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Culture - Planches

« Écrire des pièces, c’est ma manière à moi de militer »

À partir du 8 octobre, le théâtre Monnot devient « La scène du crime » de Betty Taoutel. L'auteure et metteuse en scène y présente sa toute nouvelle comédie sociale finement intitulée « Masrah el-jarima » *.

Betty Taoutel (au centre) entourée de sa troupe de joyeux lurons…

Mine de rien, Betty Taoutel a déjà une bonne dizaine de mises en scène à son actif, dont cinq de textes qu'elle a écrits elle-même. Très inspirée par tout ce qui se passe dans le pays, la comédienne, auteure et metteuse en scène livre quasiment, un an sur deux, une comédie sociale bien troussée.

Rétroviseur. Dans Ekher beit bel Gemmayzé (La dernière maison de Gemmayzé), elle dénonçait, à travers l'histoire d'une famille en proie à des problèmes d'argent, la destruction sauvage des vieilles demeures de Beyrouth. Dans el-Orbaa bnoss el-jomaa, elle traquait sous le thème universel du mariage cette instabilité chronique du pays qui interagit dans tous les domaines du quotidien et rend les difficultés de la vie courante, notamment conjugales et familiales, encore plus problématiques. Dans Passeport n° 10452, elle développait le thème de l'émigration de la jeunesse et ce « rêve de partir » devenu le désir le plus communément partagé par nos compatriotes. Cette fois, dans Masrah el-jarima, (La scène du crime), elle s'attaque, tout simplement, à l'absurdité (l'irresponsabilité, bien sûr, aussi) avec laquelle le pays est géré. C'est dire si Betty Taoutel est concernée par ce qui se passe autour d'elle !

Synopsis. Huit personnes sont en garde à vue dans un commissariat. Elles sont toutes suspectées, pour des raisons aussi diverses qu'absurdes, d'avoir placé une bombe dans un quartier de Beyrouth.
Parmi elles, un architecte français d'origine libanaise revenu au pays dans le but de faire une recherche sur les salles de théâtre beyrouthines d'avant-guerre existantes encore aujourd'hui. Et dans l'espoir de revoir sa grand-mère, qui était l'une des premières comédiennes au Liban.
Son arrestation va avoir de graves conséquences locales et internationales...

Inspiration militante. « On vit dans un pays où il faut affronter chaque quelque temps de nouveaux problèmes. Et où le nombre toujours croissant d'aberrations et d'injustices rendent le quotidien de plus en plus difficile. Et puis cette désinvolture dont font preuve les responsables, cette façon qu'ils ont de faire supporter leur incompétence aux citoyens... Il y a là largement matière à inspiration », assure Betty Taoutel. Sans vouloir en dévoiler plus, l'auteure reconnait s'être aussi inspirée des récents événements de la rue libanaise, et notamment de cette puante crise des déchets. « Je ne participe pas aux manifestations, mais je continue à faire du théâtre. C'est ma manière à moi de militer », soutient-elle.

Nostalgie. Cela d'une part. Car, par ailleurs, la trame de Masrah el-jarima est construite, aussi, autour d'un thème cher au cœur de cette passionnée des planches. À savoir « la fermeture progressive de nombreux théâtres à Beyrouth, symptomatique de la désaffection du public », affirme Taoutel. « J'ai eu la chance de jouer au théâtre de Beyrouth, au théâtre Maroun Naccache, sur les planches du Piccadilly... Plus jeune, mon père m'emmenait au théâtre de La Sagesse, à l'Élysée, au Jeanne d'Arc ou encore à Versailles à Hamra... C'est la nostalgie de toutes ces salles-là qui m'a inspiré cette pièce ».
Actualité. Pour nostalgique (des lieux) qu'elle soit, Betty Taoutel n'en reste pas moins une artiste de sa génération. Elle écrit ses textes en dialecte libanais, intègre la vidéo et les nouvelles technologies dans son travail de mise en scène, et rebondit toujours avec à propos sur l'actualité du moment. « J'ai buté, à un moment, sur le dénouement de la pièce (1h30min). Et ce sont des détails collectés des derniers événements de la place publique qui m'ont apporté les éléments d'une fin plus adaptée », avoue-t-elle. Comme quoi, la crise des poubelles peut « aussi » être recyclée sur scène !

Les comédiens

Georges Diab ; Hicham Khaddaje ; Jacques Mokhbat ; Lama Maraachly ; Kamil Youssef ; Jessy Khalil ; Josette Aftimos ; Wadih Aftimos ; Cyril Jabre et Myriam Watfa.

 

*Rue de l'église Saint-Joseph, à partir du 8 octobre, à 20h30. Billets en vente dans les diverses branches de la librairie Antoine.

 

Pour mémoire
Betty Taoutel et son « Passeport n° 10 452 » de nouveau au Monnot

Mine de rien, Betty Taoutel a déjà une bonne dizaine de mises en scène à son actif, dont cinq de textes qu'elle a écrits elle-même. Très inspirée par tout ce qui se passe dans le pays, la comédienne, auteure et metteuse en scène livre quasiment, un an sur deux, une comédie sociale bien troussée.
Rétroviseur. Dans Ekher beit bel Gemmayzé (La dernière maison de Gemmayzé), elle...

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