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Économie - Focus

Le libre-échange, nouvelle cible des candidats aux primaires américaines

Le candidat aux primaires démocrates Bernie Sanders estime que les accords de libre-échange sont un « désastre ». Scott Audette/Reuters

Le président Barack Obama en a fait le cœur de sa politique économique, mais les prétendants à sa succession ne veulent pas en entendre parler : le libre-échange a spectaculairement perdu la cote aux États-Unis. Dans le pays chantre de la mondialisation, l'abolition des barrières commerciales compte ainsi de farouches détracteurs parmi les candidats à l'investiture présidentielle, chez les démocrates, mais aussi, de manière plus surprenante, côté républicain.
Poussée sur sa gauche par son rival Bernie Sanders, Hillary Clinton a ainsi affirmé que les accords de libre-échange avaient « l'air souvent fantastiques sur le papier », mais que leurs résultats n'étaient pas toujours « à la hauteur ». La favorite des primaires démocrates a même formellement déclaré son opposition au traité de libre-échange récemment signé par les États-Unis et 11 pays de la région Asie-Pacifique (TPP). Bernie Sanders va plus loin. Ces accords sont un « désastre pour les travailleurs américains » et contribuent à un « nivellement par le bas » favorable aux grandes entreprises, affirme le sénateur socialiste.
De l'autre côté de l'échiquier, le ton est à peine différent. Donald Trump, qui fait la course en tête chez les républicains, martèle que les accords commerciaux actuels « n'apportent rien de bon » et promet des mesures protectionnistes contre la Chine ou le Mexique. Son principal rival, Ted Cruz, est bien plus modéré, mais il a toutefois refusé en 2015 de voter en faveur d'une procédure d'accélération des négociations commerciales.
Cette rhétorique et l'écho qu'elle rencontre commencent à « inquiéter » les milieux d'affaires, très attachés au libre-échange, reconnaît-on chez le puissant lobby patronal de l'US Chamber of Commerce. « Les remèdes proposés sont pires que la maladie », assure un de ses vice-présidents, John Murphy.

Rupture
Ce nouveau ton tranche également avec les récentes décennies pendant lesquelles les États-Unis ont défendu l'ouverture des frontières commerciales et l'accélération des échanges, faisant fi des alternances politiques. Le démocrate Bill Clinton a ainsi paraphé en 1994 le traité de libre-échange Nafta avec le Mexique et le Canada tandis que son successeur à la Maison-Blanche George W. Bush a multiplié les accords commerciaux. Barack Obama a prolongé cet héritage en s'engageant dans deux vastes accords régionaux : le TPP et son équivalent européen, le TTIP. « Un commerce juste et libre est porteur de millions d'emplois américains bien payés », assurait-il en 2013.
Trois ans plus tard, les électeurs américains en semblent de moins en moins persuadés. Edward Alden, expert au Council on Foreign Relations, explique qu'« il y a beaucoup de gens qui n'ont pas profité de la mondialisation et qui montrent dans cette élection à quel point ils sont en colère ».
L'opacité des négociations commerciales contribue également à alimenter la méfiance. « L'époque à laquelle (...) on sortait avec un accord et où les gens disaient O.K., ça me va est révolue. Les gens veulent (...) de la transparence », a admis mercredi la commissaire européenne au Commerce Cecilia Malmström, de passage à Washington. Si ce changement de cap se confirmait, les Européens et les États signataires du TPP auront en principe fort à faire avec le prochain pensionnaire de la Maison-Blanche.
Mais les discours de campagne ne survivent pas toujours à la realpolitik. Le nouvel occupant du bureau Ovale se rend souvent compte que le commerce est un outil nécessaire pour la prospérité américaine, assure M. Murphy.
Jeremy TORDJMAN/AFP

Le président Barack Obama en a fait le cœur de sa politique économique, mais les prétendants à sa succession ne veulent pas en entendre parler : le libre-échange a spectaculairement perdu la cote aux États-Unis. Dans le pays chantre de la mondialisation, l'abolition des barrières commerciales compte ainsi de farouches détracteurs parmi les candidats à l'investiture présidentielle,...

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