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Houellebecq : "La laïcité est morte, la République est morte"

"Qu'est-ce qu'ils peuvent voter, les musulmans de France ? Ils ne peuvent pas voter pour des socialistes qui mettent en place le mariage homosexuel. Ils ne vont quand même pas voter non plus pour des gens de droite qui veulent les virer."

Le corrosif Michel Houellebecq est avec son dernier livre, "Soumission", la star de la semaine et un acteur controversé du débat politique. AFP/MIGUEL MEDINA

Pour lui, c'est sans appel : "Aujourd'hui l'athéisme est mort, la laïcité est morte, la République est morte", affirme Michel Houellebecq dans un entretien à paraître jeudi dans l'Obs au sujet de son nouveau roman "Soumission".

 

Bientôt lu par François Hollande, invité du 20H00 de France 2 mardi, de France Inter le lendemain, au coeur de tous les éditos et critiques : le corrosif Houellebecq est avec son dernier livre la star de la semaine et un acteur controversé du débat politique.

"Il me paraît difficile de nier, aujourd'hui, un puissant retour du religieux", ajoute l'auteur de cette politique-fiction qui voit le chef d'un parti musulman accéder au pouvoir dans la France de 2022, au terme du "second mandat calamiteux de François Hollande".


"Un courant d'idées né avec le protestantisme, qui a connu son apogée au siècle des Lumières, et produit la Révolution, est en train de mourir. Tout cela n'aura été qu'une parenthèse dans l'histoire humaine. "Aujourd'hui l'athéisme est mort, la laïcité est morte, la République est morte", dit Houellebecq.


"Les musulmans sont, sur le plan +sociétal+ comme on dit de nos jours, plus proches de la droite, voire de l'extrême droite. Qui, en même temps, les rejette avec violence", poursuit le romancier. Donc ils sont dans une situation intenable". "Qu'est-ce qu'ils peuvent voter, les musulmans de France ? Ils ne peuvent pas voter pour des socialistes qui mettent en place le mariage homosexuel. Ils ne vont quand même pas voter non plus pour des gens de droite qui veulent les virer. La seule solution serait effectivement la constitution d'un parti musulman", avance l'auteur.


S'inquiète-t-il des retombées de son livre ? "Je capte une situation, c'est tout. Je parviens à capter parce que je n'ai pas d'a priori, je suis neutre (...). Je ne suis pas un intellectuel de centre gauche, quoi. Je n'ai rien d'autre à délivrer qu'une vision du monde. Mais je tiens à la délivrer".
Michel Houellebecq assure faire "davantage confiance à l'intelligence de la masse qu'à celle des élites".
"Ce roman suscitera peut-être des polémiques chez ceux qui gagnent leur vie en polémiquant, mais sera perçu par le public comme un livre d'anticipation, sans rapport réel avec la vie", ajoute-t-il.


Le fait est "que je ne corresponds pas, pour la gauche, à l'ennemi classique. Je n'agresse pas le politiquement correct. Je le traite comme un phénomène étrange, saugrenu, que je vois de très loin".
"Ceci me permet de traiter les choses avec humour tout en les prenant au sérieux. Je pose des questions auxquelles la gauche ne peut pas répondre. La droite non plus, d'ailleurs".

 

Houellebecq se défend de toute provocation ou satire dans ce livre mais reconnaît "utiliser le fait de faire peur" : "On ne sait pas bien de quoi on a peur, si c'est des identitaires ou des musulmans". "Je condense une évolution à mon avis vraisemblable", ajoute l'écrivain.


"Soumission", qui sort mercredi, a été tiré à 150 000 exemplaires. Le 6e roman du prix Goncourt 2010 sort mercredi en France chez Flammarion. Il paraîtra le 15 janvier en Italie, le 16 en Allemagne et devrait être publié dans une quarantaine de pays, précise son éditeur.


Le chef de l'Etat a déclaré lundi sur France Inter qu'il lirait "Soumission", "parce qu'il fait débat". "Mon rôle est de dire: +Ne nous laissons pas emporter par ce climat, dévorer par la peur, l'angoisse+", a ajouté le président, rappelant que "l'idée de la submersion, de la soumission, de l'invasion, c'est une vieille idée".



