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Liban - L’éclairage

Derrière la candidature de Frangié se cacherait David Hale

L'initiative de compromis née de la rencontre de Paris entre le chef du courant du Futur, le député Saad Hariri, et le chef des Marada, le député Sleimane Frangié, a été gelée, selon le député Walid Joumblatt. Cependant, les contacts visant à aplanir les obstacles qui obstruent pour l'instant la dynamique ne se sont pas arrêtés. Preuve en est, l'appel téléphonique entre MM. Hariri et Frangié, durant le week-end et la visite du chef des Marada au chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, à Batroun.

Selon certains milieux politiques, le compromis qui vise à catapulter Sleimane Frangié à la présidence de la République est excellent, mais se trouve confronté à des turbulences, puisque les deux rues chrétienne et sunnite n'en sont pas convaincues. Ce qui aurait incité un pôle du 14 Mars à dire à ses alliés : « Calmez un peu le jeu avec Saad Hariri et laissez passer cette phase. ». Et, en plus de l'opposition qui a émergé sur la scène intérieure, la dynamique fait aussi face à des obstacles sur le plan extérieur. Aucune position extérieure n'a pour l'instant assuré la couverture nécessaire à la candidature de M. Frangié, en dépit de l'enthousiasme manifesté par les diplomates accrédités au Liban. Mais il n'y a pas vraiment eu de soutien de la part des grandes puissances à la candidature. L'ambassadeur de Russie, Alexandre Zasypkine, a ainsi indiqué dans un entretien télévisé que le compromis n'était pas encore mûr, tout en reconnaissant la simultanéité entre les efforts pour un début de transition en Syrie et la candidature de M. Frangié.

Ce qui est certain, en revanche, c'est que M. Hariri n'aurait pas pris l'initiative sans feu vert saoudien. Mais le processus s'est heurté à un mur chrétien, formé par Michel Aoun, Samir Geagea et Samy Gemayel. Ce dernier réclame en effet des garanties extérieures en échange de l'avènement de M. Frangié, animé par un souci majeur : empêcher une réédition de l'accord de Doha. La résilience de M. Gemayel n'était pas prévue par les artisans du compromis, qui pensaient qu'il assurerait la couverture chrétienne au marché, rejoignant ainsi MM. Nabih Berry, Saad Hariri, Walid Joumblatt et Sleimane Frangié au cœur de la dynamique du nouveau mandat, face à la nouvelle alliance Aoun-Geagea, agrémentée de personnalités chrétiennes indépendantes. Le Hezbollah, lui, est resté silencieux, dans l'attente de la position saoudienne et de l'annonce par M. Hariri de la candidature de M. Frangié. Or il était question qu'il accueille positivement la candidature dès son annonce. Au contraire, le parti chiite a jeté la balle dans le camp du 14 Mars et de l'Arabie.

Un ancien ministre et député affirme ainsi qu'il y a plus d'un mois, lors d'une visite à Bnechii, le leader des Marada lui avait déjà confié qu'il faisait l'objet d'un consensus extérieur sur la présidentielle et que Saad Hariri en serait le parrain. Selon des sources bien informées, M. Frangié aurait rendu visite à Hassan Nasrallah il y a un mois, après avoir discuté de sa candidature et de ses grosses chances avec l'ex-ambassadeur des États-Unis, David Hale. Il aurait fait part au secrétaire général du Hezbollah de la possibilité de rallier le 14 Mars à sa candidature. Ce dernier aurait répondu que son parti soutient Michel Aoun, mais qu'il n'aurait pas d'inconvénient à changer de candidat s'il était possible de rallier le 14 Mars. À la demande de David Hale, Walid Joumblatt aurait aussitôt annoncé son soutien à M. Frangié, suite à quoi le diplomate américain aurait fait la promotion de la candidature du leader zghortiote auprès des différents leaders. Cependant, le Hezbollah aurait changé d'avis après les fuites de la rencontre entre M. Frangié et M. Hariri à Paris, notamment son acceptation de la loi électorale de 1960 avec quelques modifications et les noms évoqués pour former le nouveau cabinet. C'est pour ces raisons que le parti chiite aurait décidé de patienter avant d'annoncer son soutien au chef des Marada. De plus, l'appui public au leader nordiste signifiait le lâchage automatique de la candidature de Michel Aoun et donc la mise en danger de l'alliance stratégique Hezbollah-CPL, sans s'assurer pour autant que M. Frangié pourrait achever le parcours qui mène à Baabda.

