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Moyen Orient et Monde - Syrie

Kerry met en garde Damas : « Personne ne sera dupe » à Genève

L'opposition, plus divisée que jamais, débat toujours de l'opportunité de sa participation à la conférence de paix.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s’est entretenu hier à Moscou avec son homologue syrien, Walid Moallem. À cinq jours de Genève II, Téhéran a évoqué hier une « bonne coordination » entre la Syrie, la Russie et l’Iran. Photo Reuters

Le régime de Damas a fait hier des concessions avant la conférence de paix dite de Genève 2, au moment où l'opposition syrienne en exil, très divisée et sous la pression de ses parrains, doit décider d'y participer ou pas. À cinq jours du coup d'envoi du rendez-vous diplomatique imposé par la Russie et les États-Unis, le pouvoir syrien s'est dit prêt à autoriser des convois d'aide, à échanger des prisonniers avec les rebelles et à mettre en œuvre un plan de cessez-le-feu à Alep.


« Nous notons que le gouvernement syrien est prêt, et cela a été confirmé aujourd'hui par le ministre (syrien des Affaires étrangères), à prendre une série de mesures à caractère humanitaire, notamment en réponse à nos appels », a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, à l'issue d'entretiens à Moscou avec son homologue syrien, Walid Moallem. De son côté, M. Moallem a indiqué que le régime de Bachar el-Assad était disposé à procéder à un échange de prisonniers. « J'ai informé le ministre Lavrov que nous étions prêts à échanger des détenus contre des prisonniers capturés par le camp adverse. Par conséquent, nous sommes prêts à échanger des listes et à élaborer un mécanisme pour y parvenir », a-t-il dit. Par ailleurs, Damas a transmis à Moscou un plan pour assurer la sécurité dans la région d'Alep, selon M. Moallem. « J'ai demandé au ministre Lavrov d'établir les contacts nécessaires pour mettre en œuvre ce plan, pour déterminer le moment exact de l'arrêt de toutes les actions militaires dans cette région », a-t-il dit.


Ces mesures répondent à certaines exigences de la Coalition de l'opposition syrienne, dont la réunion, prévue à la mi-journée, ne devait pas commencer avant la soirée en raison de dissensions internes liées aux conditions de la réélection de son bureau au début du mois, a-t-on appris auprès de ses membres. Le débat, déjà mis entre parenthèses il y a dix jours, s'annonce long et difficile, tant les membres de l'opposition modérée sont divisés sur l'opportunité de s'asseoir à la même table que les représentants du régime. En novembre dernier, la Coalition avait posé une série de conditions très strictes à sa participation à la conférence qui doit s'ouvrir mercredi prochain à Montreux (Suisse). Sur le plan politique, elle avait exigé notamment que les discussions se déroulent « sur la base d'un transfert intégral » du pouvoir et que le président Assad « et ceux qui ont du sang sur les mains ne jouent aucun rôle » dans la transition.

 

(Tribune : Pour un cessez-le-feu en Syrie)


« La coalition veut participer à une solution politique au conflit syrien », a rappelé hier un porte-parole de la Coalition, Khaled Saleh, « l'objectif de toute solution politique est la mise en place d'un gouvernement de transition, dont le président Assad ne fera pas partie, doté des pleins pouvoirs et en charge d'organiser des élections transparentes ». Ces exigences ont d'ores et déjà été rejetées par le régime de Damas, qui a répété qu'il n'irait pas à Genève « pour remettre le pouvoir à qui que ce soit ni faire de transactions avec qui que soit », et qu'il revenait à M. Assad de mener la transition.

 

Assurances et pressions
Conscients des réticences de plus en plus fortes qui l'animent, les parrains occidentaux et arabes de l'opposition ont multiplié ces derniers jours les assurances et les pressions pour la convaincre de participer à la conférence, condition sine qua non de sa crédibilité. Hier, le secrétaire d'État américain John Kerry a mis en garde le régime syrien contre toute tentative de « détourner l'objectif » de Genève 2. « Personne ne se fera duper », a assuré M. Kerry, menaçant Damas d'une « réponse beaucoup plus forte » en cas de manœuvre de diversion. En coulisses, les États-Unis et la Grande-Bretagne ont été plus directs, en menaçant directement de couper les vivres à la Coalition en cas de refus, selon des médias britanniques.

