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Liban

Recours juridique pour récupérer les sarcophages phéniciens saisis par la Turquie ?

Après une première tentative avortée il y a deux ans, le ministère des Affaires étrangères récidive et réclame le retour des 18 sarcophages phéniciens actuellement exposés au musée d'Istanbul.

Le sarcophage d’Alexandre n’en porte que le nom.

Des sarcophages phéniciens anthropoïdes avaient été saisis par l'Empire ottoman en 1868, à Saïda, sous le règne du sultan Abdulaziz. Un trésor national que la Turquie considère comme étant devenu avec le temps une « propriété turque », alors que le ministère des Affaires étrangères a entrepris des démarches pour récupérer les sarcophages.

La réponse turque a été transmise au ministre de la Culture, Rony Araiji. Ce dernier a confié le dossier à des spécialistes en droit international. « Nous étudions les différentes options que le Liban pourrait adopter pour obtenir gain de cause, soit avoir recours aux instances juridiques internationales, soit trouver un terrain d'entente avec l'autre partie », a déclaré le ministre à L'Orient-Le Jour.

On ne revient pas sur le passé !
À la question de savoir si l'Unesco peut intervenir pour aider à régler le litige, Joseph Kreidi, l'un des responsables du bureau régional de l'Unesco (Cultural National Project Officer) explique que l'organisation ne peut intercéder auprès des autorités turques que si les faits sont postérieurs à la convention de 1970, laquelle a établi les mesures à prendre pour interdire et empêcher l'importation, l'exportation et le transfert illicites des biens culturels ou encore qui prévoit des dispositions en matière de restitution et de coopération. Et que les États membres se sont engagés à respecter. Par contre, aucune mesure n'a été prise pour restituer des objets et les œuvres d'art pillées par les grandes puissances depuis le XIXe siècle à travers le monde. Ou avant l'entrée en vigueur de la convention précitée. « L'Unesco ne peut donc intervenir que pour faire pression ou jouer le rôle d'intermédiaire », a dit M. Kreidi.
En octobre dernier, lors d'une rencontre avec L'Orient-Le Jour, Élisabeth Fontan, ancien conservatrice en chef au département des Antiquités orientales du musée du Louvre, responsable pendant 40 ans des collections d'Assyrie, de Phénicie, de Palestine et de Jordanie, avait relevé que la formation des collections du Levant ne provenait pas exclusivement des fouilles illicites. « Celle de la Phénicie date principalement de la mission archéologique d'Ernest Renan. Elle a été ensuite enrichie par les explorations menées sous le mandat français lorsque des réglementations et des accords bilatéraux sur les Antiquités furent mis en place, établissant des modalités de partage entre le gouvernement français et le Liban », a observé Élisabeth Fontan. À la question de savoir si les collections pourraient un jour être retournées à leur pays d'origine, elle a été catégorique : « On ne revient pas sur le passé. Les objets sont sortis à la fois d'Irak, de Syrie et du Liban, en accord avec les lois de l'époque. On peut les regretter, mais il faut accepter que les choses se soient passées ainsi. Toutes les portes des églises romanes de France ont été vendues aux USA, lors de la Révolution française. Le service en porcelaine de Sèvres du roi Louis XVI se trouve aujourd'hui chez la reine d'Angleterre... C'est ainsi. » Rappelons que le musée du Louvre abrite le sarcophage de basalte noir du roi de Sidon Eshmounazar II, dégagé lors d'une fouille en 1855 ; le sarcophage anthropoïde de Sidon coiffé à l'égyptienne découvert à Aïn el-Héloué ; et un ensemble de statues et de reliefs tirés en 1887 d'un Mithréum. Pour ne citer que quelques-uns... sans oublier la statue en bronze d'Aphrodite.

Alexandre, Satrape et Lycien, les vedettes du musée d'Istanbul
Parmi les 18 sarcophages conservés au musée archéologique d'Istanbul, l'impressionnante œuvre funéraire d'Alexandre, découverte par l'archéologue turc Osman Hamdi bey. Entièrement sculpté dans du marbre, ce sarcophage qui pèse plus de 15 tonnes et date de la fin du IVe siècle avant J.-C. est considéré comme une des plus belles sépultures découvertes à Sidon. Le jeune conquérant macédonien y figure dans des scènes de chasse et de combat. C'est pour cette raison qu'il porte le nom de « sarcophage d'Alexandre ».
Daté du Ve siècle avant J.-C., le sarcophage du Satrape fait partie du groupe « le plus important des monuments phéniciens ». Découvert dans la nécropole de Aya (région de Sidon), il représente des scènes de la vie d'un potentat oriental.
Un autre sarcophage d'une beauté saisissante est celui que l'on désigne par « sarcophage du Lycien ». Il a été découvert dans la nécropole royale de Sidon. Le nom de « Lycien » fut attribué à ce sarcophage, car sa forme et les scènes qui y figurent rappellent les monuments funéraires de Lycie. Il subsiste des traces de polychromie sur les sculptures ; le marbre provient de Paros.
Il y a aussi le remarquable « sarcophage des pleureuses », des pleureuses « en forme d'un temple grec. » Il représente une cella qu'entoure un portique abritant 18 statuettes de trois pieds de haut, encadrées par des colonnes; chaque extrémité est ornée de trois de ces statuettes et chaque grand côté en compte six. Ces statuettes sont sculptées avec beaucoup de finesse et d'art. Elles représentent des femmes exprimant leur douleur de diverses manières.
La Turquie refuse toute politique de restitution. Pourtant elle avait obtenu des États-Unis le retour d'une statue d'Hercule du musée de Boston en arguant du patrimoine national, ainsi que d'autres vestiges d'Allemagne cette fois, offerts par l'un des sultans ottomans à un chancelier. À son tour, le Liban réclame son dû, ses trésors, son histoire...

Des sarcophages phéniciens anthropoïdes avaient été saisis par l'Empire ottoman en 1868, à Saïda, sous le règne du sultan Abdulaziz. Un trésor national que la Turquie considère comme étant devenu avec le temps une « propriété turque », alors que le ministère des Affaires étrangères a entrepris des démarches pour récupérer les sarcophages.
La réponse turque a été...

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