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Économie - Portrait

Yanis Varoufakis, « économiste par accident », mais ministre grec des Finances en mission

Le ministre des Finances Yanis Varoufakis est certainement la vedette du gouvernement annoncé hier par le nouveau Premier ministre grec Alexis Tsipras. Ce farouche partisan de la « fin des mesures d'austérité » sera chargé d'aller renégocier la dette à Bruxelles.

Le nouveau ministre des Finances grec Yanis Varoufakis. Aris Messinis / AFP

Carrure de rugbyman, universitaire globe-trotteur, l'économiste Yanis Varoufakis, nouveau ministre grec des Finances attendu à Bruxelles pour négocier la dette, est opposé depuis le début aux plans de sauvetage financiers, mais il est résolument favorable au maintien dans l'euro.
Prendre au pied de la lettre l'une des notes de son blog où il se proclame « marxiste occasionnel » ne résume pas la pensée nuancée de cet amateur de formules-choc qui se décrit aussi comme « économiste par accident ».
Formé en Grande-Bretagne où il a enseigné, cet universitaire de 53 ans a vécu plusieurs années en Australie pour « s'échapper » de l'Angleterre libérale : Margaret Thatcher venait d'être réélue pour la troisième fois, « c'en était trop ».
« Plus tard, poursuit l'économiste, j'ai déménagé en Grèce pour devenir, imprudemment mais tout à fait officiellement, conseiller de Georges Papandréou, dont le gouvernement allait initier le passage de la Grèce vers l'enfer quelques années plus tard. » Après cette première incursion en politique, entre 2004 et 2006, auprès du chef des socialistes grecs alors dans l'opposition, Varoufakis deviendra l'un des plus virulents contempteurs de sa gestion de la crise. C'est Papandréou, devenu Premier ministre, qui, fin 2009, se résigna à appeler l'UE et le FMI au secours de la Grèce plombée par sa dette.

Europe plus solidaire
Yanis Varoufakis fut parmi les premiers à avertir du risque de défaut de son pays, attitude qui lui a valu le surnom de « Dr Doom » athénien (M. Catastrophe). Sa constance à critiquer la stratégie des plans de sauvetage, assortis d'une austérité drastique, lui a valu pire : des menaces qui l'ont poussé à quitter la Grèce en 2012, a-t-il plusieurs fois raconté dans la presse.
Même exilé à l'université du Texas, à Austin, l'économiste reste une figure du débat sur la Grèce, celui que les journalistes consultent quand ils souhaitent un point de vue iconoclaste sur la crise.
« La seule possibilité réaliste qu'ait la Grèce de demeurer dans la zone euro est de remettre en cause les termes de son accord de sauvetage. En réalité, cela pourrait même être la condition préalable à la survie de la zone euro », avançait-il en 2012 dans une tribune parue dans le quotidien Le Monde.
« Des États insolvables sont contraints d'emprunter afin de rembourser une Banque centrale qui elle-même prête à des banques insolvables qui reçoivent des capitaux de la part d'États insolvables et en même temps leur prêtent une partie de l'argent qu'elles ont elles-mêmes emprunté à la Banque centrale ! », analysait-il décrivant « une mécanique devenue folie ».
Dans l'un de ses récents ouvrages, Modeste proposition pour surmonter la crise de l'euro, écrit avec le Britannique Stuart Holland, membre du Parti travailliste, et préfacé dans sa version française par l'ancien Premier ministre socialiste Michel Rocard, il défend l'idée d'un renforcement de la solidarité dans la zone euro, avec une Banque centrale européenne plus active. « Les Européens doivent unifier vite de larges parties de la dette européenne, recapitaliser les banques en difficulté à un niveau européen et lancer un programme d'investissement massif », expliquait-il en 2011 à l'AFP. « Aux États-Unis, lorsqu'une banque, dont le siège est à New York, est en difficulté, ce n'est pas l'État de New York qui procède à la recapitalisation, c'est le gouvernement fédéral », observait-il.
Mais sortir de l'euro serait pire que d'y rester, a-t-il constamment affirmé, car la dépréciation inévitable de la drachme conduirait à un « transfert massif du pouvoir » des plus pauvres, dont les revenus et l'épargne ne vaudront plus rien, vers les plus riches, qui auront mis leurs euros à l'abri.
(Source : AFP)

Carrure de rugbyman, universitaire globe-trotteur, l'économiste Yanis Varoufakis, nouveau ministre grec des Finances attendu à Bruxelles pour négocier la dette, est opposé depuis le début aux plans de sauvetage financiers, mais il est résolument favorable au maintien dans l'euro.Prendre au pied de la lettre l'une des notes de son blog où il se proclame « marxiste occasionnel » ne...

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