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À La Une - Analyse

Nucléaire iranien : un accord-cadre fruit du pragmatisme de Khamenei

L'ayatollah a la haute main sur tous les dossiers stratégiques de la république islamique.

Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei. Photo AFP/File

Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a privilégié le pragmatisme à la rhétorique radicale et la perspective d'un conflit avec l'Occident pour rendre possible la conclusion de l'accord cadre qui ouvre la voie à un règlement du dossier nucléaire iranien, estiment des experts.

L'approbation par l'ayatollah Khamenei -qui a la haute main sur tous les dossiers stratégiques- des termes d'un accord nucléaire étaient l'une des grandes interrogations de ces 18 derniers mois, alors que les négociations s'intensifiaient entre l'Iran et le groupe 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne). Connu pour sa méfiance à l'égard de Washington et de ses alliés, il a même affirmé ne pas croire à une issue positive après 12 ans de crise diplomatique. Mais les "paramètres clés" d'un accord-cadre trouvé jeudi à Lausanne confirme la volonté du dignitaire religieux de parvenir à un accord final, qui doit être rédigé avant le 30 juin.

 

(Repère : Nucléaire iranien : les principaux points de l'accord cadre)

 

'Nous sortons gagnants'

Le texte doit réunir les deux objectifs du numéro un iranien: la levée des sanctions internationales mises en place depuis 2006 et la préservation du programme nucléaire iranien, même limité et sous étroite surveillance, selon l'expert téhéranais Amir Mohebbian, un conservateur proche du pouvoir.
"C'était le plan du guide, estime-t-il. Selon lui, "il était important de montrer au monde que nous pouvions faire des progrès scientifiques malgré les pressions, mais il était aussi important d'obtenir la levée des sanctions". Le numéro un iranien, qui a 75 ans, "veut résoudre cette question pour l'avenir du pays et de la région", ajoute-t-il.

Les menaces américaines ou israéliennes d'une action militaire n'ont pas stoppé les activités nucléaires iraniennes. La crise a culminé entre 2010 et 2012 avec les assassinats de quatre scientifiques, que Téhéran a imputés à Israël et aux puissances occidentales. Mais pour l'ayatollah Khamenei et son opinion publique, ces "martyrs", ainsi que l'isolement diplomatique et la crise économique aggravée par les sanctions, ont rendu politiquement impossible tout abandon du programme nucléaire.

Soupçonné de chercher à fabriquer l'arme atomique, l'Iran a toujours affirmé que son programme était pacifique. "La bombe atomique n'a jamais été notre but, c'était une illusion créée par les Etats-Unis et certains pays occidentaux qui finalement nous a aidés lors des négociations. Nous sortons gagnants", affirme M. Mohebbian.

 

(Lire aussi : Quelles implications régionales pour le Moyen-Orient en cas d'accord final ?)

 

L'obstacle des sanctions

La question des sanctions de l'ONU était l'obstacle le plus difficile à franchir à Lausanne. L'Iran souhaitait leur levée immédiate, ce que les Occidentaux semblaient refuser. Pour Siavush Randjbar-Daemi, spécialiste de l'Iran à l'Université de Manchester, la fin des sanctions était un point critique pour le régime, qui les a toujours qualifiées d'illégales et immorales. "Les sanctions de l'ONU ont toujours été associées aux activités illégitimes d'un Etat-membre", dit-il, soulignant la lutte de l'Iran pour faire admettre la responsabilité de Saddam Hussein dans le déclenchement de la guerre Iran-Irak (1980-88).

Le président modéré Hassan Rohani, élu en juin 2013, a également été l'une des principales figures associées à la relance officielle des négociations. Il a rompu avec le discours de son prédécesseur Mahmoud Ahmadinejad dont le double mandat (2005-2013) a été marqué par la confrontation avec l'Ouest.

Le 21 mars, l'ayatollah Khamenei a envoyé un autre signal en appelant tous les Iraniens à soutenir le gouvernement, même ceux qui le contestaient. La conclusion d'un accord final profiterait à Hassan Rohani avant les élections législatives de 2016, durant lesquelles ses alliés réformateurs vont tenter de reprendre aux conservateurs le contrôle du Parlement. Mais à court terme, le principal bénéficiaire sera l'ayatollah Khamenei, qui avait autorisé des discussions secrètes avec des responsables américains avant 2013.
Il "va s'attribuer le mérite" d'avoir résolu l'une des plus profondes crises diplomatiques de l'Iran et créé les conditions pour renforcer la position de la République islamique dans la région, conclut Davoud Hermidas-Bavand, vétéran de la politique iranienne et professeur à l'Université de Téhéran.

 

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