Partant, le parti chiite attend que le 14 Mars fasse le premier pas, ainsi que « ses parrains extérieurs », l'Arabie et la France, puisque c'est ce camp, selon lui, qui bloque la présidentielle. Le Hezbollah s'est donc refusé à toute démarche, sur base du principe selon lequel l'initiative de Hassan Nasrallah est un tout indivisible, à accepter dans son ensemble aussi bien au plan local que régional. Se basant sur l'idée selon laquelle la candidature de M. Frangié représentait le début d'un dégel entre Riyad et Téhéran – dans la perspective d'un début de règlement de la crise syrienne avant la conférence de Vienne et au terme d'une rencontre entre les chefs de la diplomatie des deux pays, Adel Joubeir et Mohammad Javad Zarif – le Hezbollah a d'abord demandé à l'Arabie de faire le premier pas et d'annoncer son soutien à Sleimane Frangié. Il a ainsi été question d'une transition politique en Syrie – pratiquement à travers la formation d'un cabinet de transition, l'amendement de la Constitution, la tenue de législatives et l'élection d'un président de la République sans qu'Assad puisse briguer un nouveau mandat –, qui irait de pair avec le mandat Frangié. Mais ce compromis syrien a essuyé un revers sérieux avec l'escalade entre Moscou et Ankara après l'incident de l'avion russe abattu par les Turcs. En dépit des efforts pour éviter le clash, l'affaire a laissé des séquelles qui se sont répercutées sur le Liban et qui ont gelé le compromis Frangié.

Selon un ancien ministre, l'accord de Paris entre MM. Hariri et Frangié comportait notamment l'adoption de la loi de 1960, la chute de la proportionnelle et le maintien du scrutin majoritaire. Le retour à la loi de 1960 aurait été le fait de parties extérieures, aidées par des parties locales, après l'impossibilité de tout accord sur une loi à la proportionnelle. C'est aussi dans le cadre du compromis que des personnalités sunnites du 8 Mars ont été conviées à se rendre à Riyad, l'heure étant à rassurer ce camp, et plus particulièrement le Hezbollah, dans le cadre du marché régional en gestation. La garantie pour le 14 Mars étant que Sleimane Frangié serait le président de tous les Libanais, et non celui d'un seul camp politique. Ce qui n'a pas empêché certaines composantes du 8 Mars d'afficher leur méfiance vis-à-vis du projet, perçu comme étant une tentative éventuelle de torpiller le Hezbollah en prenant Michel Aoun pour cible directe. D'où la cascade de déclarations de soutien à la candidature du général Aoun de la part de l'ambassadeur de Syrie et du Hezbollah. Surtout que l'Arabie a jusqu'à présent maintenu son silence sur la candidature de M. Frangié.

Pour beaucoup, comme l'a rappelé Walid Joumblatt, les développements rappellent le veto chrétien à Mikhaël Daher, en 1988. Que se produira-t-il cette fois si le compromis échoue ? Le spectre d'une Assemblée constituante reviendra-t-il planer sur le Liban ? Le pays restera-t-il figé, dans l'attente d'un véritable dégel irano-saoudien à même de paver la voie à un président de consensus, avec un soutien de l'extérieur ? Ou bien sera-t-il question d'une révision du système issu de Taëf pour éviter une crise à chaque fin de mandat ?

