Le leader du Parti socialiste progressiste (PSP) Walid Joumblatt, témoignant lundi en sa qualité de témoin politique devant le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) jugeant les assassins de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri, a constaté que les responsables syriens ayant un lien avec le meurtre de Hariri ont tous été "liquidés".
"Tous ceux qui ont participé d'une manière ou d'une autre à l'assassinat de Rafic Hariri ont été liquidés", a affirmé M. Joumblatt. Ghazi Kanaan (l'ancien chef des services de renseignements syriens au Liban), a été obligé de se suicider (...) Assef Chawkat (le beau-frère de Bachar el-Assad) a été tué, Rustom Ghazalé (le successeur de Ghazi Kanaan à la tête des SR syriens au Liban) a été liquidé", a-t-il noté.
Le leader libanais druze a également été interrogé par l'accusation au sujet de ses relations avec le régime syrien après l'assassinat de son père Kamal Joumblatt, en mars 1977. "Le régime syrien a assassiné Kamal Joumblatt qui s'était opposé à l'entrée du régime au Liban", a déclaré M. Joumblatt en répondant aux questions de l'avocat de l'accusation, Graeme Cameron. "Il avait dit à (l'ancien président syrien) Hafez el-Assad : je n'entrerai pas dans ta prison", a poursuivi le chef du PSP, citant les propos de son père.
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M. Joumblatt a en outre indiqué que sa relation avec le régime syrien a débuté en 1977, année de l'assassinat de Kamal Joumblatt. "Convaincu de mon appartenance arabe, je devais aller à Damas pour conclure un marché avec lui (le régime), a expliqué le leader druze. J'étais obligé de conclure un marché avec le régime qui a par la suite assassiné l'élite intellectuelle et politique libanaise".
"L'armée libanaise était sous la coupe de l'armée syrienne et de la présidence syrienne et ce sous la supervision d'Emile Lahoud (ancien commandant de l'armée libanaise et ex-président libanais, ndlr)", a également affirmé M. Joumblatt. "Il recevait des ordres du régime syrien et les transmettait aux services de sécurité libanais", a-t-il poursuivi.
M. Joumblatt a par ailleurs évoqué l'entretien au cours duquel il a dit à Rustom Ghazalé être contre la prorogation du mandat du président Emile Lahoud. "Le général Rustom Ghazalé a demandé à me voir le 25 août 2004, a déclaré M. Joumblatt. Il m'a rendu visite à 18h à Clémenceau (la résidence beyrouthine de M. Joumblatt, ndlr), et notre discussion n'a duré qu'une dizaine de minutes. Le lendemain, j'avais une rencontre prévue avec le président (syrien Bachar el-)Assad. M. Ghazalé m'a demandé ce que j'allais dire au président Assad en rapport avec l'extension du mandat du président Lahoud. Je lui ai répondu que je n'allais pas accepter une telle prorogation. Il m'a alors demandé : vous êtes avec nous ou contre nous ? J'ai répondu : j'ai été avec vous durant les 27 dernières années, mais je crois qu'il y a d'autres candidats valables que M. Lahoud". "J'ai plus tard su que mon rendez-vous avec le président Assad avait été annulé, de même qu'un dîner prévu avec le président Lahoud", ajoute M. Joumblatt.
Avant M. Joumblatt, plusieurs responsables politiques ont témoigné devant le TSL. Parmi eux, l'ancien Premier ministre Fouad Siniora, Ghazi Youssef, député et ami proche de M. Hariri, ainsi que les anciens députés Salim Diab et Ghattas Khoury. Le premier responsable politique libanais à avoir apporté son témoignage était l'ancien ministre Marwan Hamadé.
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commentaires (5)
Merci Mr Jumblatt pour votre franchise et votre dextérité en politique, quoi qu'on vous accuse de girouette ou autres vous savez vous plier selon la direction du vent et par vos revirement vous laisser aussi la classe politique recalculer leur stratégie !! Et encore un merci pour avoir dit la VÉRITÉ RIEN QUE LA VÉRITÉ ET LA STRICTE VÉRITÉ !!!
Bery tus
20 h 31, le 04 mai 2015