Avec le tambour d’une lessiveuse, tout est possible.
Formé à l'AUST, à Beyrouth, et à l'Université de Southampton (beaux-arts), chercheur et créateur de jeux « Indie » (indépendants ), artiste visuel et musicien expérimental, également cofondateur du collectif The Freaks, qui regroupe les artistes décalés souhaitant travailler ensemble sur des thématiques culturelles et politiques, Michel Ayoub rassemble autant de projets multiples qu'éclectiques.
« Of Men and Machines » est une approche sociale et culturelle qui aborde, non sans humour et ludisme, la place de la machine dans la société. En extrayant des dispositifs d'électroménagers et en les mettant à nu comme s'il les démystifiait, puis en les recyclant et les structurant à nouveau, l'artiste parvient à faire des portraits d'humains « humanoïdes ». Une étude qui laisse le visiteur perplexe et confus. Si l'homme apparaît comme une mécanique où il suffit d'un boulon ou d'une petite pièce en fer pour la détraquer, la machine à son tour n'est plus si invulnérable que cela. À l'ère où les machines surpassent l'homme et deviennent des intelligences indépendantes se suffisant à elles-mêmes, Michel Ayoub les réduit à leur plus simple expression et rappelle leur genèse. Un tambour de lessiveuse, un fer à repasser décortiqué, un système électrique à l'état pur se marient volontiers avec des touches d'une machine à écrire, le manche d'un moulin, des louches ou d'autres éléments saugrenus.
Rien n'arrête Michel Ayoub. L'artiste s'amuse à composer, décomposer et recomposer. Les sculptures métalliques diffèrent selon les couloirs de la galerie. On peut voir une série d'animaux, comme le chat, la vache, le caméléon ou la mouche, et il s'est même amusé à leur donner des noms ludiques. Dans une autre pièce, les portraits de parents, mais aussi des caractères généraux comme The Protester (Protestataire), The Whore (La prostituée), ou The Teacher (Le professeur) s'affichent. Enfin, dans une pièce centrale trône la Machine dieu autour de laquelle gravitent d'autres représentations divines.
Sculpter le quotidien mécanisé, donner forme, voire expression à l'absurde, tel est son nouveau défi. Un défi relevé. Dans cette mécanique bien huilée et cette ferraille qui se côtoie, une drôle d'impression envahit le visiteur.
Objets inanimés avez-vous donc une âme ?