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À La Une - répression

Une journaliste néerlandaise fuit l'Egypte après avoir été inculpée

Rena Netjes faisait partie des 20 journalistes accusés notamment de "diffusion de fausses nouvelles" faisant croire à une "guerre civile" en Egypte.

Une photo circulant sur les réseaux sociaux : un drapeau égyptien comme un bâillon, pour symobliser la répression contre les journalistes en Egypte.

Il s'en est fallu de peu... Rena Netjes, correspondante au Caire du quotidien néerlandais "Het Parool" et de la radio BNR, a réussi à fuir l'Egypte, mardi, grâce à l'entremise de responsables hollandais. Rena Netjes est accusée par les autorités égyptiennes, avec 19 autres journalistes, d'avoir diffusé "de fausses informations" pour la chaîne Al-Jazeera, a-t-on appris auprès d'un des employeurs de la journaliste.

Le parquet égyptien avait annoncé le 29 janvier, que "20 journalistes" d'Al-Jazeera seraient jugés: 16 Egyptiens pour appartenance à une "organisation terroriste" et quatre étrangers -deux Britanniques, un Australien et une Néerlandaise- pour leur avoir fourni "argent, équipements et informations" afin de "diffuser de fausses nouvelles" faisant croire à une "guerre civile" en Egypte.

Le 26 décembre 2013, le gouvernement égyptien a officiellement déclaré "organisation terroriste" les Frères musulmans, les accusant d'avoir perpétré un attentat contre la police ayant fait 15 morts quelques jours plus tôt et interdisant à leurs membres de manifester.

 

Mme Netjes a expliqué avoir été prévenue des accusations à son encontre par l'ambassade des Pays-Bas au Caire. "L'ambassade a trouvé une solution dont je ne souhaite pas parler, ils m'ont trouvé un endroit sûr", a expliqué Mme Netjes dans l'entretien diffusé sur BNR : "j'ai eu le feu vert pour partir hier après-midi".

Qualifiant les accusations à son encontre de "ridicules", Mme Netjes pense avoir été incriminée par les autorités égyptiennes en raison d'un rendez-vous professionnel en décembre avec un journaliste d'Al-Jazeera à l'hôtel Mariott, dans le centre du Caire.

"Le procureur général avait déjà dit il y a quelques jours qu'il était malheureux que je me sois retrouvée sur la liste, qu'il voulait abandonner l'affaire contre moi, mais qu'elle avait déjà été envoyée au juge", a précisé Rena Netjes.

 

Après la destitution du président islamiste Mohamed Morsi le 3 juillet par l'armée, les nouvelles autorités se sont lancées dans une sanglante répression de ses partisans.

 

 

Une vidéo a été diffusée qui montre l'arrestation des journalistes Peter Greste, australien, et Mohamed Adel Fahmy, égypto-canadien. Avant de travailler pour Al-Jazeera, M. Fahmy était employé par CNN et M. Greste par la BBC. 

 

Dès l'annonce du Parquet, Amnesty International a déploré un "revers majeur pour la liberté de la presse" qui "envoie le message effrayant qu'aujourd'hui, une seule version des faits est acceptable en Egypte: celle autorisée par les autorités". Jeudi dernier, Reporters Sans Frontières, dénonçant un "harcèlement à l'encontre d'Al-Jazeera", estimait que "cet acharnement ne faisait que renforcer ce clivage (...) et décrédibiliser davantage encore les autorités égyptiennes auprès de l'opinion publique internationale".

 

Trois journalistes d'Al-Jazeera en anglais, l'Australien Peter Greste, l'Egypto-Canadien Mohamed Adel Fahmy et l'Egyptien Baher Mohamed, sont détenus depuis leur arrestation fin décembre dans un hôtel du Caire où ils avaient installé un bureau improvisé. Dans une lettre écrite depuis sa cellule, M. Greste affirme que "l'Etat ne tolèrera aucune voix dissidente, que ce soient les Frères musulmans ou toute autre critique. Les prisons débordent de tous ceux qui se sont opposés ou ont défié le gouvernement".

Amnesty les a qualifiés de "prisonniers d'opinion" mais les autorités égyptiennes soulignent qu'ils travaillaient sans accréditation.

 

 

 Un tweet largement diffusé, appelant à la libération des journalistes d'Al-Jazeera English.

 

Dès la destitution par les militaires de Mohammed Morsi, les relations entre Le Caire et Doha se sont plus que refroidies. L'Egypte accuse le Qatar de soutenir les Frères musulmans, tandis que le petit émirat gazier reproche au Caire sa violente répression des pro-Morsi qui a fait en sept mois plus d'un millier de morts.

Un haut responsable gouvernemental a accusé Al-Jazeera de suivre "les orientations politiques du Qatar, seul Etat du Golfe à soutenir les Frères musulmans". "Ce ne sont pas des journalistes mais des militants pro-Frères musulmans", a-t-il affirmé à l'AFP, sous le couvert de l'anonymat.

Le ministère des Affaires étrangères égyptien a en outre annoncé mardi avoir convoqué le chargé d'affaires qatari au Caire pour réclamer l'extradition d'islamistes exilés à Doha. Le Caire a signifié au diplomate qatari qu'il était "nécessaire d'extrader les personnes recherchées" par la justice égyptienne, a indiqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Badr Abdellaty. Depuis l'éviction de Morsi par les militaires début juillet, plusieurs leaders islamistes, dont des dirigeants des Frères musulmans, ont fui vers l'émirat gazier. Certains sont recherchés par la justice égyptienne.

 

Au début de l'été, quelques heures à peine après l'arrestation du chef d'Etat, plusieurs chaînes disparaissaient des écrans égyptiens, dont celle des Frères musulmans. Deux mois plus tard, la justice entérinait leur fermeture définitive ainsi que celle de l'antenne égyptienne d'Al-Jazeera: Al-Jazeera Mubasher Misr.

Depuis, plusieurs journalistes d'Al-Jazeera ont été arrêtés -deux d'entre eux sont en prison depuis l'été- et les locaux de la chaîne au Caire ont été perquisitionnés à plusieurs reprises tandis que du matériel était saisi.

 

L'arrestation et les menaces contre les journalistes travaillant au Caire a suscité de remous sur les réseaux sociaux, où sont lancés à des appels à la libération des journalistes arrêtés.

Dans le Daily News Egypt, H. A. Hellyer, un chercheur base au Caire et rattaché à la Brookings Institution, rendait un hommage prononcé aux journalistes travaillant en Egypte.

 

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