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Économie - Audit financier

Au Liban, la difficile adaptation des comptables aux règles internationales

Une conférence organisée hier autour de « la qualité des rapports financiers » a été l'occasion de familiariser les professionnels aux nouveaux standards en matière d'audit.

Les nouveaux standards imposables aux experts-comptables renforcent la transparence de leurs rapports, selon Élie Abboud, président de la Lacpa.

Quel est le point commun entre un banquier, un assureur et le propriétaire d'un magasin de vêtements ? Tous ont nécessairement affaire à un expert-comptable. Car le code de commerce impose aux entreprises (SAL, SARL, joint venture, ou encore branches locales d'entreprises étrangères) d'avoir recours annuellement à un auditeur financier. Or, ce dernier doit se conformer à des standards en mutation constante. Pour faire un point sur ces évolutions, l'Association libanaise d'experts-comptables (Lacpa) a organisé une conférence internationale qui a débuté hier à l'hôtel Phoenicia, et réuni sur deux jours environ 600 professionnels du secteur libanais et étrangers.

Car en l'absence de législation nationale régulant l'audit financier, les experts-comptables libanais se basent sur des normes internationales auxquelles le pays adhère depuis 2002, explique la Lacpa. Et l'un des nouveaux standards, abordé lors de la conférence inaugurale et qui sera introduit fin 2016 au niveau mondial, concerne la communication par l'expert-comptable à son client des différentes étapes de l'audit financier. « Le but est de rajouter quelques pages à la fin du rapport d'audit qui adressent les enjeux-clés identifiés par l'expert-comptable, et ceci afin de renforcer la transparence et rassurer les investisseurs. Par exemple, l'expert peut expliquer comment il a évalué le goodwill de son client (NDLR : la différence entre le montant de l'actif figurant au bilan d'une entreprise, et la valeur marchande de son capital matériel et immatériel) », précise Élie Abboud, président de la Lacpa. « Une crédibilité renforcée peut attirer des investissements étrangers dans le pays et la région », souligne Gonzalo Ramos, secrétaire général du Comité de surveillance de l'intérêt public de la Fédération internationale des experts-comptables (Ifac).

Des spécificités locales
Cependant, les professionnels ne sont pas tous convaincus de l'adaptabilité de ce type de standard au pays du Cèdre, où la concurrence rude tire les prix vers le bas. Pas tellement pour les banques, dont l'audit peut coûter jusqu'à un million de dollars, explique M. Abboud : « Nous collaborons avec les 60 banques libanaises, et aussi avec les institutions financières et les compagnies d'assurances. C'est un marché important. » Mais plutôt en ce qui concerne les petites structures familiales qui n'ont pas de comptes à rendre à des actionnaires et qui représentent la majorité des clients des experts-comptables, selon John Bacha, associé principal à Audit Pro. « En moyenne, nos clients paient entre 2200 et 6 600 dollars par audit annuel, mais certains cabinets se contentent de seulement 1 500 dollars : comment est-ce que l'expert-comptable peut-il appliquer toutes ces régulations pour ce prix ? » s'indigne-t-il.

Quel bénéfice, donc, pour l'expert-comptable ? « Il n'existe pas de bénéfice direct pour nous, mais cela représentera plus d'informations pour les actionnaires, et permettra surtout une lecture unifiée au niveau mondial », avance Georges Chartouni, associé de PKF Chartouni et également membre du conseil d'administration de la Lacpa. Il reconnaît néanmoins que cela nécessitera plus d'heures de travail qu'il ne pourra pas facturer au client. En effet, difficile de les convaincre de payer plus pour une valeur ajoutée qu'ils ne perçoivent pas toujours. « Nos clients ont recours à nous parce qu'ils y sont obligés, pas pour notre qualité ou notre opinion. 80 % d'entre eux ne lisent pas notre rapport », soupire M. Bacha. Celui-ci voudrait que l'Ifac se concentre plus sur les défis auxquels font face les entreprises d'audit de petite taille car, selon lui, 80 % d'entre elles emploient moins de quatre employés. De son côté, la Lapca aimerait imposer un tarif minimum de 5 000 dollars par audit.

Un argument qui pourrait convaincre les cabinets d'audit de remonter les prix, et ainsi que la qualité de leur rapport est la responsabilité qu'elles portent en case de faillite de l'entreprise. « L'expert-comptable peut aller en prison ou voir ses biens confisqués. Cela arrive très peu, donc peu de cabinets en ont conscience, mais s'ils s'en rendaient compte, il ne proposerait pas d'audits incomplets à des prix bas », argumente M. Bacha. La Lacpa, qui compte un peu moins de 2 000 membres actifs, a déjà publié un manuel d'audit pour les cabinets afin de s'assurer de la qualité de leur travail, explique M. Chartouni. « Nous espérons commencer des visites sur le terrain l'année prochaine. Si le cabinet ne respecte pas les normes d'audit, nous pouvons les pénaliser si nécessaire. »

 

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