Pour le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, l'heure n'est pas aux solutions, mais à l'affrontement : le conflit entre l'Arabie saoudite et l'Iran est à son paroxysme, et les positions du secrétaire général du Hezbollah s'en font l'écho. Faut-il rappeler que ce dernier a placé l'Arabie saoudite dans le même camp que celui des États-Unis et d'Israël ? Dans ce contexte, le leader chrétien appelle à la patience et à l'attachement à la République, l'objectif étant de se préparer à l'étape, encore éloignée mais incontournable, de la solution régionale. C'est à cet objectif qu'obéit notamment l'entreprise de normalisation des rapports entre les Forces libanaises et le Courant patriotique libre.
En revanche, les crispations rejaillissent entre les deux pôles sunnite et chiite, qui ne sont actuellement disposés à aucune concession, précisément sur le dossier de la présidentielle. Il ne serait pas erroné de dire que celle-ci est devenue une carte régionale par excellence, que nul n'est près de lâcher, en dépit de signes récents d'assouplissement émanant de certains.
Bien que soutenus par le Vatican et Washington, les derniers efforts de la diplomatie française pour un déblocage de la présidentielle n'ont pas abouti, précisent des parties libanaises, qui renvoient la cause de cet échec à l'Iran : celui-ci aurait prié ses interlocuteurs de débattre d'une solution sur la présidentielle avec le chef du bloc du Changement et de la Réforme et avec le Hezbollah, ainsi qu'aux leaders chrétiens dans leur ensemble, ceux-ci étant directement concernés par ce dossier. L'Iran maintient sa déclaration de principe, celle de « ne pas s'ingérer dans les affaires libanaises », tout en appuyant éventuellement tout accord entre les parties chrétiennes libanaises. Cette position iranienne est renforcée par le souhait adressé directement par des parties du 8 Mars à l'Iran de ne pas s'ingérer dans la présidentielle, qui est une affaire proprement libanaise.
Dans les milieux politiques du 14 Mars, ce « souhait » ne fait que renforcer l'emprise iranienne sur le dossier, surtout que l'intervention russe en Syrie a alimenté l'espoir du 8 Mars de faire parvenir son candidat à la magistrature suprême. Ceci expliquerait en partie la hausse du ton du Hezbollah.
Le secrétaire général du parti chiite tenterait d'anticiper le compromis régional, qui commence à s'ébaucher en Syrie.
Un diplomate occidental révèle en effet que l'intervention russe s'est faite sur la base d'un accord avec Washington, mais sans une entière coordination. Les échanges entre les deux parties se fondent actuellement sur une formule de compromis en Syrie. La participation de Téhéran aux réunions de Genève reste, entre autres, problématique.
Les milieux du 8 Mars affirment qu'il n'existe pas encore de signes encourageants d'un déblocage de la présidentielle – en dépit de la volonté du président de la Chambre d'aboutir à ce déblocage, pour relancer les institutions.
En réalité, c'est par crainte d'une solution radicale en Syrie et d'une mise à l'écart de l'Iran, que le secrétaire général du Hezbollah préférerait l'élection d'un président dans les circonstances actuelles, c'est-à-dire avant que ne mûrisse le compromis en Syrie.
Pour un ministre toutefois, il n'y aura pas de président au Liban avant de lever le litige sur certains points décisifs en Syrie, notamment concernant l'avenir de Bachar el-Assad.
Liban - L’éclairage
Possible pari du Hezbollah sur la présidentielle libanaise
OLJ / Par Philippe Abi-Akl, le 29 octobre 2015 à 00h00
commentaires (5)
Pourquoi pas un grabataire ou même n’importe qui, mais qu'on en finisse.... !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
16 h 46, le 29 octobre 2015