AFP/Anwar Amro
L'Association libanaise pour la démocratie des élections (Lade) a dénombré lundi 647 infractions durant le premier jour des élections municipales de 2016 qui se sont tenues le 8 mai dans les mohafazats de Beyrouth, de la Békaa et de Baalbeck-Hermel.
L'ONG a relevé, dans un rapport, "une nette augmentation des infractions, de manière générale, en comparaison avec les municipales de 2010". Elle fait ainsi état de "647 infractions à Beyrouth et dans la Békaa durant la journée du 8 mai (entre 7h et 19h), contre 314 infractions il y a six ans".
Sur les 647 infractions enregistrés le 8 mai, 425 l'ont été à Beyrouth et 222 dans la Békaa.
La Lade a noté "un recul au niveau de l'organisation du processus électoral, notamment un manque de sérieux de la part du ministère de l'Intérieur au niveau de la préparation des bureaux de vote, de l’entraînement des équipes de ces bureaux et du suivi des dépouillements".
Quelles types d'infractions ont été enregistrées dans ces régions ?
La publicité électorale, principales infractions
51% des infractions enregistrées par la Lade lors du premier dimanche des élections municipales 2016 concernent la publicité électorale à l'intérieur et autour des bureaux de vote. 21% des infractions constatées ont trait au manque d'infrastructures facilitant l'accès aux personnes handicapées. L'interdiction faite aux observateurs et aux délégués d'entrer dans les bureaux de vote représente 7% des infractions. Les interactions et les pressions exercées sur les électeurs représentent, elles, 6% des infractions. 5% d'entre elles sont liées à l'absence de contrôle des identités des personnes se présentant aux bureaux de vote, et 1% des infractions concernent les achats de voix.
(Lire aussi : Repères municipales : quels types d'infractions ont été constatées au Mont-Liban)
Achats de voix
Six cas d'achats de voix - trois à Beyrouth et trois dans la Békaa - ont été enregistrés dimanche 8 mai dans ces deux régions.
Selon la Lade, la Liste des Beyrouthins, qui l'a emporté dans la capitale, s'est rendue coupable de deux infractions de ce type, mis en lumière avec des preuves circonstanciées.
Toujours à Beyrouth, les délégués du parti Tachnag, présents dans les bureaux de vote dans le secteur de Marfa', ont été vus en train de signer des reçus à des votants. La Lade indique qu'il s'agit "probablement" d'achats de voix.
La Lade explique également avoir des preuves montrant des actes d'achat de voix à Zahlé, dans la Békaa, menés par la liste soutenue par Myriam Skaff, épouse de l'ancien ministre défunt Elias Skaff, et celle présidée par Moussa Fattouche, frère du député Nicolas Fattouche.
Situations de violence
A l'Ecole supérieure des filles de Bachoura, à Beyrouth, une altercation a opposé des partisans du mouvement Amal avec les forces de l'ordre, entraînant l'arrêt momentané des opérations de vote.
Dans le quartier de Hoch Zartana, à Zahlé, une altercation a opposé le dénommé Ibrahim Sakr à un partisan de la liste soutenue par Myriam Skaff, entraînant la fermeture du bureau de vote dans ce quartier.
A Jeb Jennine, dans la Békaa, une altercation a mis aux prises des délégués et les forces de l'ordre, entraînant l'arrêt momentané des opérations de vote et l'intervention de l'armée.
Pressions sur les électeurs
La Lade note que des pressions ont été exercées à plusieurs endroits par des délégués de la Liste des Beyrouthins. L'ONG relève également que des inconnus s'en sont pris à des électeurs dans le quartier d'Achrafieh, à Beyrouth.
A Zahlé, la Lade a noté des pressions dans un centre d'enseignement pour filles. Toujours à Zahlé, des délégués du Hezbollah ont mis beaucoup de temps à rendre les cartes d'identité des électeurs venus voter dans un bureau de vote dans une école.
Bureaux de vote désorganisés
La Lade a enregistré de nombreux signes de désorganisation, notamment dans les bureaux où les hommes politiques ont voté à Beyrouth, en raison de la présence des médias et des journalistes.
Dans le quartier de Rmeil, certains bureaux de vote n'étaient pas alimentés en électricité.
A l'école Laure Moghaizel, l'urne destinée au scrutin municipal a été permutée avec l'urne destinée au scrutin des moukhtars.
De nombreux signes de désorganisation ont été notifiés dans la Békaa, notamment à Zahlé, Chmastar et Brital. A Kessara, dans la même région, de nombreuses infractions dans les opérations de vote ont été enregistrées en raison du retard des présidents des bureaux de vote dans la localité.
De petites infractions, comme l'utilisation du permis de conduire comme preuve d'identité ou l'entrée d'une personne dans l'isoloir avec sa mère en chaise roulante, ont été enregistrées.
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