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Liban

Le ras-le-bol des manifestants de Naamé

Comme la fermeture de la décharge de Naamé-Aïn Drafil, fixée au 17 juillet, a été reportée une nouvelle fois, les habitants de la région ont manifesté leur colère, le jour même, vendredi, aux portes de la déchetterie.

« C'est un suicide civil ! » lance Ajwad Ayache, porte-parole de la « Campagne pour la fermeture de la décharge de Naamé ». Cette déchetterie accueille les ordures ménagères de la plus grande partie des zones citadines du pays et bien qu'elle soit sursaturée, les autorités reportent régulièrement sa fermeture, ce qui suscite la colère des riverains. « Si nous sommes là, c'est pour demander au gouvernement d'arrêter de nous mentir et de mettre en application les promesses qui nous sont faites depuis des années. Nous exigeons qu'un décret prévoyant la fermeture de ce site soit adopté et appliqué, pour que notre cauchemar prenne fin », ajoute-t-il. Comme plusieurs autres, il participait vendredi à la manifestation organisée pour protester contre la volonté des responsables de reporter une fois de plus la fermeture de la décharge, qui était pourtant prévue ce jour-là. À l'instar des autres manifestants, Ajwad Ayache était déterminé à ne pas bouger malgré la chaleur étouffante dans la vallée.

Des promesses de recyclage, d'une meilleure gestion des déchets et de développement durable ont été faites à plusieurs reprises par les officiels, mais n'ont toujours pas été tenues. Étudiants, médecins, pompiers, groupes de villageois bien organisés et écologistes révoltés étaient rassemblés ce jour-là à Naamé. Ils ont d'abord bloqué l'entrée des bennes à ordures dans la décharge : une action symbolique. Ensuite, ils ont réitéré leur appel à la fermeture du site, un message « ignoré depuis des années ».
Les protestataires envisageaient un sit-in ouvert pour bloquer le déversement quotidien de plusieurs tonnes d'ordures, « jusqu'à la fermeture définitive de la décharge », selon Ajwad Ayache.
« C'est notre dernier ultimatum ! Je ne suis peut-être pas en position de lancer des accusations contre telle ou telle autre personnalité publique, mais je sais que la corruption dans ce dossier dégage la même odeur nauséabonde que celle des poubelles », renchérit pour sa part Ismaïl Ayache, un banquier venu soutenir l'action de ses compatriotes.
Chaque manifestant était venu avec son histoire, vécue près de la « vallée aux ordures ». Les membres de l'association des Dames de Abey racontaient leur vie dans un village qui est infesté par l'odeur de la décharge. « On ne peut pas rester à l'extérieur ! L'odeur des ordures est insupportable. Jusqu'à quand allons-nous souffrir ? Jusqu'à quand tomberons-nous malades en raison du laxisme des responsables politiques qui agissent en toute impunité ? » s'énerve Nancy, une institutrice à la garderie du village, avant de montrer fièrement du doigt une voiture surmontée de haut-parleurs diffusant une chanson militante. « Voici notre char ! Plus de cinquante membres de notre association sont présents », ajoute la manifestante.
Exaspérés par les odeurs pestilentielles dégagées par la décharge, située à proximité de leurs maisons, et en craignant les retombées sur leur santé, certains habitants de Abey ont décidé de déménager. « Avant, j'habitais à Baawerta avec mes enfants. Les émanations de gaz étant particulièrement fortes dans mon ancien village, je ne me voyais pas élever ma famille dans une zone aussi polluée ! »
témoigne Naïm, un entrepreneur, qui s'est installé à Choueifate, sans abandonner pour autant la cause de ses anciens voisins.
Les pouvoirs publics semblent incapables de résoudre le problème de la décharge de Naamé. Pourtant, ce ne sont pas les solutions qui manquent, affirment les protestataires. « Nous demandons seulement que trois points soient au moins respectés : la réduction du volume des déchets, leur réutilisation et leur recyclage, énumère Ajwad Ayache. Pour ce qui reste, il faut isoler et extraire le gaz du sol, puis le transformer en électricité distribuée gratuitement aux villages alentour pour dédommager tous les habitants. » « Nous avons beaucoup d'idées pour la gestion des déchets, mais ce n'est pas notre mission de les proposer », insiste de son côté Ismaïl.
Celle-ci demeure bloquée jusqu'à nouvel ordre, mais les manifestants menacent maintenant d'entreprendre des opérations « coups-de-poing » d'une ampleur graduelle.

« C'est un suicide civil ! » lance Ajwad Ayache, porte-parole de la « Campagne pour la fermeture de la décharge de Naamé ». Cette déchetterie accueille les ordures ménagères de la plus grande partie des zones citadines du pays et bien qu'elle soit sursaturée, les autorités reportent régulièrement sa fermeture, ce qui suscite la colère des riverains. « Si nous sommes là, c'est...

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