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Liban - L’éclairage

La « Tempête de la fermeté » a également soufflé sur l’alliance Aoun-Nasrallah

L'implication du Hezbollah dans la guerre yéménite, à travers le soutien à la rébellion houthie et la participation aux combats, n'a pas été sans se répercuter sur la position du parti sur la scène locale ainsi que sur ses alliances politiques. D'autant qu'il est apparu que le Hezbollah avait été mandaté par l'Iran, à travers les pasdaran, pour se charger du dossier yéménite, de même que le général Kassem Suleimani, le chef de la Brigade al-Qods, avait pris en charge avant lui le dossier irakien. Sinon, comment expliquer la posture adoptée par le parti dans le cadre de la guerre yéménite aux côtés des houthis, sous le slogan de la lutte pour les opprimés ?

Pour des milieux proches du 14 Mars, la dernière apparition du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, loin d'être particulièrement heureuse, a laissé des répercussions négatives sur ses alliances, surtout sur la scène libanaise en général et sunnite en particulier. La campagne initiée par le chef du parti chiite contre l'Arabie saoudite n'a en effet aucune justification et a coïncidé avec la première livraison par la France d'armes à la troupe sur base du don saoudien de trois milliards de dollars US, auxquels un milliard de dollars US supplémentaire sont venus s'ajouter comme aide pour équiper les forces sécuritaires et militaires face aux terroristes. Selon des sources ministérielles, cette charge de Hassan Nasrallah – la plus violente contre Riyad – est totalement irrationnelle et faisait écho à une demande iranienne, en réponse au début de l'opération « Tempête de la fermeté » conte les houthis.

Après la dernière allocution publique du secrétaire général du Hezbollah, le chef du Rassemblement démocratique Walid Joumblatt, qui sait si bien lire les mutations en cours et dont le flair politique n'est plus à prouver, a pris l'initiative de dire, après les atteintes formulées contre l'Arabie saoudite, que « le ton passionnel de Nasrallah ne sert à rien et qu'un retour au calme s'impose ». Des milieux politiques ont estimé dans ce cadre que la position de M. Joumblatt constituait une atteinte à sa trêve avec le Hezbollah, effectuée au lendemain de son repositionnement politique, au terme des législatives de l'an 2009. Cependant, les retombées des positions de Hassan Nasrallah n'ont pas affecté uniquement Walid Joumblatt, mais aussi les alliés de la Syrie, et surtout le Courant patriotique libre.

Le chef de la diplomatie, Gebran Bassil, a ainsi répondu aux positions du secrétaire général du Hezbollah dans le cadre d'une occasion partisane, estimant que « tout parti qui souhaite miser sur l'étranger détruira le Liban ». Cette déclaration du locataire du palais Bustros a été considérée comme une volonté de se démarquer de la position du Hezbollah à l'égard des développements au Liban et de lier le pays du Cèdre tantôt aux développements en Syrie et tantôt à ceux du Yémen. Si les positions de M. Bassil visent à raffermir l'esprit de corps partisan à la veille des élections internes au sein du CPL, elles prouvent cependant que l'écart commence à se creuser entre le courant aouniste et le Hezbollah concernant une série de dossiers, notamment la prorogation du mandat des responsables sécuritaires. La relation entre les deux pôles du document d'entente serait ainsi devenue « malsaine », et l'absence de rencontres entre les responsables des deux formations refléterait cela. Une réunion entre le secrétaire général du Hezbollah et le chef du CPL pourrait avoir lieu dans les jours qui viennent afin de décanter quelque peu la situation, selon des sources bien informées. Selon des observateurs politiques, les prises de position de plusieurs personnalités sunnites du 8 Mars ont également contribué à créer une nouvelle situation au sein de ce camp qui met en relief les divergences entre ses composantes à l'égard de la position du Hezbollah relative à la guerre du Yémen.

