Le Front al-Nosra, branche syrienne d'el-Qaëda, a posé des conditions pour l'arrêt des combats contre ses rivaux jihadistes de Daech, ou l'Etat islamique d'Irak et du Levant (EIIL), malgré l'appel du chef d'el-Qaëda Ayman al-Zawahiri.
"Nous annonçons que nous allons suivre Ayman al-Zawahiri, qui a donné l'ordre de cesser toutes les attaques contre l'EIIL, mais nous continuerons à riposter quand ils attaquent les musulmans et tout ce qui est sacré pour eux", indique un communiqué du groupe, distribué dimanche sur internet.
"Aussitôt que l'EIIL annoncera la fin des attaques contre les musulmans, nous arrêterons immédiatement de tirer", ajoute Al-Nosra en précisant qu'il combat l'EIIL seulement dans les régions "où il est la cible d'attaques".
Ce communiqué fait suite a l'appel lancé la semaine dernière par Ayman Zawahiri au chef du Front al-Nosra en Syrie, Abou Mohammed al-Joulani, Zawahiri lui "ordonnant ainsi qu'aux soldats du front (...) de cesser immédiatement de combattre" les autres groupes jihadistes en Syrie.
Il lui demande de "se consacrer au combat contre les ennemis de l'islam, en l'occurrence les baasistes", les partisans du Baas au pouvoir en Syrie, "les chiites et leurs alliés".
(Lire aussi: La communauté internationale n'aide pas assez les réfugiés syriens, déplore l'ONU)
Une guerre fratricide, qui oppose des groupes rebelles rivaux, en particulier Al-Nosra et les jihadistes de l'EIIL, pourtant tous engagés contre le régime en Syrie, a fait des milliers de morts depuis janvier dans le nord du pays échappant à l'autorité de Damas. C'est justement la brutalité de l'EIIL contre les autres brigades islamistes et contre les civils, qui avait conduit aux affrontements avec les jihadistes ultra-radicaux de l'EIIL. Le communiqué ambigu du Front al-Nosra laisse entendre que les combats pourraient continuer.
Un chef rebelle enlevé
Al-Nosra a en outre enlevé un commandant militaire modéré dans la province méridionale de Deraa, a affirmé dimanche une ONG syrienne.
"Le Front al-Nosra a arrêté la nuit dernière le chef du Conseil militaire de Deraa, le capitaine Ahmad Naamé, ainsi que cinq autres commandants de factions rebelles", a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
Les militants ont annoncé sa capture, alors que les forces rebelles progressent dans la région, où le Front al-Nosra a une présence limitée.
Ahmad Naamé était arrivé la semaine dernière à Deraa, venant de Jordanie, pour tenter d'unifier les brigades rebelles qui luttent pour renverser le président Bachar el-Assad, à l'exception des jihadistes d'al-Nosra.
Le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, a indiqué à l'AFP que c'est cette vidéo qui est la cause de son arrestation. Mais certains militants de Deraa accusent Ahmad Naamé de chercher à prendre le pouvoir.
(Lire aussi: Les "Brigades sunnites libres de Baalbeck" déclarent la "guerre ouverte" au Hezbollah)
Il y a deux mois, s'est constituée une coalition de rebelles modérés, regroupant plus de 30.000 combattants de 55 brigades rebelles et baptisée "le Front du Sud", selon Ibrahim al-Jabawi, de l'organisation syrienne des médias.
Selon lui, les groupes affiliés à el-Qaëda, notamment le Front al-Nosra et les jihadistes de l'EIIL, n'avaient pas leur place parmi eux.
Avancée de l'armée à Mleiha
Parallèlement, l'armée syrienne a effectué dimanche une importante percée à Mleiha, une localité stratégique rebelle au sud-est de Damas, a affirmé à l'AFP une source au sein des services de sécurité dans la capitale syrienne.
"Plus de la moitié de la ville est sous le contrôle de l'armée, qui est arrivée jusqu'au siège de la municipalité. Tous les vergers et les routes menant à la localité sont aux mains de l'armée ainsi que le sud, l'ouest et le sud-est", a indiqué ce responsable.
L'OSDH a confirmé cette avance. "Les forces du régime ont atteint le centre de la ville et le Hezbollah (libanais) joue le principal rôle dans la bataille", a déclaré son directeur Rami Abdel Rahmane.
Situé près de la route de l'aéroport international de Damas, Mliha a été bombardée et assiégée depuis des mois. "Sa prise est très importante pour sécuriser Jaramana, une localité à majorité chrétienne et druze contrôlée par le régime", souligne M. Abdel Rahmane.
Il s'agit aussi d'une avancée importante dans l'offensive de l'armée pour reprendre le contrôle de la Ghouta orientale, une région arboricole à l'est de la capitale où les rebelles sont bien implantés.
Le régime et les rebelles sont en outre parvenus à un accord sur le retrait des insurgés assiégés depuis deux ans dans le centre de Homs en ruines, a affirmé dimanche à l'AFP un négociateur rebelle.
"Un accord est intervenu entre les représentants des rebelles et des chefs des services de sécurité, en présence de l'ambassadeur d'Iran, pour le retrait des insurgés de le Veille ville", a affirmé Aboul Hareth joint via internet. "La discussion porte maintenant sur son application", a-t-il précisé.
(Lire aussi : Syrie: les militants assiégés à Homs font une satire de leur sort)
Assad face à deux candidats
Enfin, le président sortant Bachar el-Assad affrontera deux candidats à l'élection présidentielle du 3 juin, qu'il est assuré de remporter, a annoncé dimanche à Damas le porte-parole du tribunal constitutionnel.
"Le Haut tribunal constitutionnel annonce avoir validé les candidatures de Maher al-Hajjar, de Hassan Abdellah al-Nouri et de Bachar Hafez el-Assad, selon l'ordre de la date des dépôts des candidatures", a déclaré Majed al-Khadra. "Les autres candidatures ont été refusées car non conformes aux critères constitutionnels et légaux. Ceux qui ont vu leur demande refusée peuvent introduire un recours devant la cour à partir de lundi et durant 3 jours", a-t-il ajouté.
Pour cette élection, dont le résultat ne fait aucun doute, 24 postulants ont fait acte de candidature. Il s'agit théoriquement de la première élection présidentielle depuis plus d'un demi-siècle. M. Assad et son père Hafez, qui avait dirigé la Syrie d'une main de fer de 1970 à 2000, ont été nommés à l'issue de référendums.
Alors que le pays est ravagé par un conflit sanglant depuis trois ans, le scrutin se déroulera uniquement dans les territoires contrôlés par le régime et il a d'ores et déjà été qualifié de "farce" par l'opposition et des pays occidentaux.
L'ONU avait également vivement critiqué la décision de Damas de tenir ce scrutin. Selon le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric, "une telle élection est incompatible avec l'esprit et la lettre du communiqué de Genève" sur une transition démocratique en Syrie.
Lire aussi
Le Front du Sud redonne espoir à la rébellion syrienne
Ukraine, Syrie, Proche-Orient... Quand Obama défend sa politique étrangère
commentaires (3)
QUI VA MANGER L'AUTRE AVANT D'EN ETRE MANGÉ !
LA LIBRE EXPRESSION
22 h 56, le 05 mai 2014