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Culture - Rencontre

Une diva arabe entre musique sacrée et « tarab » traditionnel

Brune piquante, voix aux pépites d'or, Abeer Nehmé a le public sous sa coupe. À l'applaudir ce soir à l'Amphithéâtre Abou Khater avec l'Orchestre national libanais arabo-oriental sous la houlette de Loubnan Baalbaki.

Abeer Nehmé : « J’aurais aimé être dans un autre temps… Ces temps sont moches. »

Foulard noir noué autour du cou et veste rouge baccarat assortie au vernis à ongles pour des mains blanc coton. Regard à la fois sombre et lumineux, sourire entre madone et star d'un chant bien modulé. Un parcours atypique. Pour talents et facettes multiples.
Pour la canonisation du saint Hardini et de sainte Rafqa, elle a chanté au Vatican. Le film Bosta de Philippe Aractingi porte son empreinte pour sa bande musicale. Le jazz oriental lui doit les arrangements du célèbre « Quizas, quizas, quizas ». Et ses doigts ont la caresse de Mélusine pour le « qanun » dont elle pince les cordes en toute savante féerie...

Comme son prénom l'indique, Abeer en langue arabe est l'arôme des fleurs. Mais aussi celui de la vie dont elle sonde et explore, en toute intrépidité et gourmandise, les aspects les plus divers. Les plus riches culturellement.
« Ma demeure c'est la musique, dit-elle. C'est là où j'habite. Je ne me souviens plus quand j'ai commencé à chanter, autant dire depuis toujours. À neuf ans, je connaissais tout Asmahan et je la chantais carrément sur le toit de notre maison à Tannourine. Pour mieux me faire entendre...

Sans doute c'est dans les gènes. Mon père, un retraité de l'armée, avait une si belle voix de ténor ! Si j'ai commencé par le chant de la musique religieuse (syriaque, maronite, orthodoxe, byzantin), c'est que j'ai une famille croyante, et, il ne faut pas l'oublier, je suis issue de l'Université Saint-Esprit-Kaslik... Mais très vite je me suis tournée vers le théâtre, grâce à Élias Rahbani et Antoine Ghandour... À Fès, au Maroc, j'ai joué et chanté dans la Conférence des oiseaux d'al-Attar.

Une vie ne me suffit pas pour réaliser mes rêves. Tous les jours et tous les instants j'en fais de nouveaux... Un rêve ça n'attend pas. Je ne me cantonne, je ne me limite pas à une expression. Je voudrais être plurielle, dans la cohérence. »

Innombrables voyages en Occident et en Orient, succès foudroyant pour plus de deux ans avec Les Mille et Une Nuits sur un canal turc où Abeer Nehmé n'a pas fini de multiplier expérience et quête pour un langage de communication à travers la musique, miroir des peuples. Compositrice, elle a orné de ses mélodies certains poèmes d'al-Moutannabi. Pour cette chanteuse qui aime la Callas tout autant qu'Asmahan et Leila Mrad, qui table sur le rapport à la terre, aux us et coutumes, la musique est vrillée à son cœur et ses chevilles. La musique n'est pas un événement qui passe. « La musique et moi, on ne fait qu'un ! » clame-t-elle.

Elle aurait aimé quoi, cette chanteuse hors norme ? Exigeante pour elle, non farouche devant le labeur et toujours courant vers l'autre, c'est-à-dire cette humanité sans frontière et dont le plafond est le ciel, elle aurait aimé quoi ? « J'aurais aimé être dans un autre temps... Ces temps sont moches. Je suis pour la diversité des couleurs. Et surtout que ma voix ait un sens car le mot compte pour moi. Non que je sois pour l'élite, mais ne pas chanter n'importe quoi... »

Un dernier souhait ? « L'oubli est certes une bénédiction, dit-elle. Mais interdiction d'oublier le rapport à la terre car nous perdons alors nos racines. Il faut que cette génération écoute celle qui l'a précédée. Que chacun opère pour la paix et la rencontre avec la fraternité humaine. On est pour une civilisation de la vie et non de la mort. »
Pour le mois de février, Abeer Nehmé sera sur les écrans de la chaîne télévisuelle al-Mayadeen avec le documentaire musique des mondes intitulé « Ethno-folia ». Dans les bacs, on trouvera aussi son album de double CD composé par Marcel Khalifé.

Pour ce soir, à l'Amphithéâtre Abou Khater, en compagnie des musiciens de l'Orchestre national libanais arabo-oriental sous la direction du fringant Loubnan Baalbaki, Abeer Nehmé chantera Asmahan, Oum Koulsoum, Feyrouz et Marcel Khalifé. Du « tarab », du « keif », un vrai et savoureux délice vocal...

Foulard noir noué autour du cou et veste rouge baccarat assortie au vernis à ongles pour des mains blanc coton. Regard à la fois sombre et lumineux, sourire entre madone et star d'un chant bien modulé. Un parcours atypique. Pour talents et facettes multiples.Pour la canonisation du saint Hardini et de sainte Rafqa, elle a chanté au Vatican. Le film Bosta de Philippe Aractingi porte son...

commentaires (1)

Bravo à Abeer Nehmė que je viens de découvrir !

Dounia Mansour Abdelnour

10 h 35, le 10 décembre 2015

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Commentaires (1)

  • Bravo à Abeer Nehmė que je viens de découvrir !

    Dounia Mansour Abdelnour

    10 h 35, le 10 décembre 2015

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