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Moyen Orient et Monde - Irak

En Irak, la « mafia internationale des antiquités » à pied d'oeuvre

Des combattants du groupe Etat islamique en Irak. Photo d'archives. WELAYAT SALAHUDDIN / AFP

De plus en plus de pièces irakiennes antiques de grande valeur apparaissent sur le marché noir de l'art, où elles sont vendues au bénéfice de l'État islamique qui a trouvé là un moyen de financer ses activités, affirment des diplomates, responsables et experts. Les activistes de l'EI se livraient déjà à un tel commerce après s'être emparés de vastes régions de la Syrie. Mais le phénomène s'est accéléré depuis la prise de Mossoul, ville du nord de l'Irak, et de la province de Ninive, en juin, qui leur a ouvert les portes de près de 2 000 des 12 000 sites archéologiques répertoriés du pays. L'Irak contemporain se confond en grande partie avec la Mésopotamie, berceau de l'une des plus riches civilisations de l'Antiquité, entre les fleuves Tigre et Euphrate.

 

« C'est une mafia internationale des antiquités », explique pour sa part Qais Hussein Rasheed, directeur du musée de Bagdad à la presse. « Ils identifient les objets et disent ce qu'ils peuvent vendre », a-t-il ajouté, soulignant la difficulté d'évaluer certaines pièces vieilles de plus de deux mille ans. « Des tablettes assyriennes ont été volées et retrouvées dans des villes européennes. Certains des objets sont découpés et vendus en pièces », a-t-il ajouté, citant notamment une tablette figurant un taureau ailé. Un autre responsable irakien a parlé de fouilles et invité les pays voisins, comme la Jordanie et la Turquie, à faire plus pour éviter que des pièces ne transitent par leur territoire. « Des objets traversent nos frontières et finissent dans des maisons de vente à l'étranger. Malheureusement, beaucoup des bénéfices récoltés iront au financement du terrorisme », a-t-il expliqué sous le sceau de l'anonymat. Selon un diplomate occidental, il est encore trop tôt pour évaluer la valeur des pièces sorties d'Irak, mais elle sera sans doute immense. « On a vu apparaître des pièces syriennes pour des centaines de millions de dollars après le pillage de leurs sites, donc il n'est pas déraisonnable de s'attendre à la même chose », a-t-il expliqué.


« Le conflit est aussi une guerre contre la culture », a souligné Philippe Lalliot, ambassadeur de France à l'Unesco. « Quand les morts se comptent par dizaines de milliers, faut-il se préoccuper du nettoyage culturel ? Oui, certainement oui, car l'anéantissement du patrimoine qui porte l'identité d'un peuple et l'histoire du pays n'est pas un dommage collatéral ou secondaire dont nous pouvons nous accommoder », a-t-il insisté.

 

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