques qui nous éclairent sur la question : « Que veut la femme ? » Le fantasme infanticide en est un. La femme est traversée par ce fantasme qui met sa maternité en danger. Chez l'hystérique, ce fantasme infanticide prend parfois des proportions angoissantes : « Suis-je une bonne mère ou ne suis-je qu'une mauvaise mère ? » « Comment être mère si je ne suis qu'une femme ? » « Puis-je avoir des désir sexuels tout en étant mère ? »
Nous voyons bien que ces questions, posées grâce à la psychanalyse et à partir de la clinique de l'hystérie étaient contenues dans le « mythe de l'utérus baladeur ». Autrement dit, dans l'Antiquité, chez les Grecs, les Hébreux, les Perses et les Égyptiens, on avait une intuition de la causalité des symptômes hystériques beaucoup plus juste que ce qu'en fait la médecine d'aujourd'hui. Nous verrons tout au long de ces articles sur l'hystérie pourquoi elle est diabolisée et nullement traitée comme une femme qui souffre. Depuis 4 000 ans, l'hystérie est incomprise, stigmatisée, persécutée, brûlée (du temps de l'Inquisition). Pourquoi ? On le verra progressivement.

Sans l'hystérie, la psychanalyse n'aurait pas vu le jour. Avec l'hystérie, la psychanalyse continue à apprendre. Si Freud a tiré ses concepts théoriques du désir de l'hystérique, l'hystérique veille à ce que ces concepts ne puissent jamais l'emprisonner, la stigmatiser. Elle prend garde que le discours de la psychanalyse ne se transforme en un discours de maîtrise, comme celui de la...

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