 

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commentaires (5)

Je me désole de la désillusion des "inconditionnels" de la puissance des fourbes us , ceux qui nous chantaient les louanges de la plus " grande démocratie du monde " pays exemplaire, patron d'une connivence avec des feux verts etc.. etc... et je ramène à son attention le fait que les résistants les ont tjrs et continuent à le faire mis en garde contre leur fourberie , ces résistants ne leur imposant que la force de leurs ARGUMENTS pour amener ces fourbes à réaliser dans quoi ils se sont fourvoyés , cad leur alliance avec les bactéries et les petits oiseaux siffleurs autour . SVP l'olj , pouvez vous au moins quand vous parler de nosra ou daesh etc.. mettre ce qui les qualifie cad le terme de TERRORISTES au devant.? L'avantage que les résistants auront sur les ébahis de la désillusion , c'est que les résistants ne dormiront que d'1 œil face à leurs fourberies , même s'ils donnent l'impression de les écouter !

FRIK-A-FRAK

13 h 08, le 01 décembre 2015

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Commentaires (5)

  • Je me désole de la désillusion des "inconditionnels" de la puissance des fourbes us , ceux qui nous chantaient les louanges de la plus " grande démocratie du monde " pays exemplaire, patron d'une connivence avec des feux verts etc.. etc... et je ramène à son attention le fait que les résistants les ont tjrs et continuent à le faire mis en garde contre leur fourberie , ces résistants ne leur imposant que la force de leurs ARGUMENTS pour amener ces fourbes à réaliser dans quoi ils se sont fourvoyés , cad leur alliance avec les bactéries et les petits oiseaux siffleurs autour . SVP l'olj , pouvez vous au moins quand vous parler de nosra ou daesh etc.. mettre ce qui les qualifie cad le terme de TERRORISTES au devant.? L'avantage que les résistants auront sur les ébahis de la désillusion , c'est que les résistants ne dormiront que d'1 œil face à leurs fourberies , même s'ils donnent l'impression de les écouter !

    FRIK-A-FRAK

    13 h 08, le 01 décembre 2015

  • LES CONNERIES SONT L'APANAGE DES GRANDS... CONSTATEZ QUE LES NAÏFS HUITISTES APPLAUDISSENT DÉJÀ AU GRAND SATAN... QUI DEVIENT UN ARCHANGE SURTOUT SI LA CONNERIE ENGLOBERAIT DEMAIN LES RIVES DU BARADA...

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 38, le 01 décembre 2015

  • "Que se produira-t-il si ce compromis échoue aussi ? Le spectre d'une Assemblée constituante reviendra-t-il planer ? Le pays restera-t-il figé, dans l'attente d'un véritable dégel irano-saoudien ? Ou bien sera-t-il question d'une révision de Taëf pour éviter une crise à chaque fin de mandat ?" ! Et, pourquoi la "fameuse" Partition ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    06 h 22, le 01 décembre 2015

  • N'était-il pas Ministre de l’Intérieur à l'époque de l'assassinat du père de Saad Hariri, Rafîk ? Lorsqu'"ON" a décidé prématurément et à la va-vite le nettoyage vite-vite de la "scène du crime" ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    06 h 15, le 01 décembre 2015

  • DERRIERE TOUTE CANDIDATURE PROSYRIENNE DONC ANTISAOUDIENNE ET ANTICHRETIENNE Au liban IL Y A EU TOUJOURS IL Y AURA TOUJOURS UN DAVID US / OU HALE OU SATTERFIELD COMME D'AILLEURS DERRIERE LES SOMMETS DE RIAD ET DU CAIRE EN 1976 ET TAEF 1N 19889 SOMMETS QUI ONT LIVRE LES SUNNITES ET LES CHRETIENS DU LIBAN A LA TERREUR DE LA BOTTE SYRIENNE AU FAIT LE TYPE QUI CONSEILLAIT AUX CHRETEIENS DU LIBAN DE PRENDRE LE BATEAU APPARTENAIT A QUELLE NATIONALITE?

    Henrik Yowakim

    03 h 35, le 01 décembre 2015

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