Les pays occidentaux, qui soutiennent la rébellion en Syrie, commencent à modifier leur position en prenant conscience du danger que représentent les filières jihadistes chez eux, selon le président Bachar el-Assad.
"Les Etats-Unis et l'Occident commencent à envoyer des signaux de changement. Le terrorisme est désormais sur leur sol", a indiqué M. Assad, selon des propos reproduits mercredi par al-Akhbar, quotidien libanais proche du régime syrien et de l'Iran. "Vous avez un Américain qui s'est fait exploser sur le territoire syrien et un Français d'origine maghrébine qui a tué des juifs (...) à Bruxelles", a-t-il indiqué.
(Repère : Syrie : plus de trois ans de conflit)
Il faisait référence à la fusillade le 24 mai du Musée juif de Bruxelles qui a fait quatre morts et pour lequel un Français d'origine algérienne au profil jihadiste passé par la Syrie, a été arrêté. Et fin mai, les États-Unis ont annoncé qu'un Américain avait commis un attentat suicide dans le nord de la Syrie.
A la suite de l'attentat de Bruxelles, les dirigeants du G7 ont annoncé il y a une semaine avoir "décidé d'intensifier" les "efforts pour répondre à la menace que constituent les combattants étrangers qui se rendent en Syrie". Le Premier ministre français, Manuel Valls, avait affirmé début juin, en référence à des Français jihadistes combattant en Syrie, que la France n'a jamais été confrontée "à un tel défi".
Par ailleurs, le président Assad, toujours cité par le journal, a assuré que "des responsables américains actuels et anciens essaient d'entrer en contact avec nous, mais ils n'osent pas en raison des puissants lobbys qui font pression sur eux".
Le conflit en Syrie avait commencé par des manifestations pacifiques réclamant des réformes politiques mais, brutalement réprimées, elles se sont transformées en une insurrection armée qui a dégénéré en conflit sanglant.
Par ailleurs, le vice-ministre des Affaires étrangères Fayçal Moqdad a rejeté sur les pays occidentaux le retard dans l'évacuation des armes chimiques de Syrie. "Les États occidentaux sont responsables de tous les retards dans la fermeture de ce dossier car ils politisent cette affaire", a-t-il dit, cité par l'agence officielle Sana.
Bien qu'il n'ait pas précisé comment les pays occidentaux soutiennent "les groupes armés terroristes" qui selon lui retardent le transfert, il faisait certainement allusion à la présence de rebelles dans le secteur d'où les dernières armes doivent être évacuées.
Quelque 7,2% de l'arsenal d'armes chimiques syriennes est toujours en Syrie, a expliqué il y a une semaine Sigrid Kaag, coordinatrice du désarmement chimique syrien pour l'ONU, qui avait une nouvelle fois appelé mercredi la Syrie à évacuer ses derniers conteneurs d'armes chimiques.
Les produits toxiques sont conditionnés et se trouvent sur un même site mais ne peuvent être évacués pour des raisons de sécurité, arguent les autorités syriennes.
En vertu d'un accord russo-américain, conclu en septembre 2013 et entériné par l'ONU, la Syrie doit avoir détruit tout son arsenal au 30 juin.
Des rebelles demandent de l'aide face aux jihadistes
Sur le terrain, un groupe rebelle syrien soutenu par des pays occidentaux et arabes a réclamé mercredi de l'aide face aux jihadistes dans la région est, frontalière de l'Irak, où ces radicaux ont pris notamment Mossoul, la deuxième ville du pays.
"Le conseil militaire supérieur demande à tous les pays arabes amis et frères, notamment l'Arabie saoudite, la Turquie, le Qatar, les Emirats arabes unis et la Jordanie d'apporter de l'aide aux brigades et bataillons sur le terrain dans la province de Deir Ezzor pour faire face à l'organisation terroriste qu'est l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL, ou Daech)", selon un communiqué de l'Armée syrienne libre (ASL).
L'EIIL, qui a fait son apparition dans le conflit syrien en 2013, aspire à créer un Etat islamique sur un territoire entre la Syrie et l'Irak. Mardi, ce groupe ultra-radical a pris le contrôle de la totalité de la province de Ninive, dont dépend Mossoul, et de secteurs d'autres provinces irakiennes.
En Syrie, il contrôle de larges parties de l'est du pays, notamment dans la province pétrolière de Deir Ezzor où depuis fin avril, des combats sanglants font rage entre ce groupe et les rebelles alliés avec le Front Al-Nosra, la branche officielle d'el-Qaëda en Syrie. Ces combats ont fait plus de 630 morts en 40 jours de combats et déplacé plus de 130.000 civils.
(Lire aussi : Ankara et Téhéran se promettent de coopérer pour mettre un terme aux conflits)
Dans la guerre qui oppose depuis trois ans le régime syrien et les rebelles, l'EIIL a été initialement bien accueilli par les insurgés qui se réjouissaient d'avoir le soutien d'un groupe bien formé et équipé face à la machine de guerre de l'armée de Bachar el-Assad.
Mais les abus qui lui sont attribués, notamment l'enlèvement et l'exécution de civils et de rebelles de mouvements rivaux, ont poussé l'ensemble des coalitions rebelles à retourner leurs armes contre le groupe qui adopte une interprétation extrême de l'islam.
Dans le nord et l'est de la Syrie, plus de 6.000 personnes ont été tuées dans ces affrontements depuis janvier, selon l'OSDH.
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"Les Etats-Unis et l'Occident commencent à envoyer des signaux de changement. Le terrorisme est désormais sur leur sol", a indiqué M. Assad, selon des propos reproduits...
commentaires (3)
S'il le dit !!!! quel prophète !!!! quelle belle photo d'une pays prospère !!!
FAKHOURI
21 h 57, le 11 juin 2014