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Moyen Orient et Monde - Entretien express

Le gouvernement libyen d’union nationale reste fragilisé par l’attitude de Tobrouk

Kader A. Abderrahim, chercheur, maître de conférences à Sciences Po Paris et spécialiste du Maghreb et de l'islamisme, répond aux questions de « L'Orient-Le Jour ».

Le Premier ministre libyen Fayez el-Sarraj annonçant son projet de gouvernement d’union, à Tobrouk en mars 2016. Photo AFP

Le gouvernement libyen d'union nationale contrôle aujourd'hui 8 ministères et s'est rallié le soutien d'une majorité parlementaire. Cette autorité de fait suffit-elle à lui conférer une légitimité en l'absence d'un vote formel du Parlement de Tobrouk ?
La reconnaissance parlementaire est la condition nécessaire pour que ce gouvernement d'union soit reconnu comme légitime. Il pensait que la principale difficulté viendrait de Tripoli. Or, c'est au sein de son propre camp qu'il est contesté, puisque Tobrouk refuse à la fois de ratifier l'accord de Skhirat du 17 décembre dernier (parrainé par l'Onu qui a donné naissance au gouvernement d'union, NDLR) et la composition du nouveau gouvernement. Le contexte est aujourd'hui beaucoup trop volatil, et il n'est pas impossible d'assister par la suite à un moment de crispation. Le gouvernement pourrait perdre le contrôle de certains ministères, ou voir sa légitimité remise en cause par les milices.

 

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Quels sont les principaux enjeux sur lesquels s'opposent le gouvernement d'union et les parlementaires qui contestent son autorité ?
Tout d'abord, on considère que l'accord de Skhirat a été signé sous la contrainte et qu'il n'est que le résultat de la volonté des puissances étrangères. Il y a également des rivalités interpersonnelles qui persistent, certains chefs de tribu protégeant des intérêts particuliers n'ont pas obtenu de garanties suffisantes de la part de ce gouvernement. Par ailleurs, il est nécessaire de rappeler qu'un certain nombre de parlementaires sont toujours exilés en Tunisie et en Égypte, et refusent de rentrer pour des raisons de sécurité. Il est urgent aujourd'hui de réunir tous les parlementaires, non plus à Tobrouk mais à Tripoli, pour ratifier l'accord et la composition du gouvernement auquel il manque encore cette double légitimité.

 

Quelles seraient les conséquences sur le plan de la reconnaissance internationale de l'absence de légitimité parlementaire du gouvernement d'union ? Pourra-t-il être reconnu comme interlocuteur valable sur le long terme ?
Je ne pense pas qu'il y ait de répercussions sur le plan du soutien des pays occidentaux. N'oublions pas que, dès le départ, c'est fort de cet appui que le chef du gouvernement d'union nationale Fayez el-Sarraj a quitté Zarzis dans des conditions rocambolesques à bord d'un navire de guerre et qu'il est resté plusieurs jours dans la base de Tripoli avant de recevoir l'allégeance des tribus. Il est reconnu de facto par la communauté internationale et je pense que même si aucun accord politique n'est trouvé, les pays occidentaux passeront outre pour conclure des accords sécuritaires et résoudre les questions urgentes avec ce gouvernement.

 

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