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Économie - Focus

L’inflation chronique, enjeu crucial de l’élection présidentielle en Argentine

Quel que soit le vainqueur de la présidentielle en Argentine – ici Daniel Scioli, favori –, il héritera d’une inflation qui restera forte en 2016. Juan Mabromata/AFP

Le prochain président de l'Argentine héritera d'une économie proche de la récession et minée par une inflation chronique supérieure à 20 % depuis huit ans, un fléau auquel les Argentins ont fini par se résigner.
« Vivre avec l'inflation, c'est compliqué, et il y en aura toujours, sinon ce ne serait pas l'Argentine », ironise Mercedes Salto, 58 ans, qui votera demain pour Daniel Scioli, candidat de la coalition de gauche au pouvoir depuis 2003 et favori de la présidentielle.
Les 41 millions d'Argentins se sont habitués à vivre ainsi. Ils consomment pour ne pas voir leurs pesos fondre comme neige au soleil. Dans un pays où il est risqué de placer ses économies à la banque pour un rendement inférieur à l'inflation, les achats à crédit à 12 mensualités fixes sont un bon pari en cas de dévaluation. « Nous avons besoin d'un changement, car, avec autant de contrôle de l'État, les allocations et les factures subventionnées qui ne créent pas de travail, mais seulement plus de dépenses publiques, cela n'aide pas ce pays à progresser », s'énerve Ana Castillo, 40 ans, une pharmacienne du quartier de Retiro, dans le centre de Buenos Aires. Elle votera pour le maire conservateur de Buenos Aires, Mauricio Macri.
La Banque centrale fait tourner la planche à billets pour financer le déficit budgétaire de plus de 6 %, et les prix grimpent, notamment dans l'alimentation. Le prix de la viande, historiquement bon marché et dont les Argentins sont grands consommateurs, a flambé, le prix du pain a été multiplié par quatre en sept ans. « Les prix des loyers s'envolent. Les plus demandés sont les petites surfaces entre 4 et 5 000 pesos (entre 420 et 525 dollars), et les propriétaires exigent dans le contrat des augmentations de 15 à 20 % par semestre », constate Matias Carrera, un agent immobilier dans la capitale Argentine. Le salaire minimum est d'environ 500 euros (550 dollars).
Et comme les Argentins s'attendent à une dévaluation – le peso est surévalué face au dollar –, ils se ruent vers les agences de voyages pour acheter séjours et billets d'avion en 24 mensualités.
L'inflation est accompagnée de hausses de salaires obligatoires, fixées lors de négociations par branche. Même les femmes de ménage sont concernées par les revalorisations, une population qui souffrait historiquement de l'envolée des prix.
L'inflation est forte, les salaires suivent, maintenant une stabilité du pouvoir d'achat, à court terme. « Nous, les Argentins, nous votons la main sur le portefeuille, mais cette fois l'inflation n'est pas au centre de la campagne électorale car les gens ne considèrent pas que c'est un problème. Mais la situation est grave », souligne Juan Germano, directeur de l'institut économique Isonomia. Le gouvernement de la présidente Cristina Kirchner « a encouragé la consommation, les retraites et les salaires sont augmentés, il y a aussi des aides sociales qui créent un climat de bien-être qui alimente le pouvoir en suffrages », considère Juan Pablo Paladini, de l'institut Ecolatina. Pour lui, « avoir 25 à 30 % d'inflation, c'est grave, mais l'électorat croit que tant que les salaires augmentent en proportion, tout va bien. Leur crainte, c'est de perdre leur emploi ». Et, pour l'instant, le taux de chômage est bas, à environ 8 %.
En 2014, l'inflation annuelle était de 23,9 %, selon les données officielles, mais les instituts économiques privés l'ont située autour de 35 %. Les projections pour 2015 sont respectivement de 15,6 % et de 30 %. « Remédier à l'inflation a un coût à court terme qu'aucun candidat (à la présidentielle) n'est prêt à assumer », poursuit M. Paladini.
Les experts économiques préconisent des changements profonds pour corriger une politique économique qu'ils considèrent à bout de souffle. Les exportations sont en baisse et les milieux d'affaires réclament la suppression de l'arsenal de mesures protectionnistes (accès aux devises limité, limitation des importations, barrières douanières).
Quel que soit le vainqueur de la présidentielle, l'inflation restera forte en 2016, à plus forte raison si la nouvelle administration dévalue le peso, ce qui semble inéluctable, la correction du taux de change faisant généralement bondir les prix.
Sonia AVALOS/AFP

Le prochain président de l'Argentine héritera d'une économie proche de la récession et minée par une inflation chronique supérieure à 20 % depuis huit ans, un fléau auquel les Argentins ont fini par se résigner.« Vivre avec l'inflation, c'est compliqué, et il y en aura toujours, sinon ce ne serait pas l'Argentine », ironise Mercedes Salto, 58 ans, qui votera demain pour Daniel...

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