Rechercher
Rechercher

À La Une - Repère

Législatives israéliennes : ce qu'il faut savoir pour comprendre

Les Israéliens ont commencé à voter mardi matin, dans le cadre d'élections qui pourraient n'être que le prélude à d'intenses tractations.

A Tel Aviv, une Israélienne vote pour renouveler la Knesset, le 17 mars 2015. REUTERS/Baz Ratner

Les bureaux de vote ont ouvert mardi matin en Israël pour des élections législatives très incertaines qui diront si les Israéliens veulent encore de Benjamin Netanyahu comme Premier ministre ou si l'heure du changement a sonné au bout de six ans, ont constaté les journalistes de l'AFP.

Depuis 05h00 GMT et jusqu'à 20h00 GMT, 5,88 millions d'électeurs israéliens sont appelés à choisir leurs 120 députés dans plus de 10 000 bureaux de vote ouverts dans les écoles, les hôpitaux ou même les prisons à travers le pays. Le prochain Premier ministre sera le ou la députée la mieux à même de former une coalition de gouvernement.

Les Israéliens devraient avoir une idée précise de la formation de leur 20e Knesset dans la nuit de mardi à mercredi. Les premiers sondages à la sortie des bureaux de vote sont attendus sur les télévisions immédiatement après la fermeture des bureaux à 20h00 GMT.
Pour autant, ces élections pourraient n'être que le prélude à d'intenses tractations, et les Israéliens risquent de devoir attendre plusieurs semaines le nom de leur prochain Premier ministre: le conservateur Benjamin Netanyahu, qui a donné un sévère coup de barre à droite dans les dernières heures de la campagne, le travailliste Isaac Herzog, ou peut-être un autre en fonction d'une arithmétique politique délicate.

 

Quelques éléments pour comprendre ces législatives et leurs enjeux.

 

 

Pourquoi ces élections ?


Lassé de l'indiscipline au sein de son gouvernement, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a limogé en décembre sa ministre de la Justice, Tzipi Livni, et son ministre des Finances, Yaïr Lapid, et provoqué des élections anticipées bien avant l'échéance prévu de novembre 2017.

 

Quels sont les principaux thèmes de campagne et de préoccupation ?


Les partis de gauche et du centre essaient d'orienter la campagne vers les questions socio-économiques, la cherté de la vie et du logement, les inégalités et la pauvreté.
De son côté M. Netanyahu a mis l'accent sur les questions de sécurité nationale, la menace des organisations islamistes et jihadistes et celle d'un Iran doté de l'arme nucléaire.
D'autre part, une analyse conduite en décembre par le site d'informations Walla sur les réseaux sociaux a montré que les questions socio-économiques étaient deux fois plus importantes que les questions diplomatiques ou de sécurité aux yeux des Israéliens.
Enfin, les experts s'accordent à dire que les élections sont dans une large mesure un référendum pour ou contre M. Netanyahu.

 

Quelques données sur Israël

 

 

Le système électoral

 

Le système électoral israélien assure une large représentation au Parlement (Knesset) de la pluralité des courants politiques du pays. Mais un nombre grandissant de voix s'élèvent pour dire qu'il rend Israël de plus en plus ingouvernable.


La proportionnelle intégrale en vigueur depuis la création d'Israël ne connaît qu'une restriction: obtenir 3,25% des voix pour entrer à la Knesset. Ce seuil d'éligibilité, autrefois à 2%, a été relevé en mars 2014 à l'initiative de la coalition gouvernementale du Premier ministre de droite Benjamin Netanyahu. Tous les députés de l'opposition avaient boycotté les débats devant le risque d'exclusion des petits partis.
Cette nouvelle barre a poussé les quatre principaux partis arabes israéliens à faire pour la première fois liste commune pour les législatives afin d'éviter l'élimination. Ensemble, ils sont crédités d'une douzaine de sièges par les sondages.

 

(Lire aussi : « Une percée de la liste arabe serait un premier pas sur la voie d'une alternative politique »)

 

Mais nombre de petits partis devraient encore siéger au Parlement, compliquant la formation d'un gouvernement et contribuant à l'instabilité chronique des coalitions gouvernementales.


Seules six des 19 Knesset précédentes sont allées au bout de leur législature de quatre ans.


Mardi, 25 listes se disputent les voix de 5,88 millions d'électeurs dans 10.372 bureaux de vote. Selon les sondages, 11 d'entre elles devraient être représentées au Parlement.


