Triomphant, contre les pronostics, aux législatives israéliennes, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est loin de faire l'unanimité de la presse locale.
La charge la plus virulente et désenchantée, après l'annonce de la victoire du Likoud (Selon les résultats de la commission électorale après dépouillement de la quasi-totalité des bulletins, le Likoud remporte 23,26% des suffrages, contre 18,73% à la liste de M. Herzog) vient du Haaretz. Dans un éditorial sévère titré "Netanyahu mérite le peuple israélien, et ce dernier le mérite", Gideon Levy écrit que "la première conclusion qui s'impose, quelques minutes après les premiers résultats particulièrement décourageants est la suivante : la nation doit être remplacée. Il ne faut "pas de nouvelles élections pour choisir les dirigeants du pays, mais des élections générales pour choisir un nouveau peuple. Immédiatement", poursuit-il.
"Pourquoi ? Pourquoi un homme qui ne s'est pas fait aimer par son peuple, par ses partisans (du Likoud), s'est-il vu accorder une seconde chance ?", s'interroge, de son côté, Herb Keinon du Jerusalem Post. "Ce n'était pas beau, ce n'était pas convaincant, ça n'a pas été fait de bon cœur, mais ça a été fait, ajoute-t-il. Le règne du roi Bibi, malgré les légions de +non+ en Israël et dans le monde, n'a pas encore pris fin". Malgré le rejet que peut provoquer la personne de Benjamin Netanyahu, l'éditorialiste estime que les Israéliens "sont convaincus qu'il maintiendra le cap".
Pour Gil Hoffman, également du Jerusalem Post, "avec la victoire du Likoud, le deuxième Israël a parlé". Il explique la victoire du dirigeant de droite par son "attrait pour une tranche de la société israélienne sous-représentée". Pour lui, les Ashkénazes, immigrants de l'Europe de l'Est, ont souvent été perçus comme avantagés par rapport aux Séfarades d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Ces derniers, "qualifiés de second Israël, se sont par la suite plaints de la discrimination à leur encontre par l'élite de gauche, certains médias et le milieu académique". Il estime ainsi que "l'Union sioniste (rivale de centre-gauche, ndlr) a par inadvertance joué en faveur de Netanyahu avec sa campagne de +tout sauf Bibi+. (...) Les personnes qui n'ont pas voté depuis des années, ou qui optaient pour les satellites du Likoud, ont accouru aux urnes pour voter pour le Likoud".
Les éditorialistes s'interrogent également sur l'impact des résultats du scrutin sur les relations avec l'administration du président Barack Obama ainsi que le processus de paix israélo-arabe.
"Le premier appel téléphonique que Netanyahu devra effectuer après avoir consulté ses potentiels partenaires de coalition - sinon avant - est au président américain Barack Obama. Il ne devra pas attendre qu'Obama l'appelle pour le féliciter. Netanyahu doit l'appeler en premier", écrit Herb Keinon.
(Lire aussi : « Une percée de la liste arabe serait un premier pas sur la voie d'une alternative politique »)
Les relations entre les deux hommes n'ont jamais été aisées. Mais après le discours prononcé par Netanyahu le 3 mars dernier devant le Congrès à l'invitation du président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner, et sans avoir respecté le protocole en la matière vis-à-vis de la Maison Blanche, les relations entre les deux dirigeants se sont encore tendues. "Obama devra prendre son mal en patience, une fois Netanyahu (reconduit) au pouvoir", titre le site web israélien Ynetnews. "Clairement, le résultat que de nombreux supporters d'Obama espéraient - un rejet des électeurs de la ligne dure adoptée par Netanyahu - n'a pas été obtenu", souligne le Jerusalem Post.
Jack Khoury, du Haaretz, note pour sa part la désillusion des autorités palestiniennes qui se sont confiées au quotidien. La victoire de Netanyahu "prouve qu'il n'y a pas de partenaire en Israël", ont ainsi affirmé des responsables hauts placés de l'Autorité palestinienne.
Pour Chemi Shalev, également du Haaretz, Netanyahu a coupé les ponts avec la minorité arabe (..). Il a mis le feu au navire qui transporte le gros des relations d'Israël avec la communauté internationale, spécialement l'administration Obama, quand il a soudainement fais volte-face sur son accord de principe sur un État palestinien".
Dans les dernières heures de la campagne et sous la pression de sondages défavorables, M. Netanyahu avait donné un sévère coup de barre à droite pour mobiliser indécis et déçus. "Créer un État palestinien aujourd'hui dans le contexte régional, c'est l'assurance que les territoires cédés tomberont entre les mains des extrémistes", avait-il notamment martelé dans différentes interviews. "C'est exact", avait-il répondu à NRG qui lui demandait si cela signifiait qu'il n'y aurait pas d'État palestinien s'il conservait son poste.
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commentaires (6)
LA NATION ET LA NOTION DOIVENT ÊTRE CHANGÉES... DEUX ETATS CÔTE À CÔTE... DEUX ETATS ET NON PAS UN ETAT ET UN SIMULACRE D'ETAT !
LA LIBRE EXPRESSION
13 h 41, le 19 mars 2015