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Coup de brosse

On ne sait encore rien de précis sur les tenants et aboutissants du raid aérien mené lundi soir contre des cibles du Hezbollah à la frontière libano-syrienne. Israël ne s'est même pas donné la peine de revendiquer formellement cette opération, Benjamin Netanyahu se contentant d'indiquer que cet État faisait tout le nécessaire pour défendre sa propre sécurité.

Ce qui est évident cependant – évident et paradoxal – c'est que ces bombardements, par delà les pertes humaines et destructions de matériel qu'ils ont pu occasionner, surviennent à un moment on ne peut plus opportun pour la milice. Fourvoyée dans le marécage syrien, celle-ci a soudain l'occasion de dépoussiérer quelque peu, en effet, ses anciennes lettres de noblesse, à savoir une vaillante, héroïque, éternelle résistance à l'ennemi sioniste : rappel qui vaut son pesant d'or, à l'heure où l'insistance du Hezbollah à faire reconnaître, noir sur blanc, ce même et prestigieux statut continue de bloquer la rédaction du programme dont doit se doter le nouveau gouvernement.

Un improbable bonheur ne venant jamais seul, c'est manne du ciel elle aussi, pour le parti pro-iranien, que cette féroce campagne terroriste actuellement menée par les islamistes d'al-Nosra contre l'armée régulière libanaise. Ces attentats-suicide font certes de la lutte contre le terrorisme une priorité absolue. C'est bien d'ailleurs ce que réclame – mais non sans arrière-pensées – le 8 Mars, qui, de la sorte, cherche en effet à faire passer au second plan la polémique sur la question.

Est-ce à dire que la cause est entendue ? Bien sûr que non. Car de récupérer miraculeusement son label de résistant n'exonère en rien le Hezbollah de ces deux péchés capitaux. Le premier est son engagement militaire en Syrie qui a attiré comme un aimant, sur lui-même et le Liban tout entier, les représailles des extrémistes sunnites en révolte contre le régime Assad. Le second est son incorrigible propension à user de son arsenal de résistant pour intimider les autres forces politiques du pays et se livrer même parfois à de sanglants coups de force.

Et ce n'est pas tout. La lutte contre le terrorisme est loin de se résumer, en réalité, à un saint et nécessaire haro sur la monstrueuse organisation el-Qaëda et ses divers tentacules. Ce n'est pas seulement dans notre triste présent et notre futur immédiat que nous menace ce vil fléau. C'est souvent avec les mêmes et barbares méthodes – des explosions de voitures piégées, fauchant de nombreux innocents – qu'un long cortège d' hommes de valeur ont été assassinés ces dernières années, le massacre se poursuivant même jusqu'à une date toute récente. Ces crimes ont bien parfois suscité des accusations très précises de la part du Tribunal spécial pour le Liban mais les poursuites sont demeurées vaines, le Hezbollah refusant avec hauteur de livrer les individus recherchés.

Rien, pas même l'idéal de résistance, ne peut justifier l'horreur. Il n'y a pas de bons et de mauvais terrorismes.

Issa GORAIEB

igor@lorient-lejour.com.lb

On ne sait encore rien de précis sur les tenants et aboutissants du raid aérien mené lundi soir contre des cibles du Hezbollah à la frontière libano-syrienne. Israël ne s'est même pas donné la peine de revendiquer formellement cette opération, Benjamin Netanyahu se contentant d'indiquer que cet État faisait tout le nécessaire pour défendre sa propre sécurité.
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