Mardi, le sulfureux romancier aux allures de Droopy, auteur français vivant le plus connu à l'étranger, sera sur le plateau du 20H00 de France 2, une invitation rare. Modiano avait été reçu sur la chaîne à l'occasion de son prix Nobel et houellebecq pour son Goncourt, en 2010. "Nous le recevons, parce que c'est notre rôle d'en savoir un peu plus" sur ce livre, indique-t-on à France 2. "Il n'y aura pas de mesure de sécurité particulière."
Michel houellebecq sera interviewé en direct par David Pujadas, dont le narrateur de "Soumission" dresse un portrait un peu trop flatteur pour ne pas friser l'ironie. "David Pujadas depuis quelques années était devenu une icône", écrit le romancier. "Il avait surclassé tous ses prédécesseurs par sa fermeté courtoise, son calme, son aptitude surtout à ignorer les insultes, à recentrer les affrontements qui partaient en vrille, à leur redonner l'apparence d'une confrontation digne et démocratique."


Avant d'être la vedette médiatique de la semaine, le dernier Houellebecq a déjà fait couler beaucoup d'encre.
Le romancier, qui avait lancé en 2001 "La religion la plus con, c'est quand même l'islam", a reconnu récemment que "le Coran était mieux" que ce qu'il croyait avant de le lire. Il a aussi porté au pouvoir dans son roman un chef de parti musulman "modéré".


Le fondateur du site d'information musulman Al-Kanz, l'un des plus populaires de France, s'est d'ailleurs dit "amusé" par la vision de l'Islam proposée dans "Soumission". "Je ne suis pas choqué par ce livre", a déclaré Fateh Kimouche dans l'hebdomadaire catholique La Vie.


"Il ne faut pas lire Houellebecq au premier degré", assure l'universitaire Bruno Viard. "C'est un auteur qui s'intéresse à tous les problèmes de ce que l'on peut appeler la post-modernité, dont la montée des extrêmes."
En revanche, le sociologue Eric Fassin estime qu'il y a chez Houellebecq "un double jeu : d'un côté, prétendre rendre compte du monde et de l'autre, refuser de rendre des comptes au monde. +Je le dis, mais c'est de la littérature, donc vous ne pouvez pas m'accuser de le dire+". "Soumission" (traduction de "islam") pourrait être aussi, ajoute le sociologue, "une référence au titre du film de Theo Van Gogh et d'Ayaan Hirsi Ali en 2004, qui est un emblème de l'islamophobie".

 

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Pour lui, c'est sans appel : "Aujourd'hui l'athéisme est mort, la laïcité est morte, la République est morte", affirme Michel Houellebecq dans un entretien à paraître jeudi dans l'Obs au sujet de son nouveau roman "Soumission".
 
Bientôt lu par François Hollande, invité du 20H00 de France 2 mardi, de France Inter le lendemain, au coeur de tous les éditos et critiques : le corrosif...

commentaires (5)

Parole d'un "mort-vivant" !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

08 h 24, le 08 janvier 2015

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Commentaires (5)

  • Parole d'un "mort-vivant" !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    08 h 24, le 08 janvier 2015

  • RÊVEUR RIGOLO... OU UN AUTRE ENSTEIN MAIS DE LA RELATIVITÉ DE LA CROYANCE ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 47, le 07 janvier 2015

  • La laicité avait été imposée en France pour mettre fin aux abus de la majorité catho contre les minorités protestantes et juives . Les juifs ayant eu ce qu'ils voulaient cad un état en Palestine usurpée , se sont pressés de ne surtout pas se l'appliquer ... houellebecq devrait se clouer le bec s'l ne dit pas cette vérité !

    FRIK-A-FRAK

    12 h 52, le 06 janvier 2015

  • La controverse me semble stupide. Il ne s'agit pas d'une thèse de doctorat, mais d'un ROMAN de politique-fiction! La règle du jeu consiste à prendre un phénomène réel et à l;exploiter dans ses conséquences les plus extrêmes. Dieu merci, le pire n'est pas toujours inévitable! Reste que ce livre (d'après ce qui en est dit, car je ne l'ai pas encore lu) peut sans doute être compris comme un salutaire avertissement .

    Yves Prevost

    10 h 32, le 06 janvier 2015

  • La laïcité en France, n'a était que le paravent de la désinfo de la gauche, pour faire la guerre au cathos.... et bizarrement ,très permissive avec les autres religions...Voilà... , il semble maintenant que le boomerang de leurs démagogie leurs saute au visage.....

    M.V.

    10 h 16, le 06 janvier 2015

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