Les amoureux des arbres devront en prendre leur deuil. Les travaux d'aménagement du barrage de retenue d'eau de Janné (Kesrouan), et l'abattage d'arbres correspondants (environ 400 000 unités) se poursuivront jusqu'à nouvel ordre. Ainsi en a décidé, ou plutôt n'en a pas décidé, le Conseil des ministres, qui n'a pu discerner hier si les opposants à la construction du barrage invoquaient des raisons purement techniques, ou si celles-ci cachaient des motifs politiques.
Grand vainqueur des municipales de Tannourine (Batroun), qu'il a dédié à Dory Chamoun, le ministre des Télécoms, Boutros Harb, a annoncé hier, à l'issue d'une réunion stérile et fatigante du Conseil des ministres, que le gouvernement « n'a pris aucune décision » concernant le barrage hydraulique controversé de Janné.
« Le Conseil des ministres n'a pas pris de décision sur ce sujet. Le gouvernement s'est noyé dans ce barrage et il ne sait pas nager », a déclaré M. Harb à l'issue de la séance du Conseil des ministres.
Au passage, le ministre des Télécoms a révélé que « la localisation du barrage de Janné a été modifiée » dans le sens amont, précisant que l'ancien ministre de l'Énergie, Gebran Bassil, n'a pas justifié cette modification et que le titulaire actuel du portefeuille, Arthur Nazarian, n'en a été notifié qu'aujourd'hui.
L'étude d'impact du projet, effectuée par la société Gicom, était parvenue à des conclusions négatives au sujet du barrage, apprend-on de source ministérielle. Localisé sur une faille sismique, sa présence est un facteur aggravant de secousses, avait conclu l'étude, achevée le 31 août 2015, et rendue publique il y a seulement une semaine.
Pour sa part, grâce à un raisonnement par l'absurde qui en dit long sur le niveau des débats en Conseil des ministres, M. Bassil a affirmé qu'il n'est pas question d'arrêter les travaux d'aménagement du barrage, pas plus qu'il ne serait logique de cesser d'utiliser les décharges de la Costa Brava et de Bourj Hammoud, si une étude de leur impact sur l'environnement s'avérait négative.
Le gouvernement n'ayant pas su trancher hier, sur des bases objectives, les travaux d'aménagement et d'abattage des arbres se poursuivront, ont annoncé Gebran Bassil et Élias Bou Saab. L'un des arguments invoqués par le ministre des AE à ce sujet, c'est que le barrage servira à alimenter Beyrouth et le Kesrouan en eau, dans la perspective d'un recul de la pluviométrie et d'un réchauffement climatique, dans les années à venir.
Le Conseil des ministres s'est séparé sur l'impression que la construction du barrage était un fait accompli, même si le sujet a été inscrit à l'ordre du jour de sa prochaine réunion.
Selon Alain Hakim, ministre de l'Économie, la seule décision prise hier en Conseil des ministres a été l'octroi d'une somme de 400 millions de livres à une jeune fille, Dina Mahmoud Chéhabeddine (17 ans), qui a besoin d'une greffe du rein urgente, afin qu'elle puisse se faire opérer en France. C'est le sixième ou septième cas qui se présente, a assuré le ministre de la Santé, Waël Bou Faour.
Municipales
Par ailleurs, après les bilans municipaux, l'heure était hier au règlement de comptes. Et si Hadi Hobeiche a eu la sagesse de dédier au patriarche maronite sa victoire à Kobeyate, M. Harb l'a dédiée, lui, à Dory Chamoun, balayé de son fief de Deir el-Qamar, par les Forces libanaises et le CPL. Pour sa part, le ministre démissionnaire de la Justice, Achraf Rifi, a affirmé hier qu'il n'avait pas l'intention de revenir sur sa démission, et qu'il demeurait fidèle à la ligne politique de Rafic Hariri. Toutefois, il a révélé qu'il demanderait un nouveau décompte des voix à Tripoli, estimant suspect que sa liste ait obtenu 16 voix sur 22, plutôt que 20.
Enfin, les propos tenus par Samir Geagea à la télévision confirment ce que les observateurs prévoyaient dès le départ, savoir que l'alliance entre M. Geagea et Michel Aoun, dans la bataille municipale, était « arithmétique et non politique ». M. Geagea a déclaré en effet, mercredi soir, que en ce qui concerne les législatives, M. Aoun devra choisir entre le Hezbollah et les Forces libanaises.
Machnouk et la présidentielle
Pour sa part, dans un entretien télévisé sur la LBCI, le ministre de l'Intérieur a révélé qu'en appuyant Sleiman Frangié, le chef du courant du Futur, Saad Hariri, a avalisé un projet qui avait pris forme sur une proposition de la Grande-Bretagne, qui avait ensuite été approuvée par les États-Unis, puis par l'Arabie saoudite. Plaidant pour M. Hariri, Nouhad Machnouk a rappelé qu'il ne pouvait que se plier à cette décision, comme naguère il s'était rendu en Syrie, à son corps défendant.
En dépit du tournant pris aujourd'hui par la politique saoudienne, a-t-il dit, qui a choisi la confrontation politique et militaire avec l'Iran, il reste que sur le plan libanais, Riyad semble avoir assoupli sa position. Pour M. Machnouk, l'invitation lancée par l'ambassadeur saoudien à toute la classe politique signifie qu'elle a décidé de lever tous les veto, y compris sur Michel Aoun.
Confirmant cette orientation, M. Hariri a d'ailleurs invité MM. Aoun et Sleiman Frangié a rencontrer ensemble Hassan Nasrallah et à s'entendre sur la candidature de l'un d'eux, pour sortir le pays de la vacance présidentielle.
Par ailleurs, M. Machnouk a affirmé qu'il n'est pas hostile à l'alliance CPL-FL, mais qu'il reprochait à Samir Geagea de vouloir truster la représentativité chrétienne, et de dénier toute représentativité aux autres députés et ministres chrétiens.
commentaires (9)
Il fait savoir come le roseaux se plier avec le vent !!!
Bery tus
19 h 07, le 03 juin 2016