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"Il a visé ma tête mais ça a touché ma main" : des survivants du massacre d'Orlando témoignent

"J'étais juste là allongé. Je me suis dit, je suis le prochain, je suis mort".

"On a juste arrêté ce qu'on était en train de faire et ça continuait. Quelque chose avait lieu et on s'est juste agrippés les uns les autres", raconte un survivant de la tuerie d'Orlando aux Etats-Unis, où 49 personnes sont mortes et 53 autres ont été blessées. Photo Spencer Platt/Getty Images/AFP

"On s'amusait simplement. On prenait juste tous un verre. C'était peu après 02H00. On se disait au-revoir. J'embrassais tout le monde. C'était une belle soirée. Pas de drame, juste des sourires, des rires, et je discutais avec la fille à qui j'ai parlé en dernier et on a juste entendu un gros coup de fusil", a raconté mardi, la voix brisée par l'émotion, Angel Colon, 26 ans, blessé lors de la tuerie perpétrée par un homme dans une boîte gay d'Orlando.

"On a juste arrêté ce qu'on était en train de faire et ça continuait. Quelque chose avait lieu et on s'est juste agrippés les uns les autres", a-t-il poursuivi, lors d'une conférence de presse à l'hôpital d'Orlando qui a soigné des blessés de la tuerie, où 49 personnes sont mortes et 53 autres ont été blessées. Angel Colon a précisé qu'il avait hésité à témoigner mais qu'il voulait que "tout le monde sache ce qui s'était passé dans cette communauté" qui était dimanche au Pulse, un réputé club gay d'Orlando.
"On a commencé à courir et malheureusement j'ai été touché trois fois par balle à la jambe, je suis donc tombé. J'ai essayé de me relever mais tout le monde avait commencé à courir dans tous les sens. On me piétinait et les os de ma jambe gauche ont été cassés, brisés".

"A partir de ce moment-là je ne pouvais plus marcher du tout. Tout ce que je pouvais faire c'était de rester allongé pendant que tout le monde me marchait dessus (...) et tout ce que je pouvais entendre c'était les coups de fusils, les uns après les autres, et les gens crier, les gens hurler à l'aide".
"A ce moment-là cet homme s'est rendu dans une autre pièce et je pouvais juste entendre encore des coups de fusil continuer. Je pensais être un peu en sécurité à ce moment-là parce que ça donnait le temps à des gens de le plaquer et de le tuer". "Mais malheureusement je l'ai entendu revenir, et il a tiré sur tous ceux qui étaient déjà morts sur le sol. Pour être sûr qu'ils soient morts".
"J'ai pu jeter un œil et j'ai pu le voir tirer sur tout le monde. Et j'ai pu entendre les coups de fusil s'approcher et j'ai regardé et il a tiré contre la fille qui était près de moi".

 

(Lire aussi : Orlando : quelles conséquences pour la cause homosexuelle aux États-Unis ? Le décryptage de Caroline Hayek)

 

Le verre et le sang
"Et j'étais juste là allongé. Je me suis dit, je suis le prochain, je suis mort. Alors je ne sais pas comment, par la grâce à Dieu, il a visé ma tête mais ça a touché ma main et il m'a tiré dessus encore et ça a touché ma hanche. Je ne réagissais pas. J'étais prêt à juste rester là allongé pour qu'il ne sache pas que j'étais vivant".
"Et il a juste fait ça encore pendant 5, 10 minutes. Il tirait juste partout. A ce moment-là, il est allé à l'avant et je pense que c'est là qu'il a tiré sur les flics. J'ai juste entendu des coups de feu partout".

"J'ai levé les yeux (et j'ai vu) des policiers. Et j'espère me souvenir du visage ou du nom du policier parce que je lui suis reconnaissant pour ce jour-là. Il me regarde. Il s'assure que je suis vivant, et il m'attrape par la main et (dit) que c'est la seule manière dont il peut me sortir de là. Je lui demande de me porter parce que je souffre là tout de suite. Je ne pouvais pas marcher ou faire autre chose".
"Alors il a commencé à me traîner dans la rue au Wendy's, et je lui suis reconnaissant, mais le sol était juste couvert de verre brisé. Alors il m'a traîné dehors pendant que j'étais coupé. Mon postérieur, mon dos, mes jambes mais je ne sens pas la douleur, je sens juste tout le sang couler sur moi qui venait de moi-même et d'autres gens".

 Dans un autre témoignage, donné lors de cette même conférence de presse, une jeune fille a dit combien "la culpabilité d'être vivante est lourde". "Quand le monde pleure, des victimes sont tuées et méchamment massacrées, je me sens coupable de hurler pour mes jambes qui me font mal parce que je pourrais aussi ne rien sentir. Comme les 49 autres qui n'ont pas eu cette chance de sentir leur douleur", a raconté Patience Carter, très émue.

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