Le conseil supérieur de l'audiovisuel de Turquie (RTÜK) a à nouveau suscité la polémique en s'indignant d'une scène de baiser dans un feuilleton télévisé, le qualifiant d'érotique et donc "contraire à la décence", a rapporté vendredi la presse turque.
Saisi d'une plainte de téléspectateurs, un conseiller de l'autorité administrative de supervision de l'audiovisuel s'est penché de très près sur un baiser fougueux échangé entre deux personnages de la série "Kara para ask", littéralement "argent sale et amour" en turc, diffusé sur la chaîne de télévision privée ATV.
Dans son rapport, il décrit avec force détails la scène non pas comme un simple bécot mais une "aspiration des lèvres" de nature "érotique" et donc, à son avis, néfaste à la moralité de la jeunesse que son institution est censée protéger.
Le conseiller a préconisé en conséquence que le RTÜK, qui doit prochainement statuer, impose une amende à la chaîne ATV.
Cette recommandation a suscité une avalanche de commentaires navrés sur les réseaux sociaux. "Les gens envoient des sondes sur des astéroïdes (la mission spatiale européenne Rosetta, ndlr), nous en Turquie on débat d'un baiser", s'est apitoyée une internaute identifiée sous le prénom Özge sur Twitter.
Cette controverse est la dernière en date d'une longue série depuis l'arrivée au pouvoir en 2002 de l'actuel gouvernement islamo-conservateur, accusé par ses détracteurs de vouloir islamiser la société turque.
En juillet dernier, le vice-Premier ministre turc, Bulent Arinç aait suscité une polémique en déclarant qu'"une femme doit conserver une droiture morale, elle ne doit pas rire fort en public". "L'homme doit être moral, la femme aussi, elle doit savoir ce qui est décent et ce qui ne l'est pas", avait déclaré cet influent membre du gouvernement islamo-conservateur dont il est aussi le porte-parole.
Sur les réseaux sociaux, Instagram ou Twitter, des femmes turques avaient alors décidé d'opposer au vice-Premier ministre, une série de grands éclats de rire, rassemblés sous le hashtag #kahkaha (rire, en turc) ou encore #direnkahkaha (résistance par le rire).
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LA LIBRE EXPRESSION
18 h 40, le 14 novembre 2014