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Économie - Un homme, un métier

Élie, 33 ans, art-thérapeute et danseur : « Le Liban manque de moyens et d’infrastructures »

Élie lors de l’une de ses prestations artistiques en Espagne l’an dernier. Photo Aurelio Monge

La stature athlétique d'Élie, combinée à sa grâce de mouvements, révèle immédiatement son activité de danseur. Effectivement, le jeune homme de 33 ans pratique cette activité depuis longtemps. Mais cette facette n'est que le second pendant de son autre activité professionnelle : art-thérapeute à Paris.
« J'ai commencé par pratiquer la danse au Liban avec le groupe Rimah de Younès Younès puis avec (le chorégraphe) Sami Khoury. J'ai ensuite travaillé avec la troupe Caracalla, et collaboré avec Sami el-Hajj et Georgette Gebara. »


En parallèle, Élie est étudiant au Liban en journalisme et en art audiovisuel ; il s'intéresse aussi de près à la psychologie, qu'il aborde à l'Université libanaise puis dans un établissement privé. Il gagne sa vie en enseignant la danse orientale et moderne, et participe également à plusieurs performances, dont notamment le Boléro de Maurice Béjart, lors de sa tournée au Liban.


Mais le jeune homme est attiré par l'art-thérapie (ou médiation artistique à visée thérapeutique), une discipline visant à utiliser le potentiel d'expression artistique et la créativité d'une personne à des fins psychothérapeutiques ou de développement personnel. Il quitte le Liban et décroche ensuite son master 2 à l'Université catholique de médecine libre de Lille.


Toujours dans le cadre de son diplôme, Élie continue de suivre des formations en danse orientale et obtient une licence en sciences et techniques des activités physiques et sportives à la Sorbonne.
Aujourd'hui diplômé, il est animateur d'ateliers d'art et d'éveil corporel pour enfants dans des écoles parisiennes. En outre, « je suis art-thérapeute pour les personnes souffrant d'autisme, de handicap en précarité, en dépendance (...), en exclusion sociale », précise-t-il. Il aide par exemple des prostitué(e)s à la réinsertion sociale, des délinquants ou encore des seniors souffrant de la vieillesse. Une large palette de personnes fragiles qu'il aide à s'accepter, à se sentir moins seules, à être mieux dans leur peau...
Poursuivre deux carrières à la fois ne représente pas un obstacle pour Élie. Dans le cadre de ses projets artistiques, il collabore avec des cinéastes et des photographes, et son autre métier l'inspire parfois à cet égard. Inversement, « l'art amène au milieu social et thérapeutique une bouffée d'énergie, de folie et de joie, ce qui aide à dépasser ses limites pour se retrouver capable et créatif ».
Et la danse constitue également un appoint financier variable, mais non négligeable ... « Entre 200 euros pour une performance de 10 à 15 minutes et 1 000 euros, comme pour mon dernier spectacle pour Universal Music à l'Olympia de Paris », indique-t-il.


Interrogé sur ses intentions de revenir un jour dans son pays natal, Élie confie que la France représente pour lui « la sécurité et la liberté », même si « le bonheur n'est pas encore là ». Le Liban, selon lui, manque de moyens et d'infrastructures adaptées.
« Au Liban, ce qui manque, c'est d'écouter les enfants, leur potentiel, les laisser faire et choisir, et leur préparer des espaces pour ça, des espaces culturels et artistiques. Il manque un soutien (à l'échelle de l'État, etc.), et également une ouverture d'esprit et une acceptation de soi pour pouvoir accueillir les autres », déplore-t-il. Pour lui, notamment au vu de son activité de danseur oriental, les mentalités ont encore du chemin à faire. Mais son message est clair : il faut se battre !

 

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