Rechercher
Rechercher

Économie - Turquie

Le tourisme, première victime collatérale de l’attentat d’Istanbul

L'attaque-suicide à l'aéroport aggrave une annus horribilis pour le secteur, déjà ébranlé par quatre attaques kamikazes depuis le début de 2016.

Patrouille de police à l’aéroport international d’Istanbul le lendemain de la triple attaque-suicide, mercredi 29 juin 2016. Lefteris Pitarakis/AFP

Le tourisme en Turquie, déjà plombé par des attentats à répétition, risque de toucher le fond cette année avec la triple attaque-suicide mardi soir à l'aéroport international d'Istanbul.
Au moins 41 personnes ont trouvé la mort et 239 ont été blessées dans cette nouvelle attaque frappant la première ville de Turquie, la plus visitée aussi.
La cinquième attaque kamikaze en Turquie depuis un an porte, selon Ankara, la marque de l'organisation de l'État islamique et charrie, comme tout attentat-suicide, ses images chocs de carnage – loin des brochures touristiques. Depuis un an, des attentats à Istanbul et Ankara, qui ont fait près de 200 morts et des milliers de blessés, ont ainsi fait fuir les touristes dont les arrivées sont au plus bas depuis 22 ans. Ils ont sinistré une industrie qui était l'un des grands pourvoyeurs de devises de l'économie turque, avec près de 33 milliards de dollars par an.
Telle était d'ailleurs l'une des motivations clairement affichées par les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), un groupe radical proche des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), dans sa revendication de l'attentat à la voiture piégée qui a fait 11 morts, le 10 juin, dans le quartier historique de Beyazit, une zone touristique d'Istanbul. « Nous tenons à avertir les touristes étrangers en Turquie et ceux qui veulent s'y rendre : les étrangers ne sont pas notre cible, mais la Turquie n'est plus un pays sûr pour eux », avait souligné l'organisation.
Les attentats récents ont touché en priorité des sites touristiques emblématiques : à Istanbul, le 12 janvier dernier, 12 touristes allemands étaient fauchés dans un attentat-suicide dans la zone ultravisitée de Sultanahmet. L'attaque, attribuée à l'EI, a été perpétrée à deux pas de la basilique Sainte-Sophie et de la Mosquée bleue. Deux mois plus tard, le 19 mars, quatre touristes étrangers – trois Israéliens et un Iranien – étaient tués par un kamikaze, de nouveau apparemment de l'EI, sur l'avenue la plus célèbre et la plus animée d'Istanbul, Istiklal.

Mer turquoise
L'attentat à l'aéroport mardi soir a eu lieu alors que la saison estivale doit déjà battre son plein dans ce pays de soleil, de mer turquoise et de monuments.
Mais, pour le mois de mai, le ministère du Tourisme a fait état de la plus forte baisse d'arrivées en 22 ans, avec une chute de près de 35 % du nombre de touristes étrangers, à 2,5 millions de visiteurs.
Si le nombre de touristes russes s'est logiquement effondré en raison de la brouille diplomatique entre Ankara et Moscou (90 %), les arrivées ont baissé aussi pour les autres nationalités, Allemands, Géorgiens et Britanniques en tête. Au total, sur les cinq premiers mois de l'année, elles ont baissé de 23 %.
Le président russe Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan se sont parlé hier pour la première fois depuis le début de la crise diplomatique entre leurs pays en novembre et sont tombés d'accord pour se rencontrer, et M. Poutine a annoncé la levée des sanctions contre la Turquie dans le domaine touristique.
L'EI, si sa responsabilité se confirme, « vient juste de frapper le deuxième site le plus emblématique à Istanbul après la place Taksim », a dit Soner Cagaptay, directeur du programme de recherche sur la Turquie au Washington Institute. « C'est une très mauvaise nouvelle pour le tourisme, et plus globalement pour le voyage en avion, car c'est une attaque qui visait directement les voyageurs. Et l'EI a horreur du déplacement des hommes et des idées », a affirmé Jean-Pierre Mas, président de l'Association des agences de voyages françaises. Le syndicat des tour-opérateurs français rappelle qu'avant cet attentat, les intentions de départ pour la Turquie cet été de la part des Français avaient déjà baissé de 77 %.
Avec l'attentat à l'aéroport Atatürk, c'est la compagnie Turkish Airlines qui a été visée, fleuron de la Turquie moderne du président Recep Tayyip Erdogan, qui possède l'une des flottes les plus modernes au monde.
Dans ce contexte, les efforts de la Turquie pour promouvoir une industrie du tourisme bouleversée par l'insécurité ambiante paraissent bien vains. Le gouvernement turc a annoncé au printemps un plan d'aide de plusieurs millions d'euros pour soutenir l'activité touristique, mais qui semble dérisoire. En désespoir de cause, les autorités turques ont même récemment fait couler un Airbus A300 au large de Kusadasi, un complexe touristique très populaire de la mer Égée, pour y encourager le tourisme lié à la plongée sous-marine. Une image métaphorique, peut-être, pour toute une industrie qui sombre.
Pascale
TROUILLAUD/AFP

Le tourisme en Turquie, déjà plombé par des attentats à répétition, risque de toucher le fond cette année avec la triple attaque-suicide mardi soir à l'aéroport international d'Istanbul.Au moins 41 personnes ont trouvé la mort et 239 ont été blessées dans cette nouvelle attaque frappant la première ville de Turquie, la plus visitée aussi.La cinquième attaque kamikaze en Turquie...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut