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Moyen Orient et Monde - Sommet

La France et l’Iran ouvrent un « nouveau chapitre »

De Paris, Hollande et Rohani affirment leur volonté de régler les crises qui secouent le monde, en particulier le Proche-Orient et le Golfe, par le dialogue.

Le président français François Hollande et son homologue iranien Hassan Rohani hier, à l’Élysée. Stephane de Sakutin/AFP

Au terme de la deuxième et dernière journée de sa visite officielle à Paris, le président français, François Hollande et son homologue iranien, Hassan Rohani, ont ouvert hier à l'Élysée un « nouveau chapitre » dans les relations franco-iraniennes. L'entretien de plus de deux heures, suivi d'une conférence de presse commune, a constitué le moment fort de la visite du président iranien à Paris, une première depuis 17 ans.

S'adressant en premier à la presse, le président français a souligné l'importance de la visite de son homologue iranien et affirmé que les deux pays vont unifier leurs efforts pour optimiser leurs relations bilatérales, notamment sur les plans économique et social, mais aussi pour tenter de régler les crises qui secouent le monde et en particulier le Proche-Orient et le Golfe.
M. Hollande a rappelé la solidité des liens historiques entre la France et l'Iran affirmant que ces liens sont maintenant rétablis grâce à l'instauration d'une confiance mutuelle entre les deux pays.
Le chef de l'État français, imité en cela quelques minutes plus tard par son hôte, a affirmé qu'au-delà des diverses crises, l'ennemi commun est le terrorisme aveugle qui menace le monde entier et qu'il faut affronter, notamment en Syrie et en Irak, déchirés par une guerre à caractère religieux et ethnique.


(Lire aussi : France-Iran : retour sur 37 années de hauts et de bas)

 

Confiance mutuelle
Prenant la parole à son tour, le président iranien a remercié son homologue et le peuple français pour leur accueil se félicitant du rapprochement des vues des diplomaties des deux pays à l'égard des grandes questions qui se posent dans le monde. Il a souligné la confiance mutuelle et la solidité des liens rétablis entre Paris et Téhéran qui permettront aux deux pays d'avancer ensemble sur la voie du progrès et d'œuvrer pour la paix et la solution politique des conflits actuels.

En réponse aux questions des journalistes, les deux présidents ont exprimé des points de vue proches sur l'avenir du monde et le bien-être des peuples.
« C'est un nouveau chapitre de nos relations qui s'ouvre aujourd'hui et je veux que cette relation puisse être utile à nos deux pays, utile à la région, qui est hélas marquée par des guerres, des crises et donc des tragédies, et utile au monde », a déclaré M. Hollande.
Hassan Rohani a émis le souhait de « rattraper le retard », après des années de brouille avec l'Occident liée aux ambitions nucléaires de son pays. L'accord passé l'été dernier sur ce sujet a abouti il y a une semaine à la fin des mesures de représailles qui pénalisaient la puissance régionale chiite.
« Nous allons maintenir nos engagements à condition que la partie adverse tienne aussi l'ensemble de ses engagements », a souligné M. Rohani, dont les propos étaient traduits.

Sur le plan politique, les deux présidents ont passé en revue la situation au Moyen-Orient et dans le Golfe en exposant leurs points de vue et en comparant les moyens dont ils disposent pour régler tous les problèmes par la négociation et les moyens pacifiques.
La vive tension saoudo-iranienne, les guerres du Yémen, de Syrie, d'Irak et la crise libanaise ont été évoquées et discutées et les deux présidents ont exprimé leur volonté de coopérer étroitement et durablement pour trouver des solutions à tout cela par le dialogue et la diplomatie.
Les maîtres d'œuvre de cet immense chantier politico-diplomatique ne seront autres que les ministres français et iranien des Affaires étrangères qui se réuniront périodiquement pour rendre compte des efforts déployés et des résultats espérés.

(Lire aussi : Convergence de vues inédite Hollande-Rohani sur le Liban)

 

La Syrie
La levée des sanctions consacre le retour de la diplomatie iranienne au premier plan – retour redouté par l'Arabie saoudite sunnite – au moment où un difficile processus politique sur la Syrie tente de se mettre en place sous l'égide de l'Onu.
Téhéran est avec Moscou le principal allié du président syrien Bachar el-Assad. Les pays européens, France en tête, soutiennent les opposants, principalement sunnites.
L'avenir de la Syrie, avec ou sans Bachar el-Assad ? C'est au peuple syrien et à lui seul d'en décider, a répliqué M. Rohani. « Nous devons absolument aider le peuple syrien et le futur de la Syrie doit venir des efforts du peuple syrien », a ajouté le président iranien. Quant à François Hollande, il a jugé « urgent de mettre en œuvre des mesures humanitaires mais aussi de négocier une transition politique. Elle est possible, elle est pour l'instant renvoyée à une négociation qui tarde à s'ouvrir », a-t-il rappelé, alors que des discussions, les premières en deux ans, sont censées s'ouvrir dans les prochains jours à Genève entre des représentants du régime et de l'opposition.

(Lire aussi : Paris et Téhéran inaugurent leur nouvelle lune de miel par une flopée de contrats)

 

Arabie saoudite
Le président français a par ailleurs prôné la « désescalade » entre Téhéran et Riyad, qui ont cessé toute relation diplomatique après l'exécution par les Saoudiens d'un religieux chiite.
« Nous devons tout faire pour qu'il puisse y avoir un retour à l'apaisement », a dit François Hollande. « Une désescalade et un retour à une forme de stabilité qui doit demain devenir un élément de partenariat dans la région. »
Hassan Rohani a émis le souhait que « le conflit entre l'Iran et l'Arabie saoudite soit réglé d'un point de vue diplomatique, dans le dialogue et la discussion ».

(Lire aussi : "Pendue" sous un pont pour accueillir Rohani à Paris)

 

Droits de l'homme
La délicate question des droits de l'homme en Iran a été abordée, à l'heure où des organisations dénoncent une forte hausse des exécutions et du nombre de prisonniers politiques.
À une question à ce sujet, le président Rohani a dit que tous les peuples aspirent à ces droits et que ceux-ci doivent être appliqués partout. « Ce qui n'est malheureusement pas le cas aujourd'hui », a-t-il estimé.
« Nous avons parlé de tout parce que c'est toujours la règle de conduite de la France. J'ai rappelé l'attachement de la France aux droits de l'homme », a dit François Hollande.

Actifs contre le terrorisme
Enfin, le président iranien a déclaré hier que les deux pays devaient « lutter contre le fanatisme, le terrorisme et l'extrémisme », notamment en partageant leurs renseignements. « Nous devons être actifs dans ces domaines en échangeant nos informations au point de vue des renseignements », a-t-il précisé.

 

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