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Liban

Pharaon à « L’OLJ » : La question de l’abolition de la Sécurité de l’État ne se pose pas

Même si le dossier de la sécurité de l'aéroport sera examiné aujourd'hui en Conseil des ministres préalablement au dossier sur la Sécurité de l'État, les ministres qui tiennent au second ont l'intention d'en débattre, « quitte à bloquer une nouvelle fois la réunion », révèle une source ministérielle à L'Orient-Le Jour.
Lors du Conseil des ministres de jeudi dernier, la question de la Sécurité de l'État avait été soulevée par le ministre Michel Pharaon, relayé par les ministres Kataëb et ceux du Changement et de la Réforme, qui ont interrompu l'examen de la clause relative au déblocage de fonds pour les Forces de sécurité intérieure, et exigé que ce soit le financement de la Sécurité de l'État qui soit réglé prioritairement aux autres services de sécurité. Cette impasse avait conduit le Premier ministre à interrompre la réunion.

La Sécurité de l'État subit de plusieurs mois un blocage de fonds. Le Premier ministre (dont répond ce service en l'absence d'un président) ainsi que le ministre des Finances exigent que chaque demande de déblocage de fonds qui leur est soumise par le directeur de la Sécurité de l'État soit contresignée par son second. La question de la répartition des prérogatives entre le directeur et le vice-directeur, telle que prévue par la loi, n'avait jamais posé problème, précise à L'OLJ une source autorisée. La remise en cause des rapports entre le directeur et son second n'a pas de motifs clairement définis (une volonté d'abolir ce service ? D'en amender les mécanismes de manière à limiter son action, ou celle de son directeur ?). Les tiraillements entre le responsable (grec-catholique) et le sous-responsable (chiite) ont fini par prendre une tournure confessionnelle.

À la suite de la suspension du Conseil des ministres jeudi dernier, les contacts se sont intensifiés pour trouver une issue à ce litige. Une rencontre avait eu lieu en fin de semaine dernière entre les ministres Ali Hassan Khalil et Michel Pharaon, sans toutefois aboutir à un accord sur une modalité de relance de la Sécurité de l'État. Ce que M. Pharaon confie néanmoins à L'OLJ c'est que « la question de l'abolition de cet appareil ne se pose pas ». Cette crainte de « paralyser l'appareil en vue de l'abolir » est pourtant évoquée par plusieurs parties, comme les Forces libanaises par la voix du député Fady Karam hier.

(Pour mémoire : Département de la Sécurité de l'État : les ministres chrétiens déterminés à aller jusqu'au bout)

 

Conférence de presse de Pharaon
Lors d'une conférence de presse à son bureau hier, le ministre du Tourisme a tenu à ôter au débat tout caractère confessionnel. « Ce dossier n'est pas de nature confessionnelle : nous estimons que l'appareil subit des mesures illégales, sous-tendues par des considérations politiques. C'est pourquoi nous appelons à débattre de cette affaire en Conseil des ministres (...). Toute personne qui s'informe des détails de ce dossier peut voir qu'il comporte des faits anormaux. » M. Pharaon en a retenu notamment le blocage depuis neuf mois du versement de fonds alimentant la caisse noire (réservée aux dépenses occultes) de la Sécurité de l'État. Il a rappelé que cet appareil a « pour mission de réunir les informations touchant à la sécurité de l'État par le biais de réseaux particuliers qui s'étendent sur tout le territoire libanais » (selon le décret-loi relatif). Bloquer les fonds occultes, réservés aux opérations secrètes menées par cet appareil, « conduit à le paralyser », a-t-il constaté.

Il a évoqué en outre le gel depuis « deux mois » de la procédure d'obtention de données téléphoniques. « Il existe plus de 200 demandes de données téléphoniques, liées à des affaires de terrorisme, de drogues et d'autres dossiers très sensibles », adressées au Premier ministre, auxquelles ce dernier ne donne pas suite. Notons que M. Salam exige que ces demandes soient contresignées par le vice-directeur de la Sécurité de l'État.
Parmi les solutions proposées pour régler l'affaire, M. Pharaon a dénoncé notamment « l'idée de nommer un nouveau directeur et un nouveau vice-directeur de cet appareil ». Une idée rejetée par le ministre et qui « n'a en tout cas pas été avancé par le Premier ministre », a-t-il dit. Notons que le service du vice-directeur touche à sa fin dans deux mois (en juin prochain) et celui du directeur en 2017.
Valorisant la direction « intègre » de l'appareil, le ministre s'est en même temps dit disposé à en débattre avec ceux qui en contestent la gestion, « quitte à envisager la démission du directeur de la Sécurité de l'État ».

