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À La Une - Conflit syrien

Stratégie anti-jihadiste : les positions de Washington et d'Ankara toujours éloignées

Erdogan s'est réjoui de l'état des relations entre les deux pays.

Le vice-président américain Joe Biden et le président turc Recep Tayyip Erdogan. Photo AFP

Le vice-président américain Joe Biden et le président turc Recep Tayyip Erdogan se sont efforcés samedi, sans percée visible, de gommer leurs tensions sur la lutte antijihadiste en Syrie et en Irak, où le groupe Etat islamique (EI) a lancé une nouvelle offensive.

Au terme d'un déjeuner qui a duré près de quatre heures dans un palais de la rive asiatique d'Istanbul, les deux dirigeants se sont contentés chacun d'une déclaration, sans répondre à la moindre question, et qui n'a révélé aucun progrès dans la volonté américaine d'arrimer la Turquie à sa coalition anti-EI.

Premier à prendre la parole, M. Erdogan s'est réjoui de l'état des relations entre les deux pays, qu'il a estimées "plus complètes et plus fortes" qu'auparavant. "Nos relations avec les Etats-Unis se développent sur les mêmes valeurs, des intérêts communs et le respect mutuel en s'adaptant aux nouvelles conditions stratégiques", a-t-il dit, ajoutant que les deux pays avaient renouvelé "leur engagement mutuel à assurer notre défense et à notre sécurité en tant qu'alliés de l'Otan".

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Plus précis, M. Biden a indiqué avoir examiné avec son hôte "toute une série de questions et d'options" pour traiter le dossier syrien, parmi lesquelles "le renforcement de l'opposition syrienne et une transition au régime" de Damas. "Notre partenariat est aussi fort qu'il l'a toujours été, nous avons besoin de la Turquie et je pense que la Turquie est persuadée d'avoir besoin de nous", a-t-il ajouté.

Malgré ces propos apaisés après des semaines de fortes tension, les stratégies des deux pays semblent toujours aussi éloignées. Contrairement aux Etats-Unis, la Turquie refuse de fournir une aide militaire aux forces kurdes qui défendent la ville syrienne de Kobané assiégée par les jihadistes. Sous pression de ses alliés, elle s'est contentée d'autoriser le passage vers Kobané, via son territoire, de 150 combattants peshmergas kurdes venus d'Irak.
Ankara considère insuffisants les raids aériens de la coalition et juge que la menace jihadiste ne sera écartée qu'avec la chute du président Bachar el-Assad, sa bête noire.

Aide aux réfugiés

"En Syrie, vous ne pouvez pas apporter la paix en essayant de détruire une organisation terroriste dans une partie du pays, et en laissant dans l'autre le régime de Damas (...) exterminer une partie de sa population", a souligné M. Davutoglu vendredi.
La Turquie a posé comme condition à son entrée dans la coalition la création d'une zone-tampon et d'une zone d'interdiction aérienne le long de sa frontière avec la Syrie.

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Contrairement aux Turcs, les Américains restent focalisés sur la lutte antijihadiste. "Nous sommes d'accord avec les Turcs, il faudra une transition politique sans Assad au bout du compte", a insisté le responsable américain, "mais pour le moment, notre priorité absolue en Irak et en Syrie reste la défaite de l'EI".

Malgré ces différences, un autre responsable américain s'est félicité samedi des discussions de samedi. "Nous sommes convaincus que nous avons plus de choses en commun que de désaccords", a-t-il souligné.
Seule avancée concrète samedi, les Etats-Unis ont annoncé une aide de 135 millions de dollars supplémentaires pour les réfugiés syriens. La Turquie en accueille 1,7 million.

De leur côté, la Russie et l'Arabie saoudite ont remis le sort du président Assad en tête de leurs préoccupations en se déclarant favorables vendredi à une relance du processus dit de Genève 1 destiné à mettre en place un gouvernement provisoire en Syrie. Cet accord issu d'une conférence dans la ville suisse en 2012 est resté lettre morte mais lui seul permettra de "résoudre la question syrienne", ont jugé leurs ministres des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov et Saud al-Faisal, soulignant leur volonté de "préserver l'unité nationale syrienne, son intégrité territoriale et sa souveraineté".
M. Lavrov a insisté samedi en dénonçant la volonté américaine de renverser "subrepticement, sous couvert d'une opération antiterroriste", le régime de Damas.

Sur le terrain, les jihadistes ont lancé une nouvelle offensive dans l'ouest de l'Irak, dans la province d'Al-Anbar frontalière de la Syrie, avec l'objectif de prendre le contrôle de la totalité de la ville de Ramadi (100 km à l'ouest de Bagdad), l'une des dernières zones urbaines encore partiellement sous le contrôle de l'armée irakienne.
La coalition a mené deux raids près de Ramadi au cours des dernières 72 heures, a annoncé vendredi le commandement américain chargé de la région (Centcom).


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