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Lifestyle - Portrait

L’amour des mots de Lale Bulak

Son prénom respire le parfum avenant des tulipes... Lale Bulak, qui fut traductrice, interprète et épouse du regretté ambassadeur turc Adnan Bulak, et qui s'occupe, à la Fondation d'éducation de Galatasaray, des relations avec la France, vient d'être décorée chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres pour son rôle de « passeur » entre les langues et les cultures, dans un parcours personnel riche et enrichissant.

Lale Bulak et sa fille Burcu devant une de ses œuvres.

C'est dans la galerie Türker Art, où sa fille Burcu a exposé ses collages sous le titre « Off the Wall » que Lale Bulak, très assortie avec les grands papillons multicolores de cette dernière, se confie en toute discrétion, revenant sur les rencontres et les étapes qui ont parsemé sa vie. « Le mot juste fut toujours le pilier principal dans la maison de mes parents », aime-t-elle à préciser, comme elle le fit avant d'être décorée par l'ambassadeur de France en Turquie en novembre dernier. Née dans une famille polyglotte où le verbe se conjugue avec bonheur en plusieurs langues – son frère est traducteur, de même que sa mère, qui traduisait des pièces de théâtre du français et de l'anglais au turc –, elle se passionne d'abord pour l'art dramatique et entreprend des études au Dallas Theatre Centre. À son retour au pays, en 1964, elle devient ainsi, pour une courte parenthèse, metteur en scène au Théâtre de la municipalité d'Istanbul, ce qu'elle voulait alors.

Très vite, son amour du mot et des langues la rattrape. Elle traduit des œuvres de grands auteurs européens en turc ; elle devient interprète, l'une des premières interprètes simultanées en Turquie, « couvrant » les plus grandes conférences internationales et culturelles de son pays. L'amour tout court la rattrape également, puisqu'elle rencontre l'homme de sa vie, le diplomate Adnan Bulak, lui-même un passionné du mot qui traduira Apollinaire dans sa langue natale. À ses côtés, elle fera un tour du monde diplomatique et jouera le rôle, qui lui va bien, d'ambassadrice. La Tunisie d'abord, de 1970 à 1974, puis Pékin, de 1974 à 1978, qui fut une formidable expérience humaine et culturelle. « Ce n'était, certes, pas une vie facile, il n'y avait alors presque rien, pas un livre, pas un film... Les ambassadeurs qui s'y sont retrouvés ont installé des relations d'amitié, qui devenaient presque familiales. Nous nous sommes adaptés, nous nous sommes même attachés au pays, et nous sommes repartis tristes ! » Quelques années plus tard, changement de langue, pas de problème pour le couple, changement de culture et de mission : À leur grand bonheur, c'est à Paris qu'ils passeront les quatre années qui séparent 1981 de 1985. « Nous avons fait de belles rencontres, dont celle de Raymond Barre et Jacques Chirac, qui sont restés des amis fidèles. » Adnan Bulak décède en 1985, son épouse et leur fille Burcu resteront en France jusqu'en 1991.

Travaillant pour une banque privée, Lale gardera, comme une seconde nature, son rôle d'ambassadrice et ses précieuses relations. « J'ai eu la possibilité de vivre deux existences totalement différentes, à Paris, poursuit-elle. L'essentiel n'avait pas changé. Puis, j'ai décidé de rentrer en Turquie, pour que ma fille grandisse auprès de la famille et au sein de sa patrie. Je pense que c'était une très bonne décision pour nous deux. »

Istanbul et Galatasaray
Galatasaray, le nom est magique pour ceux qui y sont attachés. Il est celui d'un charmant quartier d'Istanbul, mais aussi celui des différents clubs sportifs et surtout celui du lycée, de l'université et de la Fondation éponymes. « Mon époux a grandi dans ce premier et seul lycée francophone créé depuis des centaines d'années. C'était pour moi naturel de perpétrer sa mémoire et sa vision dans ce lieu si important à ses yeux, et qui est symbole de nos deux cultures, française et turque, et de cette liberté de pensée chère à nos cœurs. » La Fondation a suivi en 1981, puis l'université, en 1992, liée par un accord entre la France et la Turquie. « De nombreuses personnalités, qui ont brillé dans le monde, sont sorties de cet établissement public, qui ne s'adressait pas à des familles aisées. » Aujourd'hui, 396 élèves sont recensés dans l'école primaire, 704 au lycée et 3 690 dans l'Université. Très active au sein de la Fondation Galatasaray pour l'éducation, à titre bénévole, en sa qualité de responsable des relations internationales, Lale Bulak concentre son énergie dans la consolidation des rapports franco-turcs et l'épanouissement de la Fondation et du Haut Comité de parrainage.

«Il est de notre devoir d'aider à poursuivre notre combat pour une éducation démocratique et laïque...», conclut-elle avec un élégant sourire d'ambassadrice.

C'est dans la galerie Türker Art, où sa fille Burcu a exposé ses collages sous le titre « Off the Wall » que Lale Bulak, très assortie avec les grands papillons multicolores de cette dernière, se confie en toute discrétion, revenant sur les rencontres et les étapes qui ont parsemé sa vie. « Le mot juste fut toujours le pilier principal dans la maison de mes parents », aime-t-elle...
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