 

(Lire aussi : À la recherche d'une citoyenneté inclusive, par-delà les génocides)



Pour les milieux du 14 Mars, le derniers discours de Hassan Nasrallah n'a rien apporté de nouveau et se résumerait à une volonté de galvaniser ses troupes, quand bien même les positions du Hezbollah n'ont pas vraiment trouvé de terrain fertile. Pour le 14 Mars, le Liban n'a absolument rien à faire dans le conflit yéménite, et l'objectif de la « résistance », qui était celui de la libération du territoire de l'occupation israélienne, s'est perdu dans les aventures militaires du parti chiite en Syrie, en Irak, au Bahreïn, en Égypte et maintenant au Yémen. Il ne reste donc plus rien du fameux triptyque « armée-peuple-résistance », auquel le Hezbollah continue de s'agripper. Par ailleurs, soulignent ces sources, Hassan Nasrallah est mal placé pour condamner l'ingérence saoudienne au Yémen au moment où lui-même s'est engagé dans le bourbier syrien sur ordre de Téhéran, et où les généraux et les responsables iraniens font inlassablement état de leur action visant à restaurer l'empire perse. De même, le patron du Hezbollah n'est pas le plus habilité à parler de la lutte pour les opprimés, au moment où il contribue lui-même à l'oppression du peuple syrien.

Le Liban est donc devenu, une fois de plus, la scène d'un duel international, dont l'élection présidentielle est un aspect. Selon un leader nordique du 8 Mars, il n'existe à l'heure actuelle aucune perspective pour l'échéance présidentielle à court terme, et ce dossier n'est plus qu'une carte de négociations aux mains de certaines puissances régionales. Le Hezbollah aurait ainsi informé certains de ses alliés de manière diplomatique qu'il est contre l'élection d'un président de la République, sauf si ce dernier est issu des rangs de la « moumanaa » et nommé par Téhéran. « L'expérience Michel Sleiman », le Hezbollah n'en veut plus.
Partant, des observateurs estiment que les développements sur la scène yéménite auront des répercussions positives sur la scène libanaise et contribueront probablement à faciliter l'élection, sous peu, d'un nouveau président.

 

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L'implication du Hezbollah dans la guerre yéménite, à travers le soutien à la rébellion houthie et la participation aux combats, n'a pas été sans se répercuter sur la position du parti sur la scène locale ainsi que sur ses alliances politiques. D'autant qu'il est apparu que le Hezbollah avait été mandaté par l'Iran, à travers les pasdaran, pour se charger du dossier yéménite, de...

commentaires (4)

Et ce qui soufflera dessus la prochaine fois sera un tsunami....

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

11 h 25, le 24 avril 2015

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Commentaires (4)

  • Et ce qui soufflera dessus la prochaine fois sera un tsunami....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 25, le 24 avril 2015

  • La fin du Hezbollah a débuté dès la révolution des Cèdres. A partir de la ce fut le compte a rebours. Il a essayé par tous les moyens de retourner la situation en vain. Il a perdu les élections en 2005. N'a pu empêcher le gouvernement Siniora de faire son travail même en lui imposant la bataille de 2006. N'a pu empêcher la formation du TSL. A perdu les élections de 2009. N'a pu prendre le pouvoir qu'avec un coup d’état. Sa gérance des affaires de l’état avec ses alliés a été catastrophique a tel point qu'il a été obligé de composer avec l'opposition pour sauver les meubles. Il s'est engagé dans la guerre en Syrie se mettant dans la mouise et participe a la guerre en Iraq et au Yémen, provoquant une réaction négative même au sein de ses supporters. Il est clair que plus personne ne croit aux fausses légendes du parti Iranien. Espérons que son baroud d'honneur ne sera pas comme celui de Aoun en 1990, détruisant tout avant de nous foutre la paix.

    Pierre Hadjigeorgiou

    09 h 41, le 24 avril 2015

  • LES TEMPÊTES EMPORTENT... LA FEUILLE VOLE AU VENT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 31, le 24 avril 2015

  • elles prouvent cependant que l'écart commence à se creuser entre le courant aouniste et le Hezbollah concernant une série de dossiers faits averer ou deduction?

    Bery tus

    02 h 47, le 24 avril 2015

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