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À La Une - Syrie

En Syrie, le ressentiment arabe face à l'alliance américano-kurde

A terme, cela pourrait entraver la lutte contre l'EI...

L'étroite alliance entre forces kurdes de Syrie et la coalition menée par Washington contre le groupe État islamique a engendré des victoires mais aussi un ressentiment chez les communautés arabes. AFP / ANDREAS SOLARO

L'étroite alliance entre forces kurdes de Syrie et la coalition menée par Washington contre le groupe État islamique (EI) a engendré des victoires mais aussi un ressentiment chez les communautés arabes, ce qui à terme pourrait entraver le combat antijihadiste.

Des analystes soutiennent que l'EI ne sera vaincu qu'avec le soutien des Syriens arabes sunnites, or ces derniers s'estiment exclus du "favoritisme" américain envers les Kurdes. Ces derniers mois, les Unités de protection du peuple kurde (YPG) ont chassé le groupe extrémiste du poste-frontière vital de Tall Abyad et repoussé plusieurs attaques jihadistes. Les frappes de la coalition ont été capitales dans ces avancées, Washington rendant hommage aux Kurdes comme un allié sûr.

 

Les Kurdes, 'chouchous' de l'Occident
Mais dans des régions où les rapports entre Arabes et Kurdes sont historiquement tendus, les premiers voient cette alliance avec suspicion. "Nous rejetons cette politique d'appui sur une base ethnique ou sectaire", a indiqué à l'AFP Oussama Abou Zeid, conseiller au sein de l'Armée syrienne libre (ASL), une des coalitions rebelles luttant à la fois contre le régime de Bachar el-Assad et l'EI.

Les Kurdes "sont considérés comme les chouchous de l'Occident", explique Émile Hokayem, un expert de la Syrie à l'Institut international pour les études stratégiques. "Ils reçoivent de l'aide militaire, des renseignements, des armes, alors que les Arabes affirment qu'ils souffrent davantage et qu'ils combattent l'EI et Assad" eux aussi. "La coalition a favorisé les Kurdes, s'aliénant ainsi d'importantes forces arabes", selon l'analyste.

 

( Pour mémoire : Les Kurdes chassent l'EI de Aïn Issa )

 

Un passé lourd de tensions
Les tensions et la méfiance règnent de longue date entre Kurdes et Arabes dans le nord de la Syrie. Depuis 1970, le régime de Damas a implanté des Arabes sunnites dans des régions kurdes dans le double but d'affaiblir leur sentiment indépendantiste et de gagner l'appui des tribus arabes.

La forte concurrence pour les ressources naturelles a exacerbé les différends entre groupes ethniques, surtout durant les années de sécheresse d'avant-guerre. Et au moment du soulèvement anti-Assad en 2011, l'opposition syrienne a été irritée par le refus kurde de rejoindre la révolte. Les Kurdes ont au contraire passé un accord tacite avec le régime pour rester neutre et défendre la sécurité de leurs régions afin d'y établir une administration locale.

Ces dernières semaines, alors que les Kurdes avaient remporté des victoires face à l'EI, une guerre de mots inédite a éclaté entre l'opposition et les YPG, la première accusant les Kurdes d'avoir expulsé les non-kurdes de leurs maisons et occupé les villages repris à l'EI. Les YPG ont rejeté en bloc ces allégations, qui font toujours l'objet d'une enquête de la part d'organisations de défense des droits de l'Homme. Un petit groupe rebelle d'ethnie arabe qui combat au côté des Kurdes, Bourkane al-Fourat, a estimé que ces accusations étaient "politisées".

 

( Lire aussi : La Turquie "ne permettra jamais" un État kurde, martèle Erdogan )

 

Limites de la stratégie américaine
"Dès le début des frappes de la coalition (en septembre 2014, ndlr), les YPG ont été les grands bénéficiaires, alors que les rebelles arabes sunnites ont été passés au crible avant d'être considérés comme des partenaires", indique de son côté Charles Lister, du Brookings Doha Center. Washington a toujours été réticent à l'idée de fournir des armes aux insurgés combattant Assad, arguant qu'elles pourraient tomber aux mains d'extrémistes.

Sur le terrain, les habitants arabes de Tall Abyad, reconquise par les YPG, ne mâchent pas leurs mots à propos des combattants kurdes. "Nous n'accepterons pas les Kurdes car ce n'est pas leur terre. C'est la terre des Arabes et nous les combattrons jusqu'au bout", affirme Seyh Deham Hasseki, 60 ans. pour lui, l'EI est "moins diabolique que les militants kurdes".

Pour M. Hokayem, la coordination exclusive entre la coalition internationale et les Kurdes alimente le sentiment de marginalisation des populations arabes. Les sunnites ont l'impression que leurs "souffrances sont moins prises en compte que celles des autres communautés", explique-t-il. A terme, cela pourrait entraver la lutte contre l'EI, car les forces kurdes ne combattront pas au-delà de leurs régions, et la participation des arabes sunnites sera nécessaire à un moment donné. "Nous atteignons les limites de la stratégie américaine", indique M. Hokayem. "Lorsque les Arabes sunnites sentiront que leurs griefs (contre Assad par exemple) sont reconnus, ils seront capables de voir les Kurdes comme des partenaires dans la lutte anti-EI".

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L'étroite alliance entre forces kurdes de Syrie et la coalition menée par Washington contre le groupe État islamique (EI) a engendré des victoires mais aussi un ressentiment chez les communautés arabes, ce qui à terme pourrait entraver le combat antijihadiste.
Des analystes soutiennent que l'EI ne sera vaincu qu'avec le soutien des Syriens arabes sunnites, or ces derniers...

commentaires (5)

Faut dire..., que les kurdes en tant que minorité ...ont toujours refusé l'islamisation... d'ailleurs c'est le seul " pays virtuel transfrontalier " (Iran, Irak ,Syrie)au moyen orient ....qui a un soleil sur son drapeau...ce qui est bizarre , c'est que les journaleux présentent sur les photos , un drapeau avec une étoile rouge.., alors que cet emblème ne concerne que les adeptes du PKK ...

M.V.

12 h 06, le 19 juillet 2015

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Commentaires (5)

  • Faut dire..., que les kurdes en tant que minorité ...ont toujours refusé l'islamisation... d'ailleurs c'est le seul " pays virtuel transfrontalier " (Iran, Irak ,Syrie)au moyen orient ....qui a un soleil sur son drapeau...ce qui est bizarre , c'est que les journaleux présentent sur les photos , un drapeau avec une étoile rouge.., alors que cet emblème ne concerne que les adeptes du PKK ...

    M.V.

    12 h 06, le 19 juillet 2015

  • Des "associateurs et des mécréants", ces mouftinînes et ces mouchrikînes américains !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 01, le 19 juillet 2015

  • C'EST QU'IL Y A UNE CONFIANCE ENVERS LES KURDES... SENTIMENT QUI FAIT DÉFAUT ENVERS LES ARABES !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 21, le 19 juillet 2015

  • De même que le ressentiment arabe face à l'alliance américano-chïïtique....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 36, le 19 juillet 2015

  • Les révolutionnaires arabes ne peuvent pas se plaindre. Le "chef" de l'Occident et de la Coalition (-mascarade) qu'il a montée, le sot et lâche Obama, a bien "entraîné" (sic) 60 (!!) de leurs combattants !!

    Halim Abou Chacra

    03 h 42, le 19 juillet 2015

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