Rechercher
Rechercher

Santé - Pneumologie

Entre l’obésité et l’asthme, une corrélation indéniable

La littérature scientifique est abondante sur les liens confirmés entre l'obésité et l'asthme. Les raisons de cette corrélation ne sont pas encore identifiées, mais plusieurs pistes sont suivies, notamment celle de la génétique et du mode alimentaire.

Les enfants qui vont grossir avant l’âge de 2 ans ont un plus grand risque de devenir asthmatiques dans l’enfance et à l’âge adulte. Photo Bigstock

Plus qu'un problème esthétique, l'obésité est un sérieux problème de santé. Ce fléau, qui ne cesse de gagner du terrain, touchant près de 600 000 personnes dans le monde, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), affecte non seulement les fonctions cardiaques, mais aussi celles respiratoires et pulmonaires.

« Le lien entre l'obésité et l'asthme n'est plus à démontrer. La littérature scientifique est abondante dans ce sens », explique à L'Orient-Le Jour le Dr Camille Taillé, du service de pneumologie et du Centre de compétence des maladies pulmonaires rares à l'hôpital Bichat à Paris, en marge des travaux du congrès annuel de la Société libanaise de pneumologie et ceux de la première triennale de l'Espace francophone de pneumologie tenus récemment à Beyrouth.
« Ces deux maladies sont presque épidémiques dans les sociétés occidentalisées avec une prévalence qui a considérablement augmenté au cours des vingt dernières années », poursuit le Dr Taillé.

Selon les standards internationaux, l'obésité est définie suivant l'IMC (index de masse corporelle ou BMI-Body Mass Index). Celui-ci est obtenu en divisant le poids de l'individu par sa taille en mètres carrés. Sont ainsi obèses les personnes dont l'IMC est supérieur ou égal à 30, sachant que les spécialistes distinguent trois classes d'obésité : classe I, ou obésité modérée, pour un IMC compris entre 30 et 34,9, classe II, ou obésité sévère, lorsque l'IMC varie entre 35 et 39,9, et classe III, ou obésité morbide, lorsque l'IMC est supérieur ou égal à 40. Si l'IMC est compris entre 25 et 29,9, on parle de surpoids ou de préobésité, un fléau dont souffrent près de 1,9 million de personnes dans le monde, selon l'OMS.
L'asthme, rappelons-le, est une maladie inflammatoire non infectieuse et non contagieuse qui affecte les voies respiratoires. Il se manifeste notamment par une gêne à la respiration, des essoufflements, une dyspnée, une toux et des sifflements dans la poitrine, une migraine ou des cernes autour des yeux.

« De nombreuses études ont montré que l'asthme est très fréquent chez les obèses et que l'obésité est plus fréquente chez l'asthmatique », insiste le Dr Taillé, précisant que selon des études effectuées aux États-Unis, 60 % des asthmatiques sévères sont obèses. « Les données sur le long terme montrent que les enfants qui vont grossir avant l'âge de 2 ans ont un plus grand risque de devenir asthmatiques dans l'enfance et à l'âge adulte », ajoute-t-elle.
Quid des enfants gros à la naissance ? « Nous ne disposons pas de données sur le poids de naissance, répond le Dr Taillé. En revanche, si l'enfant est gros parce que sa mère l'est ou si l'enfant appartient à une famille dont les membres ont tendance à gagner du poids, il est important de contrôler l'alimentation de l'enfant et la courbe de son poids dès son bas âge. »
Et d'ajouter : « Les enfants qui naissent d'une mère obèse durant la grossesse ont un risque accru de devenir asthmatiques ultérieurement, comme si l'immunité de l'enfant in utero était déjà orientée vers l'asthme. De plus, le fait de prendre plus de kilos que ceux autorisés durant le premier mois de grossesse va favoriser l'asthme. D'où la nécessité de bien contrôler le poids d'une mère asthmatique lors de sa grossesse, d'autant qu'elle risque de transmettre l'asthme à son enfant. En effet, les études ont montré que l'enfant d'une mère asthmatique a deux fois plus de chances de le devenir. Ces risques sont décuplés si le papa est également asthmatique. »

Arrêter de fumer
Les causes de cette corrélation entre l'asthme et l'obésité n'ont pas encore été identifiées. Néanmoins, il existe plusieurs pistes. « Sur le plan génétique, on pense qu'un individu a la même susceptibilité à devenir obèse qu'à devenir asthmatique, explique le Dr Taillé. On sait aussi que l'obésité entraîne une réactivité des bronches ou encore qu'une alimentation riche en matières grasses et pauvre en fibres favorise l'obésité, mais également l'asthme. »
Une perte de 10 % de l'excès du poids contribue toutefois à améliorer l'asthme de l'individu adulte obèse, sans toutefois le guérir. « L'asthme des obèses est un asthme difficile à traiter, avec davantage de symptômes et de crises, note le Dr Taillé. En fait, l'obésité aggrave l'asthme. Donc, en perdant du poids, on améliore le contrôle de la maladie. Les patients ont moins de crises. »

La maladie est-elle réversible chez les enfants ? « Chez les asthmatiques en général, la maladie connaît une rémission, note le Dr Taillé. La maladie commence en fait dès la petite enfance et puis classiquement, vers l'adolescence, elle disparaît pour réapparaître à l'âge adulte. On pense que chez 20 % des enfants asthmatiques uniquement, la maladie disparaîtra complètement à l'âge adulte. »
La prise en charge de l'asthme chez l'obèse est la même que « celle d'un asthme classique ». « De plus, nous insistons beaucoup sur le dépistage du reflux qui est fréquent chez les obèses et qui aggrave la maladie, poursuit le Dr Taillé. Nous insistons également sur le dépistage de l'apnée du sommeil, d'autant que cette maladie est associée à l'asthme et à l'obésité. »

La spécialiste met en outre l'accent sur l'importance de l'activité physique pour améliorer la condition du patient. « Déjà l'activité physique est importante pour maigrir, insiste-t-elle. Elle aide aussi à diminuer le degré d'inflammation au niveau des bronches. »
Et le Dr Taillé de conclure en appelant les asthmatiques à « augmenter leur activité physique, même s'ils ne sont pas en surpoids », mais aussi à arrêter de fumer, la cigarette n'ayant pour effet qu'aggraver la maladie.

 

Pour mémoire
Lorsque l'obésité affecte les fonctions respiratoires

L'Europe confrontée à une énorme crise d'obésité

L'obésité, menace planétaire

Bouger, manger équilibré... mais ne pas oublier de dormir

Plus qu'un problème esthétique, l'obésité est un sérieux problème de santé. Ce fléau, qui ne cesse de gagner du terrain, touchant près de 600 000 personnes dans le monde, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), affecte non seulement les fonctions cardiaques, mais aussi celles respiratoires et pulmonaires.
« Le lien entre l'obésité et l'asthme n'est plus à...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut