Le Hezbollah a annoncé vendredi la mort de son chef militaire en Syrie, Moustapha Badreddine, l'un des cinq membres du mouvement chiite accusés par le TSL du meurtre de Rafic Hariri, l'ancien Premier ministre libanais.
"Il a dit il y a quelques mois, +je ne reviendrai pas de Syrie, sauf en martyr ou en portant le drapeau de la victoire+. C'est le commandant en chef Moustapha Badreddine. Et il est revenu aujourd'hui en martyr", a déclaré le Hezbollah dans une déclaration diffusée par la chaîne Al-Manar.
Dans un communiqué publié un peu plus tard, le Hezbollah précise que Moustapha Badreddine a péri dans une "grande explosion" près de l'aéroport de Damas. "Les informations recueillies au cours de l'enquête préliminaire révèlent qu'une grande explosion a visé l'un de nos postes près de l'aéroport international de Damas, tuant le frère commandant Moustapha Badreddine et blessant d'autres personnes", indique le parti qui combat les rebelles en Syrie auprès des troupes du président Bachar el-Assad. Selon une source de la sécurité syrienne, l'explosion a eu lieu dans la nuit de jeudi à vendredi dans un entrepôt près de l'aéroport de Damas, où se trouvait Moustapha Badreddine.
La mort de Badreddine fait perdre au groupe l'un de ses plus importants leaders depuis la mort de son chef militaire en 2008 Imad Moughniyé. Une mort que le Hezbollah impute à Israël. "Il avait participé à la plupart des opérations de la résistance islamique depuis 1982", annonce le parti chiite dans un communiqué, en référence à sa date de création en 1982.
Moustapha Badreddine, sur la photo diffusée par le TSL. Special Tribunal for Lebanon/Handout via Reuters/File Photo
Le Parti de Dieu dit enquêter sur l'origine de l'explosion, qui pourrait être une frappe aérienne, un missile ou un tir d'artillerie. Dans son communiqué, le Hezbollah ne précise pas quand Moustapha Badreddine, âgé d'environ 55 ans, est mort.
La chaîne de télévision libanaise al Mayadeen avait auparavant déclaré que Badreddine avait été tué en Syrie par des frappes aériennes israéliennes. Israël a refusé de commenter l'information mais un ancien responsable israélien a reconnu que le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu avait accueilli avec satisfaction l'annonce de ce décès.
La Maison blanche a, pour sa part, indiqué qu'aucun appareil de la coalition en lutte contre le groupe Etat islamique (EI) ne se trouvait dans la région aérienne de Damas au moment de l'explosion. "Il n'y avait pas d'avion américain ou de la coalition dans la zone où on dit qu'il a été tué", a déclaré Josh Earnest, porte-parole de la présidence américaine, ajoutant ne pouvoir confirmer le décès du chef militaire.
Les funérailles de Moustapha Badreddine ont eu lieu vendredi après-midi à Ghobeyri, dans la banlieue-sud de Beyrouth. Il devait être enterré dans le fief du Hezbollah, à côté de Imad Moughniyé.
Moustapha Badreddine, ainsi que trois autres personnes, font l'objet de sanctions financières du Trésor américain depuis juillet 2015 pour leur "soutien actif (du parti) au régime Assad et des actions terroristes du Hezbollah". Selon le Trésor, en septembre 2011, Badreddine avait accompagné le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah lors de rencontres à Damas avec M. Assad pour discuter de la "coordination stratégique" alors que la Syrie commençait à s'enliser dans la guerre civile après la répression de la révolte contre le régime quelques mois plus tôt. Le Trésor précise que depuis 2012, "Badreddine coordonnait les activités militaires du Hezbollah en Syrie" et avait mené notamment une offensive contre la ville syrienne de Qousseir près de la frontière libanaise en 2013 d'où les rebelles ont été chassés après une violente bataille. Le parti chiite est devenu la bête noire des rebelles et de l'opposition syriens.
Le Tribunal spécial pour le Liban (TSL), créé pour juger l'assassinat du dirigeant Rafic Hariri dans un attentat à Beyrouth en 2005, avait, en outre, délivré des mandats d'arrêt contre Moustapha Badreddine, qualifié de "cerveau" de la planification de l'attentat, et contre quatre autres membres du Hezbollah.
Le parti, qui a rejeté toute paternité de l'attentat, a, à plusieurs reprises, exclu la remise des suspects.
Moustapha Badreddine avait fait ses premières armes au sein du Fatah palestinien. Il avait rejoint le Hezbollah après l'invasion israélienne du Liban à l'été 1982. Il est aussi l'un des auteurs des attentats contre le ambassades de France et des Etats-unis à Koweït en décembre 1983 et avait été arrêté. Les pirates de l'air qui avaient détourné un avion au Koweït en décembre 1984, ainsi qu'un appareil de l'ancienne compagnie aérienne américaine TWA en juin 1985, avaient réclamé sa libération. Moustapha Badreddine avait réussi à s'échapper de prison lors de l'invasion irakienne du Koweït en 1990.
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commentaires (18)
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ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
19 h 04, le 14 mai 2016