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Moyen Orient et Monde - Conflit

Escalade verbale dangereuse entre Ankara et Moscou

Les Kurdes avancent au nord de la Syrie ; cinquante personnes tuées par des missiles tirés sur des hôpitaux et des écoles.

L’hôpital détruit, soutenu par MSF à Maaret al-Néman, hier. Ghaith Omran/AFP

Les forces kurdes de Syrie se sont emparées hier de la plus grande partie d'un bastion rebelle dans le nord de la Syrie en dépit des bombardements de la Turquie, engagée dans une escalade verbale avec la Russie.
Le ton devient de plus en plus acerbe entre Moscou et Ankara, témoignant de l'internationalisation croissante du conflit syrien. La Russie, principale alliée du régime de Bachar el-Assad, a dénoncé les « actions agressives » de la Turquie qui s'apparentent, selon elle, à un « soutien non voilé au terrorisme international ».
Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a répliqué en accusant la Russie de se comporter « comme une organisation terroriste » en Syrie où elle mène, au même titre que les jihadistes du groupe État islamique (EI), des « attaques barbares contre la population civile ». Si elle continue, « nous lui opposerons une riposte extrêmement résolue », a-t-il averti.
Cette guerre des mots est suivie avec une inquiétude croissante par les pays occidentaux, qui semblent impuissants à peser sur le cours des événements.
Elle intervient alors que l'armée turque a pilonné, pour le troisième jour consécutif, des positions des forces kurdes à proximité de la frontière syro-turque dans la province septentrionale d'Alep.
Une batterie de trois canons a ainsi à nouveau ouvert le feu pendant 20 minutes en début d'après-midi depuis Akcabaglar, à environ 5 kilomètres du poste-frontière d'Oncupinar, a constaté un photographe de l'AFP.
Malgré ces tirs, les Kurdes continuent à progresser depuis l'ouest de la province après avoir conquis plusieurs localités aux mains de groupes insurgés, ainsi que de l'aéroport de Minnigh.
Ils ont pris le contrôle de Tall Rifaat, un des trois derniers grands bastions rebelles dans la province. Les combats de rue faisaient rage hier dans le nord et le nord-est de cette petite ville tenue par des islamistes soutenus par la Turquie et l'Arabie saoudite, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

« Ligne rouge » pour la Turquie
Dans cette bataille, les Kurdes ne se sont alignés ni sur le régime ni avec les rebelles : leur objectif est de relier les zones qu'ils contrôlent dans le nord de la Syrie afin de créer une région autonome unifiée, à l'image de leurs frères irakiens. Selon l'OSDH, ils contrôlent les trois quarts des 800 km de frontière.
Ils veulent surtout « avancer vers le territoire tenu par les ultraradicaux du groupe État islamique (EI) dans l'est de la province d'Alep », qui est morcelée entre les différents belligérants, explique Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'OSDH.
Malgré les appels lancés par Washington et Paris à y mettre fin, M. Davutoglu a prévenu que ces bombardements allaient se poursuivre, notamment pour empêcher les Kurdes de prendre Aazaz. « Nous ne laisserons pas Aazaz tomber. La (milice des) YPG ne sera pas autorisée à avancer vers l'ouest de l'Euphrate et à l'est (du canton) d'Afrine », a-t-il affirmé hier.
L'implication turque embarrasse les Occidentaux, qui sont à la fois alliés de la Turquie au sein de l'Otan, et des Kurdes, qu'ils considèrent comme la force la plus capable de lutter contre l'EI qui contrôle une partie de la Syrie et de l'Irak.
Elle rend aussi encore plus complexe la situation militaire dans la province d'Alep quinze jours après le début, le 1er février, d'une vaste offensive des forces du régime, soutenues par d'intenses bombardements russes. L'armée syrienne encercle désormais presque totalement les quartiers rebelles d'Alep, l'ex-capitale économique du pays, et progresse au nord de la ville.
La poursuite des combats laisse peu d'espoirs qu'une « cessation des hostilités » puisse intervenir en fin de semaine, comme le prévoit l'accord conclu entre les grandes puissances vendredi à Munich, en Allemagne.
Par ailleurs, cinquante personnes, dont des enfants, ont été tuées par des missiles tirés sur des hôpitaux et des écoles, l'Onu dénonçant des « violations flagrantes du droit international ». Les attaques contre cinq établissements médicaux et deux écoles dans les provinces d'Idleb et d'Alep « jettent une ombre sur les engagements pris par le Groupe de soutien international à la Syrie » sur une cessation des hostilités, a d'ailleurs estimé le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon.
Hier, un hôpital soutenu par Médecins sans frontières (MSF) dans le nord-ouest du pays, à Maaret el-Noomane, à 280 km au nord de Damas, a été pris pour cible par des frappes aériennes qui ont tué au moins sept personnes tandis que huit membres du personnel étaient portés disparus, selon l'ONG.
« Il s'agit d'une attaque délibérée » qui « prive d'accès aux soins les quelque 40 000 personnes vivant dans cette zone de conflit ouvert », a dénoncé à l'AFP Massimiliano Rebaudengo, le chef de mission de MSF pour la Syrie.
Les frappes étaient vraisemblablement russes, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG qui dispose d'un vaste réseau de sources dans le pays en guerre.
L'Unicef a indiqué que quatre hôpitaux, dont deux soutenus par l'organisation, avaient été frappés. Deux écoles dans la ville d'Aazaz ont aussi été bombardées et six enfants y sont morts.
Les États-Unis ont dénoncé ces bombardements fustigeant une nouvelle fois la « brutalité » du régime du président syrien Bachar el-Assad et de son allié russe. De son côté, l'ambassadeur de Syrie à Moscou a accusé hier l'aviation américaine d'avoir « détruit » cet hôpital de la région d'Idleb, rejetant les accusations de Washington. « Vraiment, l'aviation américaine l'a détruit. L'aviation russe n'a rien à voir dans tout ça, les renseignements recueillis en témoignent clairement », a assuré Riad Haddad dans une interview accordée à la chaîne de télévision publique russe, Rossiya 24, diffusée hier soir.
Selon le diplomate syrien, les accusations américaines sont « une manifestation de la guerre de l'information qui a commencé dès les premiers jours du conflit en Syrie ».
(Source : AFP)

Les forces kurdes de Syrie se sont emparées hier de la plus grande partie d'un bastion rebelle dans le nord de la Syrie en dépit des bombardements de la Turquie, engagée dans une escalade verbale avec la Russie.Le ton devient de plus en plus acerbe entre Moscou et Ankara, témoignant de l'internationalisation croissante du conflit syrien. La Russie, principale alliée du régime de Bachar...

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