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Liban - Déficience mentale

Des ballons, des rires et des tambours dans les rues de Jounieh

Hier, entre 9 000 et 12 000 personnes ont participé à la marche annuelle de l'association al-Younbouh.

Photo Julie Capelle

Pour la treizième année consécutive, une marche met à l'honneur les citoyens souffrant de déficiences mentales. Avec un parcours de cinq kilomètres, elle a rassemblé jusqu'à douze mille personnes. La marche était organisée par l'association al-Younbouh, dont le centre est situé à Haret Sakhr. Celle-ci s'occupe de l'éducation et de l'intégration de personnes handicapées de plus de quatorze ans, alors que la plupart des associations entourant les personnes souffrant de ce type de handicap acceptent uniquement les plus jeunes.

À dix heures tapantes, les participants, rassemblés au stade Fouad Chehab de Jounieh, se sont ébranlés en direction du centre de la ville, avant de retourner au point de départ. Deux heures durant, des chants et des visages radieux ont conféré un air de fête aux rues de la localité. Le soleil était, à leur image, radieux.
Des jeunes scouts ont distribué à tous les participants des autocollants Walk With al-Younbouh et encadré la marche en chantant à travers les rues. Certains d'entre eux étaient même munis d'une darbouka.
Des membres d'associations et des personnes venues de Saïda, de Tripoli, de la banlieue sud et d'autres villes du Liban étaient présents pour l'événement. Parmi eux, Sesobel, qui s'occupe de jeunes souffrant de
déficiencde mentale. « Même si nous sommes membres d'une autre association, il est important pour nous d'être ici. C'est aussi notre journée », explique une volontaire, Michella.

Un parcours animé
Parmi les marcheurs, des visages bien connus des Libanais : Miss Liban, Valérie Abou Chacra, et une des stars du petit écran, Tony Baroud, qui anime la marche chaque année, étaient fidèles au rendez-vous. C'est Tony Baroud qui a d'ailleurs guidé les participants dans les dédales de Jounieh. Des arrêts, avec des animations à la clé, étaient prévus.

Première étape – très attendue – devant la municipalité : sur une estrade aménagée pour l'occasion, sept couples vêtus de costumes bleus et jaunes, des chapeaux de paille sur la tête et tenant des cœurs rouges en carton dans les mains, ont virevolté sur la scène, au rythme d'une musique folklorique libanaise.
Préparée durant deux mois avec le chorégraphe Sami el-Hage, volontaire depuis huit ans pour l'association, la représentation a été selon lui « un succès ». « Les personnes du centre vivent dans un monde à part. Ils ont une innocence et une joie immenses à partager. C'est ce que je veux que le public ressente lorsqu'ils dansent ». Mission accomplie, si l'on en croit les applaudissements de la foule présente alors que les sept couples de danseurs quittaient la scène.
Deuxième étape : le parking du Chir où tout le monde a pu s'éclater au son d'une musique moderne avant le moment très attendu du lâcher de ballons de toutes les couleurs accrochés aux bras des participants peu avant le départ. Un peu plus loin, à proximité du rond-point de Jounieh, un olivier a été planté, comme chaque année depuis six ans, par la directrice de l'association, Nicole Nehmé.
Une dabké endiablée a clôturé la marche à la grande joie des participants, dont plusieurs, notamment des jeunes trisomiques, ont fini par joindre l'événement.

Une association qui grandit
Au milieu de la foule, Peggy, qui souffre d'un handicap mental, porte un sourire radieux. Membre du centre al-Younbouh depuis maintenant treize ans, elle attend chaque année cette marche avec impatience.
« C'est une joie pour toute la famille d'être ici. Nous sommes aujourd'hui des milliers. Lors de la première marche, nous n'étions qu'une cinquantaine de participants », explique sa mère Carmen, très active au sein de l'association.
« Les gens sont plus compréhensifs. Ils ne s'éloignent plus et réalisent enfin que les personnes souffrant de déficience mentale peuvent avoir un rôle dans la société », renchérit Juliette, tenant à son bras Pierre, son fils trisomique.

Le centre al-Younbouh a vu le jour en 1997. Maya Frem, touchée par le désarroi de parents qui ne trouvaient pas d'associations pour leurs enfants, trop âgés pour la plupart des centres, s'est donnée pour mission d'intégrer ces personnes à la société. Aujourd'hui plus de 120 volontaires et employés de tous âges travaillent pour l'association et plus de 60 personnes handicapées résident au centre.
« Beaucoup de membres du centre finissent même par avoir un emploi. On travaille beaucoup à leur autonomie, et notre assistante sociale vérifie aussi qu'ils sont traités décemment sur leurs lieux de travail », explique-t-elle fièrement.
Si elle reconnaît l'importance d'éduquer au plus tôt les personnes souffrant de déficience mentale, elle est fière des progrès réalisés par les membres plus âgés du centre al-Younbouh, qui vont jusqu'à surprendre les parents : « Un de nos membres, issu d'une famille modeste, a trouvé un emploi. Lorsqu'il a touché son salaire, sa mère est venue nous voir en pleurant de joie. »
Infatigable, Maya Frem travaille activement à agrandir le centre pour pouvoir accueillir de jeunes pensionnaires. « On espère que ce nouveau centre, dédié aux moins de quatorze ans, sera prêt pour octobre », conclut-elle.

 

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