Même s'il entend pousser le débat en Conseil des ministres « jusqu'au bout », c'est-à-dire jusqu'à la relance de cet appareil, M. Pharaon a en même temps précisé ne « pas être adepte des surenchères, ni des scandales ni de la démagogie confessionnelle ». Il a toutefois critiqué le fait que le Conseil des ministres considère comme prioritaire la sécurité de l'aéroport, au point de faire « un chantage » à ce niveau « en faisant croire que l'affaire de la Sécurité de l'État bloque la question de l'AIB ». Pour lui, il s'agit de deux dossiers étroitement liés à l'enjeu sécuritaire. Il s'est demandé d'ailleurs pourquoi la question de l'aéroport est soudainement devenue si pressante, « ne pouvant attendre trente minutes supplémentaires de débat pour régler la question du financement de la Sécurité de l'État ».


Alors que les ministres du courant du Futur se sont abstenus de se prononcer sur cette question, lors du débat jeudi au Grand Sérail, une source du courant du Futur explique à L'OLJ que « toute intervention aurait été injustifiée, puisque la question de la Sécurité de l'État est prévue à l'ordre du jour du Conseil des ministres. La volonté de hâter l'examen de cette clause n'a d'autre explication que la surenchère chrétienne ».
Pour l'ancien ministre Sélim Jreissati, qui a fait une déclaration à l'agence al-Markaziya, « accoler un caractère confessionnel à l'affaire de la Sécurité de l'État a pour objectif de mettre en échec toute solution ». Le ministre Abdel Mouttaleb Hennaoui a estimé en revanche que « la solution peut être trouvée, à condition que chaque partie accorde la priorité à l'intérêt national (...). La solution est administrative et doit se faire par le biais du Premier ministre ». C'est la même approche qu'a préconisée le député Atef Majdalani, membre du bloc du Futur, qui a appelé en outre, à l'instar de plusieurs membres de ce bloc hier, à régler d'urgence la question de la sécurité de l'aéroport, « qui ne supporte plus aucun report ».

À l'issue de sa réunion hier, le bureau politique du parti Kataëb a pris une position médiane, estimant que les deux questions de la Sécurité de l'État et de l'aéroport sont tout aussi sérieuses. « Le parti estime que la manière du gouvernement de traiter des dossiers d'une manière sélective et de reporter l'examen des dossiers litigieux est une source d'épuisement et de paralysie : il est demandé que le gouvernement soit plus déterminé à régler les affaires qui menacent la sécurité, à commencer par la situation de l'aéroport. Le parti réclame également de mettre un terme définitif au conflit virtuel dont fait l'objet la Sécurité de l'État, en vertu de la règle générale selon laquelle le directeur n'est pas seulement supérieur à son second, mais il est aussi responsable d'une unité sécuritaire entière. Toute limitation de ses prérogatives en dehors des cadres institutionnels et légaux provoquera une paralysie. »

 

Pour mémoire
Machnouk demande de retirer les propos confessionnels du compte rendu du Conseil des ministres

Même si le dossier de la sécurité de l'aéroport sera examiné aujourd'hui en Conseil des ministres préalablement au dossier sur la Sécurité de l'État, les ministres qui tiennent au second ont l'intention d'en débattre, « quitte à bloquer une nouvelle fois la réunion », révèle une source ministérielle à L'Orient-Le Jour.Lors du Conseil des ministres de jeudi dernier, la question...

commentaires (2)

DU : N,Y TOUCHEZ PAS ! LA SECURITE DE L,ETAT DERNIER REMPART CONTRE LA MAINMISE...

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 27, le 12 avril 2016

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Commentaires (2)

  • DU : N,Y TOUCHEZ PAS ! LA SECURITE DE L,ETAT DERNIER REMPART CONTRE LA MAINMISE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 27, le 12 avril 2016

  • Rien à se mettre sous la dent.

    FRIK-A-FRAK

    10 h 01, le 12 avril 2016

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