Après les résultats officiels, le président israélien Reuven Rivlin aura sept jours pour choisir auquel des 120 députés élus confier la formation du gouvernement. Celui-ci aura 28 jours pour constituer une coalition. Le président peut, si nécessaire, prolonger cette durée de 14 jours.
En cas d'échec, le président peut confier la tâche à un autre parlementaire, avec un délai de 28 jours. Un éventuel troisième prétendant n'aurait plus, lui, que 14 jours avant que le président ne réclame de nouvelles élections. Le chef du parti vainqueur est généralement celui à qui il revient de former une coalition. Mais cela n'est pas obligatoire.
Aucun parti n'est jamais parvenu à réunir une majorité de 61 députés pour gouverner seul.

 

 

Isaac Herzog et Benjamin Netanyahu. REUTERS/Ronen Zvulun/Files et Gali Tibbon/Pool

 

 

Les chefs de file des partis en lice pour les élections israélienne

 

Benjamin Netanyahu, chef du Likoud : Au pouvoir depuis 2009 après avoir effectué un premier mandat entre 1996 et 1999, âgé de 65 ans, ce petit-fils de rabbin, fils d'un historien ultra-sioniste, brigue un troisième mandat.
Il se présente comme "M. Sécurité", rempart contre l'Iran et l'islam radical.
Proche de l'école néo-conservatrice américaine, il mène une politique libérale contestée par la gauche, qui assure à Israël de bons résultats macro-économiques tout en creusant les inégalités sociales, parmi les plus importantes des pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Isaac Herzog, chef du parti travailliste : Chef de l'opposition, cet avocat de 54 ans, député depuis 2003 et plusieurs fois ministre, s'est illustré pour sa défense des causes sociales et s'est prononcé maintes fois pour la création d'un Etat palestinien. Fils de l'ancien président Haïm Herzog, il est issu d'une des familles les plus illustres d'Israël. Il conduit l'Union sioniste, coalition de centre gauche formée avec le parti HaTnuah de Tzipi Livni.

Tzipi Livni, HaTnuah : Ancienne ministre de la Justice chargée du dossier palestinien limogée par M. Netanyahu, Mme Livni, ex-chef de la diplomatie venue du Likoud, s'est progressivement rapprochée du centre, suivant l'ancien Premier ministre Ariel Sharon au parti Kadima puis créant son propre parti de centre gauche HaTnuah, en 2012.
Avocate, ancien agent du Mossad âgée de 56 ans, elle se dit attachée à un "Etat juif et démocratique", ce qui passe, selon elle, par la création d'un Etat palestinien.

Ayman Odeh, Liste commune : Ayman Odeh, 39 ans, secrétaire général du Front démocratique pour la paix et l'égalité (FDPE ou Hadash, communiste), est à la tête de la liste d'union des quatre formations arabes israéliennes qui, pour la première fois dans l'histoire d'Israël, font cause commune aux élections.
Les membres de cette liste ont exclu de faire partie d'un gouvernement. Mais ils sont farouchement hostiles à M. Netanyahu et pourraient soutenir de l'extérieur (sans participation) une coalition de gauche, en fonction de son programme.

Naftali Bennett, Foyer juif : Ce fils d'immigrants américains âgé de 42 ans, ancien entrepreneur dans la haute technologie, se positionne à droite du Likoud. Excellent communicant, il joue de son image d'ex-officier commando et communique sur les réseaux sociaux en hébreu, anglais et français.

Yaïr Lapid, Yesh Atid : Ministre des Finances limogé par Benjamin Netanyahu, il n'a pas réussi à faire baisser le prix des logements, but qu'il s'était fixé en arrivant au gouvernement.
Ancien journaliste, présentateur du talkshow le plus suivi dans les années 2000, âgé de 51 ans, il bénéficie d'une bonne cote de popularité dans les classes moyennes dont il s'est auto-proclamé le héraut en entrant en politique en 2012.

Moshé Kahlon, Koulanou : Ancien ministre des Communications du gouvernement Netanyahu en 2009, âgé de 54 ans, il est connu pour avoir réussi à ouvrir le marché de la communication mobile à la concurrence, faisant chuter les prix.
Issu d'une famille modeste d'immigrants de Libye, il a quitté le Likoud pour former son parti et faire primer les sujets sociaux. Il a annoncé qu'il rejoindrait tout gouvernement qui s'engagerait sur le terrain social.

Avigdor Lieberman, Israël Beiteinou : Né il y a 56 ans dans la République soviétique de Moldavie, il ambitionne de devenir le chef de la droite, malgré le scandale de corruption qui touche son parti.
Il a commencé au Likoud et a créé son parti nationaliste en 1999, capitalisant sur le vote du million d'émigrés de l'ex-URSS, base électorale qu'il a considérablement élargie depuis.

