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Lifestyle - Rencontre

Du Mexique au Liban, la voix(e) de la nostalgie

Même si elle chante avec passion le Mexique et son répertoire d'airs traditionnels, Susana Harp ne rate pas une occasion de (re)venir au Liban, la terre de ses ancêtres.

Photo Michel Sayegh

Elle anime ce soir la réception donnée à l'ambassade du Mexique à l'occasion de la fête nationale mexicaine et des 70 ans de l'établissement des relations diplomatiques entre les deux pays. Et demain soir (mercredi 16 septembre, à 20h30), elle se produira en concert (gracieusement offert par l'ambassade du Mexique, en collaboration avec la municipalité de Jbeil) sur le site de la voie romaine – Via Appia, à Byblos. Elle y interprétera, entre autres, des titres aussi connus que le fameux Besame mucho, Que nadie sepa mi sufrir ou encore La Bamba...
Pour ces deux soirées, Susana Harp a débarqué à Beyrouth accompagnée de trois de ses musiciens : le guitariste Marco Antonio Morel, le pianiste Sevando Rascon et le saxophoniste et flûtiste Abel Sanchez. Mais aussi de l'un de ses frères et de l'une de ses sœurs. « C'était l'occasion de leur faire découvrir le pays d'origine de notre famille. La première fois que j'y suis venue, en 2004, j'avais insisté pour que mon père, Antonio Harp Abud, m'y accompagne. Je l'avais même quasiment amené de force après lui avoir brandi sous le nez deux billets d'avion pour Beyrouth déjà achetés », dit-elle, le sourire malicieux. « Lui qui avait quitté le Liban à l'âge de 7 ans, et avait souffert de cet arrachement, s'était juré de ne plus jamais y remettre les pieds. Un traumatisme auquel sont venues se greffer les images de guerre qu'il voyait tout le temps à la télévision et qui le rendaient si triste. Sauf qu'une fois de retour sur le sol libanais, il est tombé sous le charme. Il a retrouvé avec émotion ses racines, son village d'origine, Kferzaina (près de Zghorta) dans le Nord, et a même récupéré toute son éloquence en arabe. Une langue qu'il n'avait plus parlée depuis au moins 20 ans. Depuis le décès de sa mère qui, elle, par contre, n'avait jamais parlé un seul mot d'espagnol de sa vie. D'ailleurs, la maison de ma grand-mère à Oaxaca était, d'une certaine façon, par les objets qui l'entouraient, les mets qu'elle cuisinait, la musique qu'elle écoutait ou encore le café turc qu'elle préparait, un petit territoire du Liban », se souvient la chanteuse.

John Coltrane et saint Charbel
Cette belle quarantenaire au visage et aux traits fins auréolés de cheveux bruns bouclés revendique un « physique très libanais. C'est ce qu'on m'a toujours dit », soutient-elle avec une pointe de satisfaction dans la voix.
Sinon, pour le reste, elle est quand même très mexicaine. À commencer par sa fascination pour les communautés indigènes et son goût des langues autochtones. « Nous avons 72 langues au Mexique et 16 dans la seule région d'Oaxaca », dit-elle, en insistant sur le fait qu'il ne s'agit pas de dialectes mais de variantes d'idiomes. Une culture dont elle est fière et que cette chanteuse, diplômée en psychologie, veut contribuer à préserver et promouvoir. À travers ses concerts où elle alterne l'espagnol avec 8 langues indigènes et même... un zeste d'arabe, dans une chanson, une de ses préférées, intitulée La Llorona (La pleureuse). « C'est un morceau aux lointaines origines sévillanes qui est arrivé à Oaxaca dans le sud du Mexique avec les émigrants espagnols, où il a été réadapté, dans une version trilingue : l'une en arabe, l'autre en espagnol et la troisième en zapoteco, qui est l'une de nos langues indigènes », explique Susana Harb.
Une indéniable ambassadrice de la chanson mexicaine, artiste engagée dotée d'une saine curiosité envers les autres, et qui a trouvé au pays du Cèdre cette ouverture d'esprit qu'elle prise tant. Pour preuve, cette petite anecdote qu'elle raconte, ravie : « Lors de mon premier passage au Liban, je visitais une université à Jounieh dirigée par des religieux. Et qu'est-ce que je vois dans le bureau du père directeur ? Un énorme portrait du trompettiste noir John Coltrane près d'une petite image de saint Charbel. J'ai adoré ! »

Elle anime ce soir la réception donnée à l'ambassade du Mexique à l'occasion de la fête nationale mexicaine et des 70 ans de l'établissement des relations diplomatiques entre les deux pays. Et demain soir (mercredi 16 septembre, à 20h30), elle se produira en concert (gracieusement offert par l'ambassade du Mexique, en collaboration avec la municipalité de Jbeil) sur le site de la voie...

commentaires (2)

Ce n'était sûrement pas l'âbâtî ässîss, ni surtout bouloussénéëméééne, ce "père directeur"

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

08 h 50, le 20 septembre 2015

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Commentaires (2)

  • Ce n'était sûrement pas l'âbâtî ässîss, ni surtout bouloussénéëméééne, ce "père directeur"

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    08 h 50, le 20 septembre 2015

  • "Lors de mon premier passage au Liban, je visitais une université à Jounieh dirigée par des religieux. Et qu'est-ce que je vois dans le bureau du père directeur ? Un énorme portrait du trompettiste noir John Coltrane près d'une petite image de saint Charbel. J'ai adoré !". Faut pas rêver ! Ce n'était sûrement pas l'âbâtî ässîss, ce "père directeur" !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 03, le 19 septembre 2015

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