Hier aussi, le haut-commissaire aux réfugiés de l'ONU, Antonio Guterres, a exhorté les parties au conflit à trouver rapidement une solution. « Il est absolument indispensable de mettre un terme à ce bain de sang », a-t-il dit. « Je ne me résigne pas à ce que le choix qui pourrait être présenté au monde soit la perpétuation d'un régime dictatorial, celui de Bachar el-Assad, ou l'extrémisme des islamistes », a renchéri le président français François Hollande.

Bonne coordination
En outre, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a fait état d'une « bonne coordination » entre la Syrie et ses principaux alliés russe et iranien au sujet de Genève 2, ont rapporté hier des médias. M. Zarif, qui a rejeté toute « condition » à la présence de l'Iran à Genève 2, a mis en garde contre une propagation du conflit syrien. « L'extrémisme a débordé des frontières syriennes et menace maintenant les pays de la région, tels que le Liban, l'Irak, la Jordanie et l'Arabie saoudite », a-t-il souligné.


Sur le terrain, les jihadistes de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL, ou Daech) se sont retirés hier de la ville de Saraqeb, leur dernier bastion dans la province d'Idleb, chassés par leurs anciens alliés rebelles, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Plus à l'est, dans la région d'Alep, les rebelles ont aussi gagné du terrain sur les jihadistes, sauf à Jaraboulous, une localité à la frontière turque prise par l'EIIL, a précisé l'OSDH. Depuis le 3 janvier, les combats entre les rebelles et les jihadistes ont fait près de 1 100 morts, toujours selon l'OSDH. Sur un autre front, l'armée a bombardé hier la localité de Madira, au nord-est de Damas, tuant 12 personnes, encore selon l'OSDH. Et dans la ville de Deraa, au moins neuf personnes ont été tuées dans un raid aérien visant une zone tenue par la rébellion. D'autre part, la responsable des droits de l'homme de l'ONU, Navi Pillay, a averti que les entraves qu'imposent les forces progouvernementales à l'arrivée de l'aide destinée aux réfugiés palestiniens du camp de Yarmouk pourraient constituer un crime de guerre.

Armes russes
Par ailleurs, la Russie a augmenté, en quantité et en qualité, ses livraisons d'armes à la Syrie ces dernières semaines, renforçant les troupes du président Assad, disent des sources au fait de ces livraisons. Selon ces sources, les forces gouvernementales syriennes ont reçu depuis le mois dernier des véhicules blindés, des missiles guidés par laser et des drones de surveillance, appelés UAV, livrés directement par la Russie ou par l'intermédiaire d'autres pays. Interrogé, Viatcheslav Davidenko, porte-parole de la société publique Rosoboronexport, qui a le monopole des exportations d'armement russe, a dit ne pas être autorisé à s'exprimer sur les livraisons à la Syrie. Les autorités de Damas n'ont pas répondu aux sollicitations. Une source de l'industrie de l'armement connaissant bien le marché proche-oriental a, elle, confirmé l'accélération des livraisons d'armes russes.

 

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commentaires (1)

Lavrov réussit à être plus imposteur que Walid Moaallem ! Par ailleurs, "la Russie vient d'augmenter, en quantité et en qualité, ses livraisons d'armes" au régime nazi, afin qu'il poursuive son génocide contre le peuple syrien. Absolument incroyable ! Tfeh !

Halim Abou Chacra

08 h 54, le 18 janvier 2014

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Commentaires (1)

  • Lavrov réussit à être plus imposteur que Walid Moaallem ! Par ailleurs, "la Russie vient d'augmenter, en quantité et en qualité, ses livraisons d'armes" au régime nazi, afin qu'il poursuive son génocide contre le peuple syrien. Absolument incroyable ! Tfeh !

    Halim Abou Chacra

    08 h 54, le 18 janvier 2014

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