 

 

Symboliquement, et à la veille des législatives, Benjamin Netanyahu a réservé lundi son dernier déplacement significatif à l'une des colonies les plus contestées, celle de Har Homa, aux confins des quartiers palestiniens de Jérusalem-Est et du sud de la Cisjordanie. Menahem Kahana/AFP

 

 

Ce que proposent les partis israéliens pour résoudre le conflit du Proche-Orient

 

Le conflit avec les Palestiniens est l'un des grands absents des débats en Israël dans la campagne pour les législatives du 17 mars. Alors que Gaza s'enfonce dans la crise humanitaire depuis la guerre de 2014 et que les Palestiniens saisissent instances diplomatiques et judiciaires internationales, la question est néanmoins présente dans les programmes des partis.

 

Likoud
Le gouvernement de coalition du Premier ministre sortant Benjamin Netanyahu, dominé par son parti de droite le Likoud, a mené durant neuf mois des négociations avec les Palestiniens sous l'égide de Washington, jusqu'à leur échec en avril 2014.

A la veille des législatives, Benjamin Netanyahu a radicalement fait monter les enchères en écartant pour la première fois aussi clairement la création d'un Etat palestinien s'il est reconduit à son poste. Dans les dernières heures de la campagne et sous la pression de sondages défavorables, M. Netanyahu a donné un sévère coup de barre à droite pour mobiliser les indécis et les déçus: ses propos sur la création d'un Etat palestinien, un acte de défi envers la communauté internationale, sont, de sa part, le rejet le plus explicite d'une solution à deux Etats depuis longtemps. Au cours d'une ultime offensive médiatique, M. Netanyahu a aussi tenté de mettre les questions controversées de Jérusalem et de la colonisation au cœur du débat. Il a promis de continuer à construire des logements pour colons à Jérusalem-Est, partie palestinienne annexée et occupée de la ville, avec le but déclaré d'empêcher que les Palestiniens n'établissent leur capitale dans sa partie orientale.

 

Union sioniste
Le principal concurrent du Likoud, l'alliance de centre gauche emmenée par le travailliste Isaac Herzog, assure qu'il s'appuiera sur la Ligue arabe pour revenir aux négociations avec les Palestiniens. L'Union sioniste milite pour "un État palestinien démilitarisé", l'annexion par Israël des blocs de colonies en Cisjordanie occupée, Jérusalem comme "capitale éternelle du peuple juif" et des relations économiques renforcées avec les Palestiniens.

 

Yesh Atid (centre)
Dirigé par l'ex-ministre des Finances Yaïr Lapid, qui soutient la création d'un État palestinien démilitarisé via un "accord régional" avec les pays arabes et l'annexion des blocs de colonies de Cisjordanie. Il se dit prêt à des "échanges de territoires" et geler la colonisation le temps des négociations, mais n'abandonnera pas Jérusalem-Est. Il refuse le droit au retour des réfugiés palestiniens et de leurs descendants, chassés en 1948 et 1967, disposition cruciale des propositions palestiniennes et arabes de paix.

 

Foyer juif
Le Parti nationaliste religieux du ministre de l'Économie Naftali Bennett s'oppose "à tout État palestinien", mais ne veut pas non plus d'une solution à un État, Israël, qui absorberait la population palestinienne. Ces deux possibilités, assure sa profession de foi, "présentent un vrai danger pour l'existence même d'Israël". M. Bennett s'était opposé au dernier round de négociations avec les Palestiniens, qu'il a décrit comme un "éclat d'obus dans les fesses".

 

Liste commune arabe
La Liste commune, qui représente les Arabes israéliens, les descendants des Palestiniens restés sur leur terre à la création d'Israël en 1948 (environ 20 % de la population d'Israël aujourd'hui), est celle qui accorde la plus large place à la question palestinienne. Elle réclame la fin de l'occupation israélienne des territoires palestiniens et de Jérusalem-Est ainsi qu'un État de Palestine dans les frontières de 1967 aux côtés d'Israël. Elle rejoint les exigences de la direction palestinienne et réclame le droit au retour des réfugiés.

 

Israël Beiteinou
Le parti de l'ultranationaliste ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman veut un accord de paix régional avec les pays arabes et non bilatéral avec les Palestiniens, et ne s'oppose pas à un État palestinien. Il prévoit même d'y envoyer les Arabes israéliens "qui s'identifient aux Palestiniens" et qui perdraient nationalité et droits en Israël.

 

Lire aussi

Le candidat Netanyahu s'est mis à dos l'Europe et son allié américain

Les innombrables défis qui attendent le prochain gouvernement israélien

 

 

Les bureaux de vote ont ouvert mardi matin en Israël pour des élections législatives très incertaines qui diront si les Israéliens veulent encore de Benjamin Netanyahu comme Premier ministre ou si l'heure du changement a sonné au bout de six ans, ont constaté les journalistes de l'AFP.
Depuis 05h00 GMT et jusqu'à 20h00 GMT, 5,88 millions d'électeurs israéliens sont appelés à choisir...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut