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Moyen Orient et Monde - Syrie

« Sur 60 000 morts dans les rangs des forces du régime, la moitié est originaire de Tartous »

Au cimetière de Tartous, un carré comprend plus d’une centaine de tombes sur lesquelles sont plantés le drapeau syrien et une photo de la victime. Joseph Eid/AFP

Bien que largement épargnée par les combats, Tartous a payé un lourd tribut à la guerre civile car beaucoup de soldats ou supplétifs de l'armée en sont originaires.


Le mur de la station centrale de bus est ainsi tapissé de photos des victimes, posant la mine grave, en treillis et kalachnikov, avec en arrière-plan des parachutes, Assad père et fils, le drapeau syrien ou même parfois le Christ. De nombreux magasins affichent en devanture des posters grand format de jeunes légendés « Gloire au héros » Untel. « Tartous a été surnommée la capitale des martyrs car c'est la province qui proportionnellement compte le plus haut ratio de victimes dans l'armée et dans la (milice) des Force de défense nationale (FDN) : 4 200, auxquels s'ajoutent 2 000 blessés et 2 000 disparus. Il n'y a pas un quartier, un village qui n'ait son lot de victimes », explique Nizar Moussa, le gouverneur de la province, qui compte 900 000 habitants. Le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, donne des chiffres bien plus impressionnants. « Sur 60 000 morts dans les rangs des forces du régime, la moitié est originaire de Tartous. »

 

(Lire aussi : Les armes se sont tues, mais toujours pas âme qui vive à Maaloula )

 

« Réservoir humain »
Selon le gouverneur Nizar Moussa, chaque jour plus d'une dizaine d'ambulances viennent chercher des dépouilles à l'aéroport de Lattaquié qui dessert l'ouest du pays, tenu par le régime. Pour M. Moussa, ce recrutement local massif s'explique par des raisons économiques et idéologiques. « La région est pauvre. Il n'y a pas assez de terrains agricoles, pas d'usines et peu de secteur tertiaire. Beaucoup se sont donc enrôlés dans l'armée. Mais il ne faut pas oublier que c'est la seule province où l'illettrisme a disparu. Les gens, qui savent lire et écrire, ont compris l'ampleur du complot contre leur pays et veulent l'empêcher », ajoute-t-il.
Pour le chef de l'OSDH, « le littoral et la communauté alaouite sont le réservoir humain du régime. Celui-ci a profité du discours confessionnel de certains groupes islamistes qui disent combattre les noussaïris (terme péjoratif pour désigner les alaouites) pour favoriser l'enrôlement des alaouites ». « Ils combattent jusqu'au bout, persuadés que c'est soit Bachar, soit la fin des alaouites », ajoute-t-il.


Au cimetière de Tartous, un carré comprend plus d'une centaine de tombes sur lesquelles sont plantés le drapeau syrien et une photo de la victime, et, dans un deuxième, figurent de simples numéros pour les victimes non identifiées. Les sépultures sont recouvertes de fleurs.
Un bureau des affaires des martyrs a été créé en 2013 dans chaque gouvernorat pour aider les familles. « Je reçois une centaine de veuves et d'orphelins chaque jour et j'essaie de les aider avec les ressources allouées par l'État », assure Mona Ibrahim, chef du bureau, veuve elle-même d'un général tué en 2011 à Homs.

 

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commentaires (1)

Triste restera cette mort brutale et gratuite au nom de la confession .

Sabbagha Antoine

15 h 45, le 21 mai 2014

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Commentaires (1)

  • Triste restera cette mort brutale et gratuite au nom de la confession .

    Sabbagha Antoine

    15 h 45, le 21 mai 2014

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