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Lifestyle - La mode - Haute couture

Les impressions africaines de Rani Zakhem

L'un des représentants les plus discrets de la nouvelle génération de couturiers libanais, Rani Zakhem, issu d'une famille d'entrepreneurs, creuse tranquillement son sillon en n'écoutant que ses émotions. Célébrée avec enthousiasme par les milieux de la mode, sa dernière collection printemps-été 2015, présentée le 1e février au pavillon Alta-Roma, dans le cadre de la Semaine romaine de la haute couture, s'inspire du Kenya où il a passé son enfance.

On ne revient jamais de son enfance, dit-on. Rani Zakhem a vécu au Kenya jusqu'à l'âge de dix ans. De Nairobi à Mombasa, à Serengeti, où il passait ses vacances, il garde le souvenir enchanté des couleurs du monde comme on l'imagine à son premier matin. C'est son Afrique intime, loin des clichés et des images préconçues, qu'il restitue dans cette collection haute couture printemps-été 2015.

 

Une féerie de bougainvillées
On ne s'étonnera pas de l'omniprésence du thème floral. Pour Zakhem, le Kenya, ce sont d'abord les opulentes cascades de bougainvillées multicolores le long des murs en stuc blanc de la maison de son enfance. L'inspiration est venue d'une sublime dentelle de chantilly framboise dont la teinte a ravivé avec force et précision ces souvenirs solaires. Retravaillant la matière du tissu initial sur une robe longue à bretelles asymétriques, le couturier y a introduit une broderie de paillettes évoquant le ruissellement de la lumière et réuni en grappes un certain nombre de fleurs découpées dans le précieux motif.
On retrouvera ces arabesques fleuries sur une robe en tulle nude, de coupe fourreau, fendue d'un décolleté en « V » jusqu'à la ceinture, où les fleurs de dentelle semblent rouler, soulevées par un vent mystérieux, et s'accumuler sur le rebord comme au pied d'un mur.
Sur d'autres créations, la fleur disparaît et seul un savant drapé, sur une robe bustier courte et près du corps, restitue dans la soie ses vibrants camaïeux, du violet au corail, en passant par le rouge et le fuchsia. Une cape de voile rose anime d'un mouvement gracieux et nimbe de lumière poudrée la rigueur architecturale de la coupe.

 

(Lire aussi: Une semaine de luxe et de créativité à Paris)

 

Les humeurs de l'océan
« Au printemps, nous passions les vacances à Mombasa, sur l'océan Indien », se souvient le couturier. Mais le printemps subéquatorial est un hiver et ses yeux d'enfant garderont à jamais les nuances profondes de cette mer immense, naguère turquoise, rendue presque noire par la fureur des éléments. Cette impression chromatique intense se traduit dans cette collection par une robe longue signature, de coupe sirène, en applications d'arabesques de dentelle bleu marine sur tulle.

 

Un safari fantasmé
Si la dentelle a réveillé le souvenir enfoui des bougainvillées du Kenya, c'est un voile de soie imprimé léopard qui a fait rugir dans cette nouvelle collection de Zakhem les rumeurs de la savane. L'illusion parfaite de ce tissu raffiné est le fil conducteur d'une féline féminité qui va se décliner sur toute une ligne inspirée de la faune africaine. Un prétexte pour le couturier de décliner sa passion pour l'esthétique animalière de l'Art déco. Cette inspiration se traduit de manière contemporaine dans une robe évasée construite autour d'un plastron de dentelle rebrodé de paillettes de bronze en relief évoquant les bijoux masaïs. On verra aussi un fourreau sirène inspiré de la toile d'araignée, prétexte à un sublime motif de broderie en paillettes métallisées cuivre et bronze évoquant les géométries éclatées de Sonia Delaunay. Parmi les clous de cette fantasmagorie, on verra un maillot mordoré assorti d'une petite étole en plumes de marabout, ainsi qu'une robe tutu à bustier en python chocolat métallisé.

 

La robe de mariée
Chez Zakhem, la robe de mariée est blanche, sinon rien. C'est une robe bustier rebrodée de cristaux transparents qui ruissellent jusqu'au bas de la crinoline et cascadent tout le long de l'immense traîne. L'Afrique y est discrètement présente, entre les neiges éternelles du Kilimandjaro et les gracieuses arabesques des éléments de ferronnerie de la maison kenyane du créateur.
Tel un enfant naturel d'Hemingway et de Karen Blixen, Rani Zakhem livre pour la nouvelle saison une collection lumineuse et colorée, habitée par une Afrique fantasmée, servie par un savoir-faire d'exception. Sans doute l'une de ses plus abouties.

 

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On ne revient jamais de son enfance, dit-on. Rani Zakhem a vécu au Kenya jusqu'à l'âge de dix ans. De Nairobi à Mombasa, à Serengeti, où il passait ses vacances, il garde le souvenir enchanté des couleurs du monde comme on l'imagine à son premier matin. C'est son Afrique intime, loin des clichés et des images préconçues, qu'il restitue dans cette collection haute couture...

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